Un père jugé pour l'enlèvement violent de ses enfants à Drancy en 2020 : la défense plaide un syndrome de l'abandon

Les avocats de Fouad S., jugé à Bobigny pour l'enlèvement de ses enfants chez leur grand-mère à Drancy, ont plaidé qu'il avait agi ainsi car les petits lui semblaient "abandonnés par leur mère", lui-même ayant été abandonné à la naissance en Algérie.

"J'ai pété un plomb, les enfants sont à l'abandon, abandonnés par leur mère, je suis allé récupérer mes enfants", a expliqué Fouad S. devant la cour d'assises de Seine-Saint-Denis.

Mercredi, l'avocate générale avait requis contre lui 18 ans de réclusion criminelle assortis d'une période de sûreté des deux tiers, une interdiction définitive du territoire français et le retrait total de l'autorité parentale. Des réquisitions démesurées pour la défense qui estime que si la culpabilité est requise, alors la peine requise "n'est pas adaptée aux faits et à la réalité de ce dossier", a plaidé Me Yakouti. 

Un enlèvement au mode opératoire violent 

Le 7 juillet 2020 à l'aube, avec un complice, le père de 35 ans s'était brutalement emparé de sa fille de sept ans et de l'un de ses fils de cinq ans, alors endormis chez leur grand-mère maternelle. Comme dans une opération commando, la porte de l'appartement avait été défoncée à coups de disqueuse et de bélier et un fumigène lancé. 

"Si on ne comprend pas le trouble abandonnique le concernant, on rate le dossier", a assuré l'avocat. Fouad S. avait été abandonné à la naissance dans une pouponnière de Béjaïa, en Kabylie (Algérie), puis adopté à un mois et amené en France. 

Au début de la vingtaine, il se marie religieusement avec sa jeune voisine à Drancy. Ils ont rapidement quatre enfants. Leur relation se détériore, avant une séparation définitive en 2018. 

Le verdict attendu ce vendredi 

L'accusé a été décrit par son ex-compagne comme un homme violent, ayant par ailleurs une pratique rigoriste de l'islam. En détention, "il n'est signalé pour aucune radicalisation" cependant, a relevé Me Yakouti, assurant que "depuis trois ans, il est en train d'évoluer et de faire un travail sur lui".

Après la soustraction de son aîné qui vit depuis 2017 en Algérie - et pour laquelle Fouad S. a été condamné en France - et une autre tentative d'enlèvement, la mère angoissée avait quitté le domicile définitivement. Depuis cinq ans, la grand-mère maternelle a une délégation d'autorité parentale.

Après quatre journées d'enquête, la police avait interpellé le père dans un hôtel à Villepinte et trouvé les enfants sains et saufs. "Si c'était quelqu'un d'aguerri au banditisme, il aurait réussi son coup", a défendu son autre avocat, Me Jennifer Cambla. De deux ans avec sursis à 10 ans d'emprisonnement ont été requis à l'encontre de six autres accusés, la plupart pour enlèvement ou complicité. Le verdict est attendu vendredi. 

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