Visite d'E. Macron : "On manque de masques mais il faut aussi préserver la continuité des soins" explique un médecin

En visite Seine-Saint-Denis ce mardi, Emmanuel Macron a été interpellé sur le manque d'équipements pour les soignants, mais aussi sur la nécessité de préserver la continuité des soins. Entretien avec les soignants qui ont rencontré le chef de l'Etat.

Emmanuel Macron était en déplacement ce mardi en Seine-Saint-Denis, l'un des départements les plus touchés par l'épidémie de coronavirus. C'est la deuxième fois depuis le début de la crise que le président se déplace dans ce département. Le 18 mars, il avait rendu visite aux équipes de réanimation de l'hôpital Avicenne, à Bobigny.

Mardi après-midi, il était à la maison de santé pluridisciplinaire de Pantin où il a discuté longuement avec les soignants de leurs conditions de travail ainsi que de l'accueil des patients. "Le président est resté 1h45, il a discuté avec tout le monde", témoigne un médecin.

Le docteur Yohan Saynac, joint par téléphone, était présent lors de la visite du président. Il explique qu’effectivement, lui et ses collègues ont abordé le manque d'équipements. "C'est un point bloquant pour notre travail. Ça ne crée pas un sentiment de sécurité pour les équipes", dit-il avant de poursuivre "on manque de matériel surtout de sur-blouses". "Les pharmacies et la mairie de Pantin nous ont fourni des masques, mais malheureusement en nombre insuffisant." "Les habitants se sont aussi mobilisés, certains ont cousu des charlottes, des blouses, des masques en tissu...", raconte le médecin.

Même si il admet que "c'est scandaleux et incroyable que la sixième puissance du monde, se retrouve ainsi dépourvue d'équipements de base", il explique que le propos de cette rencontre "n'était pas d'aborder cette polémique, que pour lui, ce n'était pas le moment".

Préserver la continuité des soins

Au-delà des problèmes d'équipement, le docteur Saynac souhaite rappeler qu'il ne faut pas perdre de vue une chose essentielle, "il faut préserver la continuité des soins". La téléconsultation est une solution mais elle exclue une large population de Seine-Saint-Denis : les personnes âgées et les précaires sociaux, explique-t-il. Autre point dans cette période de confinement "Il ne faut pas reporter les soins". "Hier, une patiente atteinte d'un cancer du sein, m'a appelé, je suis content de l'avoir eu maintenant plutôt que dans deux mois". Pour faire passer ce message, essentiel à ses yeux, il demande à l’État qu'une communication claire soit donnée dans ce sens.

Une sage-femme évoque un échange qu'elle a pu avoir avec le chef de l'Etat à propos de son métier. Les sages-femmes sont les personnels les moins dotés en masques, explique-t-elle. "Nous avons droit à seulement six masques par semaine, c'est trop peu, sachant que nous sommes quotidiennement au contact de femmes enceintes et de nourrissons". La réponse que lui a apporté le chef de l'Etat, l'a satisfaite. Emmanuel Macron lui a dit qu'il en prenait bonne note et que cela devrait changer rapidement.

Deuxième étape de son déplacement de cette journée spéciale en Seine-Saint-Denis. Le président s'est rendu au centre communal d'action social (CCAS) de La Courneuve pour échanger avec les travailleurs sociaux et des élus sur le soutien apporté aux personnes âgées et vulnérables.

"La fréquentation du centre est en chute libre" lui explique un travailleur social, "les bénéficiaires de l'aide sociale pensaient qu'avec le confinement, le centre était fermé." "Nous avons donc pris contact par téléphone avec ces personnes pour leur dire qu'ils pouvaient venir nous voir. Même si nos effectifs sont en baisse, poursuit-il, une douzaine de personnes au lieu de quarante travaillent dans ce centre, nous sommes mobilisés pour leur venir en aide". Le président acquiesse "Il faut bien sûr, garder le lien social, c'est essentiel".

Le manque de masques est là aussi evoqué. Présent au Centre communal d'action social Gilles Poux (PCF),  le maire de La Courneuve, confirme "C'est la débrouille pour se procurer des masques", il explique devoir s'appuyer sur "les dotations d'entreprises privées". Le maire en a profité aussi pour demander au gouvernement de prendre des mesures d'aide aux défavorisés car sa ville, où 43% de la population vit sous le seuil de pauvreté, "paie un prix fort" lors de cette crise. 

D'après le  chiffre de l'INSEE pour la Seine-Saint-Denis, on observe  +63% de décès entre l’avant-dernière et la dernière semaine de mars, devant la Haute-Marne (+54%) et le Val-d’Oise (47%). En tout, 208 personnes sont mortes du coronavirus Covid-19 en mars.
 
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