En Île-de-France, 1,9 millions de personnes sont exposées à un niveau de bruit supérieur à la valeur référence de l’OMS, dont 1,4 millions pour le seul aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. Des médecins alertent sur les conséquences sur la santé.
Dans une tribune publiée dans le journal Le Monde, un collectif de soignants alerte sur les dangers des nuisances sonores près des aéroports. Les 120 signataires nous interpellent : "la surexposition au bruit aérien fait exploser les maladies cardiovasculaires avec, pour chaque augmentation de 10 décibels, un surcroît de mortalité évalué à 18 % et allant jusqu'à 28 % pour l'infarctus du myocarde. C'est l'espérance de vie qui est menacée avec, en première ligne, les populations riveraines des aéroports”.
Selon une autre étude diffusée en 2019 par Bruitparif, l'observatoire du bruit en Île-de-France, une personne perd jusqu'à trois ans de vie "en bonne santé" en cas d'exposition élevée au bruit aérien autour de la zone aéroportuaire. L'ADEME, interrogé par nos confrères du Monde précise également que le coût des dépenses de santé liées aux nuisances sonores s'élève désormais à 147 milliards d’euros chaque année.
Un nombre record d'infractions
La reprise du trafic aérien avec la levée des restrictions liées au Covid a fait exploser le nombre de poursuites à l'encontre de compagnies aériennes "pour non-respect des règles environnementales", a alerté l'Autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires.
Après deux années en berne, l'autorité indépendante (Acnusa) "déplore que la première année de reprise du trafic après la crise sanitaire a conduit à des débordements aussi nombreux".
D'après elle, près de 1.000 poursuites ont été engagées en 2022, "un nombre nettement supérieur à ceux des dix dernières années", avec des conséquences pour "les collectivités territoriales et les populations habitant ou travaillant sur ou autour des grands aéroports français".
Trajectoires, horaires des vols et pollution sont les trois principaux points mise en avant. "Ce qui apparaît le plus c'est le manquement aux règles nocturnes avec le non-respect des couvre-feux", notamment à l'aéroport d'Orly, d'après le secrétaire général adjoint de l'Acnusa, Arnaud Beck. Les autres infractions constatées concernent le "non-respect du volume de protection environnementale", sorte de cône fictif autour des aéroports duquel les avions ne doivent théoriquement pas sortir sous peine de nuisances importantes pour les habitants, ou encore "l'utilisation d'avions ayant des performances environnementales insuffisantes", précise M. Beck.
Cette hausse notable "augmente la charge des agents assermentés" mais surtout, elle "risque de rallonger les délais entre la date de commission des faits et la date de prononcé des sanctions", note l'autorité. Elle craint que ce manque d'efficience ne permette pas "aux compagnies aériennes et aux autres parties concernées, y compris les services du contrôle aérien, de dégager rapidement les enseignements d'un manquement afin d'éviter la récidive".
Source : AFP