Découvrir l’histoire à travers une pièce de théâtre. Dans le Val d’Oise, une vingtaine d’élèves de 4ème d'un collège de Parmain se sont plongés dans les années sombres de la dictature militaire argentine. Une initiative de l’académie de Versailles pour apprendre autrement.
Aller en cours réserve parfois de bonnes surprises. Le vendredi 11 janvier, les élèves de quatrième de Parmain dans le Val d’Oise ont pris la direction de l’Argentine et de l’histoire de la dictature militaire. Une pièce de théâtre, " Lettres à une disparue " de Véronique Massenot, leur sert de support pédagogique. Une iniatitive pluridisciplinaire menée par les professeurs de français, d'espagnol et arts plastiques.
La pièce, ils l’ont étudiée en cours de français.
Une lettre comme support pédagogique
Pour commencer l’immersion dans les heures sombres de ce pays d’Amérique latine, un casque sonore leur ait proposé par les intervenants.
Des témoignages, une lettre à une disparue… Le tout sous forme de pièce de théâtre avec une jeune actrice de leur âge.
"Plus qu’une sensibilisation au spectacle qui traite du douloureux sujet des enfants de disparus en Argentine durant la dictature, il s’agit de s’immiscer dans leur quotidien pour qu’ils expérimentent une toute nouvelle écoute", explique Barbara Moreillon, metteur en scène et conseillère technique de l’éducation nationale dans le Val d’Oise. Elle est également directrice de la compagnie cergyssoise " Compagnie l'Arbre Océan ".
C’est elle qui a adapté en pièce de théâtre le livre "Lettres à une disparue" de Véronique Massenot. Cette dernière intervient aussi dans d'autres établissements, comme par exemple à Eragny, dans le Val d'Oise.
Une expérience auditive
Les élèves sont guidés le long de leur cheminement pédagogique par la voix de l’auteur de ce roman épistolaire. Ils sont immergés dans ce projet sensoriel pendant une cinquantaine de minutes.
Et la metteur en scène de préciser : "Notre but est de les plonger au cœur de la création artistique et d’explorer, d’exacerber ce sens de l’ouïe dans cette société de l’image à outrance".
Progressivement, les collégiens se prennent au jeu. Et le résultat voulu semble atteint. "Ça m’a beaucoup touché, j’ai trouvé ça génial", rapporte un jeune. Un autre : "ça marque vraiment, on n’a pas l’habitude de vivre ça ! "
Quand le théâtre rencontre l’histoire
Dans cette démarche pluridisciplinaire, le théâtre rencontre l’histoire. Ici, celle de l’Argentine avec sa dictature militaire et toutes les atrocités qui en ont découlé. 30 000 disparus entre 1976 et 1983. Depuis ces heures sombres, tous les jeudis, les mères de la place de Mai manifestent à Buenos Aires, en Argentine, pour retrouver leurs proches. "Comme ça, je sais ce qui se passe dans les autres pays", note un élève très touché par la démarche culturelle.
Cette histoire tragique, Véronique Massenot l’a romancée dans son livre " Lettres à une disparue ", paru en 1998.
J’ai envie de transmettre l’idée que la dictature, ce n’est pas juste des chapitres d’histoire. Il y a des gens qui la vivent de l’intérieur.
Après cette traversée pédagogique, les élèves de 4 collèges et lycées du Val d’Oise sont invités à voir le spectacle " Lettres à une disparue " sur scène. Ce sera en avril prochain au théâtre de l’Usine, à Eragny dans le Val d’Oise.
Une initiative de l’académie de Versailles. Plus de 300 établissements scolaires proposent ainsi aux élèves des projets culturels et artistiques toute l’année.
"Lettres à une disparue", de Véronique Massenot
Pendant la dictature, en Amérique du Sud, un couple d’opposants Juan et Paloma et leur petite fille Nina sont enlevés par la milice aux ordres du pouvoir. Dévastée, la mère de Paloma, Melina, se met à lui écrire des lettres. C’est le seul moyen qu’elle trouve pour ne pas sombrer dans la folie.
Même si elle ne peut pas réellement lui envoyer ses lettres puisque personne ne sait où est Paloma, ni même si elle est encore vivante.
Après la chute du régime et la fin de la dictature, Melina entame ses recherches. Une succession de rencontres lui permettra de localiser sa petite fille. Mais lorsque Melina essaye de lui parler, la petite fille s’enfuit. Elle va se battre, y compris judiciairement pour regagner l’amour de Nina.
La dernière lettre du livre est une "surprise" qui remet le roman en perspective.