A Belloy-en-France, dans le Val-D’oise, les habitants et les élus font bloc pour s’opposer au projet de construction d’une maison d’arrêt dans le village.
Dans ce village de 2200 habitants, une pétition a été lancée contre le projet de construction d’une seconde maison d’arrêt dans le Val-d’Oise. Les Bellosiens organisent la résistance par l’intermédiaire du collectif "Belloy sans Prison". Ce projet de maison d’arrêt fait partie du "programme 15 000" lancé par l’ancienne garde des sceaux Nicole Belloubet en 2018 visant à trouver des alternatives à la détention pour les peines courtes. Le terrain alloué pour la construction s’étend sur 18 hectares et pourrait accueillir près de 700 détenus. Depuis l’annonce du projet le 10 mars dernier, les habitants du village manifestent leur mécontentement face au projet en brandissant des messages tels que "la prison, c’est non" ou encore "préservons notre ruralité".
Les riverains et les élus demandent l’abandon pur et simple du chantier qui doit être terminé d’ici 2027 selon nos informations. Une rencontre a eu lieu le 19 mars dernier entre l’actuel garde des sceaux Eric Dupont-Morreti et plusieurs représentants du village et de l’intercommunalité. Les habitants critiquent notamment la dégradation de l’aspect rural de Belloy et craignent les nuisances liées au bruit que pourrait engendrer l’installation de la maison d’arrêt.
"Notre mécontentement est basé sur des faits concrets"
Patrice Robin, président de la communauté de communes Carnelle Pays-De-France, dont fait partie Belloy, maintient que la colère des habitants et des élus est basée sur des critères objectifs. Parmi ces aspects, l’élu insiste sur le fait que Belloy fasse partie d’un parc naturel régional depuis le 18 janvier dernier. De plus, Patrice Robin note que "Belloy fait également du site de la Plaine De France qui est un site protégé" . Une habitante et membre du collectif Belloy Sans Prison déplore l'utilisation de 18 hectares pour l'installation d'une prison et affirme que cela revient "à maltraiter la faune et la flore du village et nuit à son caractère rural"
Les élus pointent également du doigt le fait que le territoire choisi ne soit pas le mieux desservi en termes de transports. "Or une maison d’arrêt demande beaucoup d’aller-retour journaliers du fait du flux de détenus", note le président de la communauté de communes. Thibault Sainte Beuve, maire-adjoint de Belloy en charge des affaires scolaires demande à ce que "les sites qui sont retenus pour construire des prisons soient cohérents par rapport aux territoires dans lesquels ils arrivent, nous sommes ici dans un corridor écologique donc cela ne parait pas très judicieux de mettre une grosse maison d'arrêt"
Enfin, Patrice Robin rappelle que le territoire de Belloy met déjà en place de nombreuses initiatives aidant à la contribution sociale du village. Le village est aussi placé dans le Plan d’Exposition au Bruit de par sa proximité avec l’aéroport de Roissy. Ainsi, l’installation de la maison d’arrêt "finirait d’achever le territoire", selon lui.