Trois mois de prison avec sursis ont été requis jeudi devant le tribunal correctionnel de Bobigny contre le maire UMP du Raincy et ancien ministre Eric Raoult, jugé pour des violences conjugales sur sa femme qu'il conteste catégoriquement.
Le procureur a demandé au tribunal de prononcer cette peine à "valeur d'avertissement" contre l'ex-député, accusé d'avoir giflé, bousculé et insulté son épouse à plusieurs reprises entre décembre 2011 et octobre 2012. Ces réquisitions ont été prises malgré un retrait de plainte de la part de l'épouse de l'ancien ministre, Corinne Raoult, qui a minimisé à l'audience les accusations portées à l'encontre de son mari.
"Je pense que nous avons perdu notre sang-froid (...) On s'est un peu bousculés tous les deux", a expliqué Mme Raoult, cheveux blonds coupés court et veste de cuir noir, à propos de l'une des scènes de violence reprochées à l'élu. "Il ne m'a pas donné de coups avec violence", a-t-elle ajouté, invitée par le tribunal à confirmer les déclarations faites au cours de l'enquête de police, où elle avait fait état de "gifles" et de "menaces". "Les violences conjugales sont un fléau suffisamment graves pour que chaque plainte donne lieu à une enquête sérieuse. C'est ce qui a été fait dans ce dossier", a souligné pour sa part le procureur, Jonathan Roz, liant la "banalisation des faits" par Mme Raoult à un sentiment de "culpabilité". "Les accusations contre M. Raoult sont basées sur des éléments probants", a poursuivi le procureur, rappelant l'existence d'enregistrements de disputes effectués à l'aide d'un téléphone portable par Mme Raoult, où il est fait état de violences physiques.
«Il y a eu des insultes mais je ne l'ai pas frappée»
Invité à s'exprimer à la barre, l'ancien ministre de la Ville (1995-1997) a nié catégoriquement toute violence physique sur son épouse. "Oui, il y a eu des insultes. Mais je ne l'ai pas frappée", a dit d'une voix calme l'élu, évoquant des "disputes" liées notamment à la tenue vestimentaire de sa femme. "Parfois, elle était habillée d'une manière très provocatrice. Quand un jeune d'à côté vient vous dire «putain, elle est bonne, ta femme», ça surprend!", a raconté M. Raoult. "La femme d'un maire n'est pas une personne comme les autres", a-t-il assuré.
Volontiers électron libre et "grande gueule", M. Raoult a défrayé la chronique à plusieurs reprises. Lors des émeutes de 2005, il avait été le premier à imposer un couvre-feu aux mineurs de sa commune, pourtant épargnée par les violences, avant même que le gouvernement ne décrète l'état d'urgence. En juin 2012, il avait proposé la candidature de Nicolas Sarkozy au prix Nobel de la paix afin que soit "reconnue la part essentielle de (son) action internationale durant son quinquennat pour le maintien de la paix dans le monde".