Les avocats généraux estiment qu'il n'y a pas de preuves quant à l'implication du frère d'Adama Traoré dans ces violences urbaines. Douze ans de réclusion ont été requis pour trois autres accusés soupçonnés d'avoir tirés sur des policiers.
Cinq personnes comparaissent depuis deux semaines devant la cour d'assises du Val d'Oise pour des tirs d'armes à feu lors des violences urbaines, à Persan et Beaumont-sur-Oise, au cours des nuits qui ont suivi la mort d'Adama Traoré, âgé de 24 ans, le 19 juillet 2016, peu après son interpellation par les gendarmes.
Dans un réquisitoire de quatre heures à deux voix, l'avocate générale Ingrid Gorgen a estimé que les éléments matériels faisaient défaut pour démontrer que le "jumeau" de cœur d'Adama Traoré avait fait partie des tireurs ou leur avait donné des ordres.
Ils ont ainsi requis mardi l'acquittement de son frère Bagui et jusqu'à douze ans de réclusion pour trois auteurs présumés de tirs sur les forces de l'ordre. "Je ne suis pas là pour faire des hypothèses, je n'ai pas de preuves. Et quand on n'a pas de preuves, on en tire les conséquences", a reconnu la représentante de l'accusation, estimant que l'audience avait donné une "lecture différente" des éléments issus de l'instruction.
Trois semaines d'audiences
Dans ce dossier "hors-normes" aux 13 123 pièces cotées, trois semaines d'audience et plus de 70 membres des forces de l'ordre parties civiles, les deux avocats généraux ont par ailleurs demandé à la cour de déclarer trois autres accusés coupables de tentatives de meurtre sur personnes dépositaires de l'autorité publique.
Selon le parquet, ces trois hommes ont bien tiré à l'arme à feu lors des nuits d'émeutes - ce que deux d'entre eux nient totalement ou partiellement - avec l'intention de tuer.
Les avocats généraux ont requis contre deux d'entre eux douze ans de réclusion criminelle, et huit ans d'emprisonnement pour le troisième.
"Adama Traoré est décédé. La colère, la haine et la rage sont montés. Il fallait tuer du bleu", a résumé Luc Pelerin, l'autre représentant du ministère public au procès, en référence à la couleur de l'uniforme des forces de l'ordre.
Les plaidoiries de la défense se tiendront ce mercredi et le verdict est attendu vendredi.
"C'est pour flinguer"
Dans leurs réquisitions, les avocats généraux ont estimé que les tireurs n'avaient pas fait de mort ou de blessé grave dans les rangs des gendarmes et policiers uniquement parce qu'ils portaient des protections balistiques et ont respecté des distances de sécurité.
"Il y avait une logique de snipers, de tireurs isolés, de tirs de fixation, de contournements. Et quand on contourne, Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les jurés, c'est pour se rapprocher, c'est pour flinguer", a lancé M. Pelerin à l'adresse de la cour présidée par l'ancien juge antiterroriste Marc Trévidic.
L'accusation a par ailleurs demandé trois mois de prison ferme pour la compagne de Bagui Traoré pour subornation de témoin.