Pendant cette rencontre, "surtout symbolique" six mois après les tueries, les familles pourront poser des questions et espèrent obtenir des premières réponses.
À partir de mardi et pendant trois jours, le millier de parties civiles sera reçu dans une salle spécialement aménagée de l'École militaire à Paris. Le 24 mai, c'est une journée d'échanges qui est prévue avec les proches des victimes des attaques contre les terrasses parisiennes et du Stade de France. Les 25 et 26 mai, les magistrats recevront ceux de la salle de concert du Bataclan. Les juges, accompagnés de représentants du parquet de Paris, vont exposer les avancées de l'enquête en France et en Belgique, base arrière de la cellule jihadiste, et leurs objectifs. Puis, les parties civiles pourront poser des questions."Interactions entre les cellules, résultats de la coopération internationale, rôle du Français Fabien Clain", qui a enregistré le message de revendication des attentats au nom du groupe Etat islamique, "autant de questions auxquelles les victimes espèrent avoir des réponses", résume Me Samia Maktouf, qui défend dix-huit victimes et proches. Pour l'avocat Gérard Chemla, cette première rencontre est "surtout symbolique" : "Les juges ne sont pas là pour tuer leur enquête et ils ne diront sans doute pas grand-chose qui ne soit déjà sorti dans la presse".
Demander l'accès aux rapports d'autopsie
Les parties civiles s'attendaient à obtenir des informations sur Salah Abdeslam, entendu vendredi pour la première fois sur le fond par un juge français. Mais le seul membre des commandos parisiens encore en vie a fait valoir son droit au silence, refusant de répondre aux questions du magistrat. "On en sait davantage sur son prétendu désir de coopération avec la justice. Les promesses qu'il a faites en ce sens ne nous semblent absolument plus crédibles", déplore Me Olivier Morice, avocat de 35 parties civiles.En attendant, certaines familles ont des demandes immédiates. "Nous allons demander à avoir enfin accès aux rapports d'autopsie pour connaître les circonstances exactes de la mort de nos proches", explique Georges Salines, président de l'association "13 novembre : fraternité et vérité", et dont la fille a été tuée au Bataclan. Sur le reste, "il va falloir faire preuve de patience. Il est sans doute trop tôt pour avoir un calendrier sur la tenue d'un éventuel procès", estime-t-il. "Nous ne souhaitons pas que les magistrats fassent preuve de précipitation : l'enquête doit être la plus complète possible pour remonter la chaîne des responsabilités et mettre le maximum de personnes hors d'état de nuire".
Plusieurs parties civiles ont indiqué à l'AFP qu'elles comptaient interpeller les juges sur la sécurité du Bataclan qui avait déjà fait l'objet de menaces. Une information judiciaire, ouverte en 2010, sur un projet d'attentat visant la salle de spectacles s'était soldée par un non-lieu en 2012, faute de charges suffisantes. D'autres se rendront à la réunion "avant tout par devoir". "J'ai tout perdu, cela ne m'apportera pas grand chose et n'empêchera sans doute pas la commission d'autres attentats", souligne Sophie Dias dont le père a été tué au Stade de France.
Explications en images, par Séverine Larrouy, Nicolas Metauer et Sandra Sonder :
Intervenants : Georges Salines, président association "13 novembre Fraternité et Vérité"; Maître Jean Reinhart, avocat des familles de victimes