Avec les fortes chaleurs, les bases de loisirs vont être prises d'assaut. Pour éviter les noyades, de nouveaux aménagements sont mis en place notamment sur l’Île de loisirs de Cergy, dans le Val-d’Oise. Des dispositifs de sécurité qui pourraient être généralisés par la Région Île-de-France.
On les aperçoit de loin. D’immenses barrières faites de grillage. Elles s’étendent sur près de 300 mètres de long et bordent l’eau de l’étang de Cergy. On peut les découvrir depuis ce week-end sur cette île de loisirs, dont la zone de baignade autorisée vient tout juste de réouvrir.
Il s'agit de palissades blanches d’1 mètre 10 de hauteur, qui encerclent la zone de baignade. « Dans le centre balnéaire, autour du grand bassin qui fait 13 000 mètres carrés de surface, avec une profondeur qui va jusqu’à 1 mètre 80, nous avons mis en place tout autour une clôture, qui ressemble à un garde-corps de stade de foot. Et ce dispositif va permettre de contrôler les accès au grand bassin », explique Fabien Franck, directeur de l’Île de loisirs de Cergy.
Des barrières pour sécuriser la zone de baignade
« Cette clôture c’est comme pour une piscine privée. Son objectif est de protéger les enfants en bas âge qui ne seraient pas sous la surveillance de leurs parents. » Une manière de lutter contre les noyades. « Des débuts de noyade, on en a eu plus d’une dizaine lors de la dernière saison estivale, dans l’espace de la baignade », rappelle le directeur.
Désormais avec ces nouvelles installations, enfants et adultes ne peuvent accéder à l’eau, qu’en empruntant l’une des 6 ouvertures. Il s’agit de petites portes mises en place dans le grillage. Elles sont surveillées par des agents de prévention. « Il faut faire de la pédagogie avec les parents. Souvent on retrouve des enfants qui errent. On ne sait pas où sont les parents », note Patrick Karam, vice-président (Libres !) chargé des sports et des loisirs à la région Île-de-France.
Une initiative pilotée par conseil régional qui a en charge plus d’une dizaine d’Îles de loisirs sur le territoire francilien. C’est elle qui a financé ce projet de barrière pour un budget de 70 000 euros. « Nous voulons mettre toutes les précautions de notre côté. Il y a un moment donné où il faut tout faire pour empêcher ces noyades et cela passe par cette barrière. Alors malheureusement, il y a peut-être un côté moins esthétique, mais la sécurité est à ce prix. J’ai choisi la sécurité », souligne Patrick Karam.
Des enfants obligatoirement accompagnés d’un adulte
En plus de ces aménagements logistiques, d’autres mesures sont aussi imposées cette année aux visiteurs. Ainsi, les enfants ne sachant pas nager doivent obligatoirement être accompagnés d’un adulte. Le prix de la tranquillité, mais aussi de la sécurité. D’autre part, les enfants dont la taille est inférieure à 1 mètre 40 ont l’obligation de porter des brassards. « S’il n’y a pas de brassards, s’il n’y a pas un adulte qui accompagne l’enfant, il ne rentre pas », martèle l'élu.
Si des parents ont oublié les fameux brassards, ils pourront en acheter sur place pour 3 euros.
De nouveaux panneaux signalétiques
Toutes ces nouvelles règles sont placardées sur 9 panneaux disposés au sein de la base de loisir. L’objectif était de les rendre le plus visible possible pour les usagers, afin que ces nouvelles mesures soient intégrées par le plus grand nombre de personnes. « Avant la baignade, 3 grands panneaux ont été installés, et dans l’enceinte du centre balnéaire, il y a aussi un grand panneau qui rappelle toutes les règles », précise Patrick Karam. Le tout est complété par des annonces sonores à destination des visiteurs.
Usage de drones
Des mesures ont été déjà prises ces dernières années pour limiter les risques de noyade. « Tous les ans, on essaye d’innover », précise Patrick Karam, le vice-président (Libres !) chargé des sports et des loisirs à la région.
Ainsi en 2018, l’achat de drone haut-parleur pour surveiller la zone de baignade a été une vraie révolution technologique. « Des agents de l’Île-de-loisirs de Cergy ont été formés pour les utiliser. Cela permet de se projeter et de visualiser une zone définie. Vous avez tout de suite une vue globale de l’île. Vous voyez où les gens peuvent se baigner et puis le haut-parleur est un outil très intéressant. Quand les gens se baignent dans des zones non autorisées, le drone arrive dessus en disant : « vous êtes dans une zone de baignade non-autorisée, sortez tout de suite, vous allez être verbalisés ! ». L’Île de loisirs en possède pour l’instant deux.
À cela s’ajoutent d’autres équipements comme la mise en place de bouées de repos dans les parties de l’étang non surveillées et le déploiement de patrouilles d’agents en bateau pour couvrir les zones de baignades non surveillées. 97 caméras de vidéo-surveillance ont été installées pour compléter ce dispositif de sécurisation de ce centre balnéaire, dont 23 au niveau de la zone de baignade.
Recrutement d’agents de prévention
Ici, au plus fort de l’été, la base de loisirs de Cergy peut accueillir près de 8 500 personnes. Et malgré la vigilance des maîtres-nageurs, pas facile de surveiller tout le monde, dont les enfants qui se précipitent dans l’eau. L’année dernière, des maraudeurs ont été missionnés pour circuler dans l’eau et distinguer les enfants sans surveillance. « On a ramassé des enfants de moins de deux ans, des enfants en couche qui étaient sans surveillance », souligne Fabien Franck, directeur de l’Île de loisirs.
Des agents de prévention veillent également sur ces flux et limite l’accès à l’eau de l’étang. 6 agents ont été recrutés cette année pour contrôler les portes. Ils peuvent être secondés par des agents de sécurité. « Les agents sont aussi là pour rappeler la réglementation, comment fonctionne le centre balnéaire, quels sont les risques encourus par les enfants qui ne savent pas nager ou qui ne sont pas accompagné d’un adulte », précise le directeur.
Miser sur l’apprentissage pour prévenir les risques de noyade
« L’an dernier, on a mis en place un bassin d’apprentissage de la natation. Cela permettait de donner des cours aux enfants », explique Patrick Karam, vice-président (Libres !) chargé des Sports et des loisirs à la région Île-de-France.
Cette année, cette opération est renouvelée et le bassin à nouveau déployé tout l’été, en juillet et en août. « Il y a un déficit de l’apprentissage de la natation chez les enfants », souligne Fabien Franck.
Selon les statistiques, en Île-de-France, plus d’un enfant sur deux rentre au collège sans savoir nager. « Il y a un rattrapage important à faire. D’où nos actions de prévention ». Lors de la dernière saison estivale, près de 1 200 enfants ont été accueillis. « En 5 séances, on leur a appris un certain nombre de choses. On est plus sur de l’aisance aquatique que sur du savoir nager. Ça permet de sensibiliser les enfants aux dangers de la profondeur et de leur apprendre à se débrouiller en cas de difficulté ». Pour donner des cours à tous ces enfants, le recrutement de maîtres-nageurs est indispensable. Mais pas toujours facile d’en trouver. Ce n’est pas le cas au niveau de l’Île de loisirs de Cergy, mais les recrutements sont parfois difficiles. « Il y a assez de maîtres-nageurs sur l’île. Mais on s’aperçoit qu’il en manque 400 en Île-de-France », alerte Patrick Karam.
Un plan natation a été lancé par la Région en partenariat avec la Fédération française de natation et la ligue de natation, et une convention a été signée.
Chaque année, de nombreux jeunes frôlent la mort lors de noyades, que ce soit dans des zones autorisées ou lors de baignades dites « sauvages ». Le dernier décès sur l’Île de loisirs de Cergy remonte à 2021. Une petite fille de 8 ans s’y était alors noyée. L’année dernière un garçon de 4 ans a été retrouvé inanimé, au fond de l’eau. Il serait toujours en centre de rééducation avec de graves séquelles.
Pour prévenir ces risques, à côté des installations de sécurisation et de prévention mis en place à Cergy, de nombreuses bases de loisirs franciliennes s’équipent ou envisagent de déployer dans l’avenir ces dispositifs pour éviter le traumatisme d’une noyade.