Les riverains de l'ancienne usine Wipelec à Romainville ont appris début 2015 que leurs logements étaient empoisonnés par les substances rejetées par les entreprises qui ont exploité les lieux. Mais depuis, la situation ne s'est guère améliorée...
Les pavillons voisins de l'usine Wipelec qui traitait des métaux et des matières plastiques à Romainville ont appris début 2015 grâce à un rapport de l'ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) que leurs logements avaient été contaminés par la pollution provoquée par cette usine.
Dans le quartier, les nouvelles informations, les prévisions de relogement et les décès des suites de maladies longues qui se sont poursuivis depuis l'an dernier ne rendent pas les habitants particulièrement optimistes.
"L'état des milieux n'est pas compatible avec l'usage de logement"
L'ADEME a analysé l'air, l'eau et le sol des logements avoisinants le site pollué. Le résultat est sans appel : de nombreuses substances dangereuses ont été détectées, comme le trichloroéthylène, le benzène et des hydrocarbures qui sont des cancérigènes probables ou avérés. L'exposition se serait essentiellement faite par la voie des airs, à cause de la "présence de polluants volatiles dans l'air ambiant".Certaines des mesures mettent en évidence notamment dans l'analyse de l'air intérieur des taux de substances qui dépassent les recommendations des Valeurs guides de qualité d'air intérieur (VGAI). Cela concerne par exemple le tétrachloroéthylène. Et malgré des seuils mesurés en dessous des normes dans les environnements étudiés, de nombreuses substances dangereuses ont été détectées dans bon nombre d'entre eux.
Ces dégradations de l'état des sols et de l'air ambiant mis en évidence par les investigations ont amené à la conclusion selon laquelle une partie de ces environnements "n'est pas compatible avec l'usage de logement".
Dépollution en cours ?
Une société suisse du nom de Ginkgo est en charge de la dépollution du site abandonné par Wipelec en 2006. Elle compte rentabiliser l'opération en construisant des logements sur le site une fois qu'il sera traité. Mais depuis que le rapport de l'ADEME a été révélé en janvier 2015, les choses ne semblent pas s'être beaucoup améliorées pour les résidents...L'association Romainville Sud qui suit l'avancement du dossier rapporte sur son site les informations issues d'une réunion d'information tenue par l'entreeprise Ginkgo début février. On y apprend entre autres que 6.000 mètres cube de terre doivent encore être évacués du site, qu'un résident supplémentaire a succombé à une longue maladie ou encore qu'une famille en attente de relogement aurait l'interdiction de recevoir ses petits enfants dans sa maison.
Voir le reportage d'Emmanuelle Hunzinger et Antoine Marguet >>>