TEMOIGNAGE : Le combat d'un père pour récupérer Mélissa, 8 ans, emmenée par sa mère en Thaïlande

Rabah Bouaiche n’a pas vu sa fille depuis six mois. Depuis que la petite fille a été enlevée par sa mère en Thaïlande. Depuis, l’homme remue ciel et terre pour faire revenir Mélissa, 8 ans, séquestrée chez ses grands-parents.

"Je stresse à l’idée de ne plus jamais revoir mon enfant. Je dors peu, je ne mange plus, j’ai l’impression de vivre un véritable cauchemar." La vie de Rabah Bouaiche, habitant de L’Ile-Saint-Denis, a basculé le 20 juillet lorsqu'il reçoit un coup de téléphone de sa femme partie en vacances dans sa famille en Thaïlande avec leur fille de 8 ans, Mélissa. "Mon épouse m’appelle pour m’annoncer qu’elle a décidé de confier la petite à sa grand-mère et de la scolariser là-bas. Elle me dit que ma fille ne grandira pas en France parce qu’elle aura un avenir meilleur en Thaïlande." Un coup de massue pour ce père de famille qui estime alors vivre une vie harmonieuse et heureuse avec sa femme rencontrée douze ans auparavant en Thaïlande. "Jamais nous n'en n'avions parlé. Ça a été très violent, incompréhensible. Je ne peux pas expliquer cela autrement que par un coup de folie même si en Thaïlande, il est culturel de laisser les enfants aux grands-parents pour aller travailler en ville. C’est toujours moi qui me suis occupé de Mélissa, l’emmenant à l’école, l’accompagnant dans ses devoirs, ses activités. Nous étions extrêmement proches."

Très vite, l'agent commercial se rend au commissariat de Saint-Denis où on lui conseille d’attendre. Puis, faute de nouvelles, il entreprend des démarches diplomatiques avant de porter plainte le 9 août pour soustraction de mineurs et rétention hors de France, un délit puni jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. A la rentrée scolaire, Mélissa n'est toujours pas revenue mais un nouveau coup de téléphone ravive les espoirs de Rabah Bouaiche. Sa femme affirme avoir réfléchi, vouloir rentrer en France avec leur fille qui ne peut pas suivre le programme scolaire, la petite comprenant à peine le Thaïlandais et n'ayant pas appris à l’écrire. Rabah Bouaiche prend alors le premier avion, n'hésite pas à parcourir 9 500 kilomètres. Mais sur place, son épouse se rétracte. "C’est la dernière fois que j’ai pu voir Mélissa, raconte ému l’homme de 49 ans. C’était dur car ma fille ne comprenait pas ce qu’il se passait. Elle disait qu’elle voulait rentrer à la maison, retourner à l’école pour retrouver ses camarades de classe." Menacé par sa belle-famille, Rabah est contraint de repartir dans l'hexagone où il va alors remuer ciel et terre. 

"Je n'ai jamais pu la voir"

L’homme demande le divorce, contacte le ministère des affaires étrangères, se rapproche de l’association SOS enfants disparus, avant de retenter un voyage en Thaïlande. Arrivé à Bangkok en novembre, Rabah Bouaiche prend un avocat. Puis les deux hommes partent dans le nord du pays où est séquestrée Mélissa. En vain. "Là-bas, les policiers n’ont rien pu faire car dans ce pays l'enlèvement parental d'enfants ne constitue pas une infraction pénale." Impossible de rentrer en contact avec sa belle-famille qui refuse de répondre au téléphone. Impossible non plus d'apercevoir sa fille malgré ses démarches auprès de tous les directeurs d'école à qui il montre la photo de Mélissa. "Je n’ai jamais pu la voir."

Pendant ce temps, sa femme, rentrée en France pour le travail, se réinstalle dans l’appartement familial "comme-ci de rien n'était". Faute de pouvoir louer deux appartements, le couple est contraint de cohabiter. "J’ai dû vivre avec mon bourreau, lâche amer Rabah Bouaiche. Aucune discussion n'était possible. J’avais l’impression que cela ne lui faisait aucun effet d’être séparée de notre fille." Malgré une convocation en décembre devant le tribunal des affaires familiales, elle ne se présente pas. Rabah Bouaiche obtient l’autorité parentale exclusive "compte tenu du comportement de la mère", selon la décision du juge que nous avons pu consulter. Le père de famille obtient également la fixation de la résidence de l'enfant à son domicile, l’interdiction de sortie du territoire de Mélissa sans l’autorisation des deux parents. La fillette est inscrite au fichier des personnes recherchées (FPR).

Une première victoire pour Rabah Bouaiche qui espère à présent que les autorités thaïlandaises respecteront les accords bilatéraux qui existent entre les deux pays.

L’année scolaire est fichue pour Mélissa mais j’espère qu’elle sera bientôt de retour pour reprendre une scolarité normale en septembre.

Rabah Bouaiche, le père de Mélissa

 Un vœu partagé par l'une des anciennes enseignantes de Mélissa. "La laisser seule dans un pays dont elle ne connaît plus rien peut être un traumatisme pour elle, qui l’empêchera de s’épanouir. La stabilité que son père lui apporte lui est indispensable."

Pour faire face aux nombreuses dépenses de justice, 15 000 euros pour le moment, Rabah a lancé une cagnotte en ligne. 

En 2022, l’association SOS enfants disparus a dénombré 544 signalements d'enlèvements parentaux (1.2% du total des disparitions d’enfants). Un chiffre certainement minimisé selon l’organisme car de nombreux parents touchés par l’enlèvement parental ne parviennent pas à déposer plainte et donc à faire inscrire leurs enfants au fichier des personnes recherchées (FPR).

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