Un policier qui avait gravement blessé un lycéen au visage avec un flashball a été condamné jeudi à un an de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis).
Ce fonctionnaire de police est l'un des premiers à être condamné pour ce type de bavure depuis l'introduction il y a plus de 10 ans du flashball. Il avait tiré, hors de toute légitime défense, sur Geoffrey, 16 ans, lors d'une manifestation devant un lycée de Montreuil en 2010. Il avait ensuite rédigé des procès verbaux mensongers pour se couvrir et incriminer sa victime.
Outre la prison avec sursis, il n'aura pas le droit travailler dans la police pendant un an, ni de porter une arme pendant deux ans. Sa victime, Geoffrey, a souffert de fractures multiples au visage, et a dû subir six interventions chirurgicales pour sauver son oeil. Son état de santé n'est toujours pas stabilisé quatre ans après, même si les cicatrices, très impressionnantes après les faits, sont désormais discrètes.
Lors du procès en mars, le procureur avait souligné qu'il n'y avait "pas l'ombre d'une situation de légitime défense dans ce dossier", le policier ayant tiré alors que Geoffrey avait les mains prises, en train de déplacer une poubelle. Des vidéos diffusées par des témoins sur internet en ont attesté.
L'audience avait jeté une lumière peu glorieuse sur l'usage du flashball par la police : les procédures avaient été piétinées, la visée, tout comme la formation des tireurs, n'était qu'approximative, et la conscience du danger d'une arme qui peut tuer, partielle.
Depuis l'introduction de ce type d'armes dans l'arsenal des forces de l'ordre, peu de dossiers de bavures policières au flashball sont arrivées jusqu'aux tribunaux, et cette condamnation est l'une de trois premières recensées. Les deux autres ont été prononcées à Versailles (Yvelines), pour un tir qui avait éborgné un jeune homme aux Mureaux en 2005, et le 20 mars dernier, aux assises à Mayotte, où un gendarme a écopé de deux ans de prison avec sursis pour avoir éborgné un enfant de 9 ans
>> Un reportage de Laurence Barbry avec Yohan Dorion