René Kersanté a 76 ans et une vie passée dans sa propriété de Saint-Denis à cultiver salades, oignons et radis. Mais aujourd'hui, c'est dédidé, il arrête.
Une bonne humeur contagieuse et des yeux qui pétillent, René Kersanté aime recevoir les journalistes sur ses terres. A 76 ans, ce "jeune retraité" a décidé de céder son exploitation de 3,7 hectares lancée il y a près d'un siècle par sa grand-mère.
Une histoire familiale
En 1920, Marie Pellan arrive de Bretagne et s’installe aux frontières de Saint-Denis, Stains et Pierrefitte. Trente ans plus tard, René naît dans cette maison. À 13 ans, certificat en poche, il quitte l'école et commence à travailler dans les champs avec son père.Le vendredi matin, mon maître d'école me demandait pourquoi je n'avais pas fait mes devoirs. Je lui répondais que je n'avais pas eu le temps parce que j'étais à biner du céléri rave, ça faisait rire toute la classe !
Le dernier maraîcher de Saint-Denis
Dans les années 1960, les maraîchers disparaissent peu à peu, chassés par la construction de logements.En 1950, on comptait une soixantaine de familles de maraîchers.
Aujourd'hui, il est le dernier. Et s'il repousse son départ à la retraite depuis plusieurs années, cette fois, c'est la bonne.
Mais René ne va pas jeter ses outils tout de suite, il a l’intention de s’installer dans le Val-d’Oise et de continuer le travail de la terre chez ses enfants
Une ferme urbaine
Pas question d'être nostalgique. Deux structures vont reprendre ces terres agricoles préemptées par la mairie de Saint-Denis depuis 1980 : la Ferme de Gally et le Parti poétique, un collectif "d’artistes, de penseurs et de faiseurs réunis autour de questions et d’abeilles qu’ils posent dans l’espace public."
Objectif : construire une ferme urbaine qui poursuivra la production de légumes, mais proposera aussi un volet pédagogique, avec notamment des visites pour les enfants. René Kersanté pourrait d'ailleurs être sollicité pour raconter l'histoire du lieu.