La Scientologie installe son siège à Saint-Denis face à des habitants et des élus démunis

La secte américaine se prépare à installer son siège dans un immeuble de plus de 7 000 mètres carrés à la Plaine Saint-Denis, racheté pour 33 millions d’euros. De quoi susciter l’inquiétude du voisinage et de la mairie, légalement démunie face au mouvement.

L’immeuble, un octogone de 7 000 mètres carrés avec une façade en verre, accueillait il y a encore quelques années les locaux de Panasonic, avant son rachat par une entreprise proche de la Scientologie. Situé à proximité du Stade de France et de l'autoroute A1, le bâtiment s’apprête à accueillir le nouveau siège du mouvement sectaire.

Intervenants : Antoine Mokrane, militant socialiste // David Proult, adjoint au maire en charge de l'urbanisme. Un reportage de Mathieu Caillaud et Anaëlle Blanchard.
A priori, rien n’empêche légalement l’organisation américaine de s’installer à Saint-Denis. Et ce, même si l’Eglise, déjà condamnée pour escroquerie et extorsion en France, est considérée comme une secte d’après un rapport de la Commission d'enquête sur les sectes de 1995. Mais le terme n’a pas d’existence juridique.

Distribution de tracts et opérations de communication à Saint-Denis

Pourtant certains voisins et élus comptent bien s’opposer à l’installation du siège, possible vitrine pour l’organisation. Alors qu’un collectif s’est monté contre l’opération, une pétition a été lancée en ligne.

« Il y a des publics fragiles et surtout moins informés, explique Antoine Mokrane, un militant socialiste à l’origine de l’appel. A partir de ce moment-là, c’est plus facile pour eux d’endoctriner. La preuve : sous couvert d’une association, ils n’ont pas hésité à distribuer des tracts et des livrets en masse dans toutes les boîtes aux lettres de la ville. Ils font des opérations de communication sur le parvis de la gare. Personne ne leur dit rien. »

La mairie de Saint-Denis, de son côté, a tenté de stopper le rachat du bâtiment il y a deux ans. Sans succès. Aucune disposition légale n’empêchant à la secte de s’implanter quelque part, le maire communiste, Laurent Russier, semble bien démuni.

« Nous avons examiné tout ce que nous offrait le cadre législatif »

« La réalité, c’est que nous avons peu de moyens pour faire ça, reconnaît David Proult, l’adjoint au maire en charge de l'urbanisme. Nous n’en n’avons même pas du tout. Nous avons examiné tout ce que nous offrait le cadre législatif, en particulier le droit de l’urbanisme, et nous nous sommes rendus compte que nous n’avions pas la possibilité d’interdire l’installation de l’Eglise de Scientologie, parce qu’elle est l’Eglise de Scientologie. Le faire aurait été pénalement condamnable, au regard d’une discrimination. »

Pour la Scientologie, cette opération immobilière viserait aussi à ne pas payer d'impôts aux Etats-Unis. Elle n'a pas souhaité répondre à nos sollicitations.
 
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