Marie Patouillet a ouvert le compteur des médailles françaises aux Jeux Paralympiques à Tokyo en remportant le bronze en cyclisme sur piste. Pour son entraîneur Grégory Baugé, multiple médaillé olympique, cette récompense représente la consécration d’une préparation de longue haleine.
La para cycliste de l’US Créteil Marie Patouillet a ramené la première breloque paralympique pour l’Equipe de France dans l’épreuve de cyclisme sur piste. Après avoir terminé vice-championne du monde en 2019, elle a consacré l’ensemble de sa préparation aux Jeux Paralympiques avec son entraîneur, Grégory Baugé. "Depuis septembre 2019, Marie a lâché son boulot pour s’entraîner deux fois par jour en prévision des Jeux", précise le quatre fois médaillé olympique sur piste.
Ainsi, sa victoire contre la néo-zélandaise Nicole Murray en petite finale de la poursuite est le résultat d’années de travail acharné que ce soit sur le plan sportif ou mental. "Il y a une distinction à faire entre le haut niveau et le très haut niveau qu’il faut atteindre pour être médaillé lors de grandes compétitions. Marie a atteint le très haut niveau grâce notamment à la qualité de sa préparation mentale, psychologiquement. Elle était prête pour ces Jeux".
La découverte du vélo par la route avant de se consacrer à la piste
C’est par le biais d’une étape du Tour de France ouverte à tous que, Marie Patouillet a découvert le vélo en compétition. Le goût du sport et du dépassement de soi, elle l’a acquis depuis son plus jeune âge. "C’est quelqu’un qui a toujours fait du sport malgré son handicap, elle a fait de la course à pied et du surf notamment" confie Grégory Baugé. Cependant, la malformation dont elle est victime au pied et à la cheville rendait la course à pied douloureuse pour cette ancienne militaire.
Elle se lance d’abord dans le vélo comme un loisir et un moyen de maintenir sa condition physique. Après deux ans dans un club de cyclisme sur piste des Hauts-de-Seine, elle intègre, en tant que licencié, le club de l’US Créteil fin 2017. "Au début, elle venait lors de séances de groupe que je supervisais donc je n’ai pas remarqué tout de suite son handicap. Un jour, en fin de séance, elle est venue se présenter à moi en m’expliquant sa pathologie, mais pour moi cela ne changeait rien, car j’ai été formé également pour entraîner des para-cyclistes", précise l’entraîneur.
« On a dû passer du vélo-loisirs au très haut niveau assez rapidement »
Les premiers entraînements de Marie Patouillet à Créteil se déroulent comme des séances de vélo-loisir. "Quand elle est arrivée, elle souhaitait juste tourner autour de la piste pour le plaisir comme beaucoup d’autres", explique l’ancien médaillé olympique. Rapidement, les entraînements s’intensifient, la préparation devient de plus en plus sérieuse et complète. Si bien qu’en 2018, Marie Patouillet annonce à son entraîneur qu’elle ambitionne de participer aux Championnats du Monde.
Cette première expérience est un succès puisque la Francilienne termine troisième du 500 mètres départ arrêté. A partir de ce résultat, le duo qu’elle forme avec Cyril Baugé commence à nourrir de sérieuses ambitions de médaille pour Tokyo. "On savait qu’on était à deux ans de l’échéance et qu’on pouvait espérer une médaille", confie-t-il. En 2019, elle engrange une nouvelle médaille lors des Championnats du Monde, en argent cette fois-ci.
« La préparation aux Jeux a été intense mais ça a payé »
Après avoir quitté son emploi, de médecin généraliste en septembre 2019, Marie Patouillet entame une intense préparation pour les Jeux de Tokyo, initialement prévu en 2020 puis reportés à cause de la crise sanitaire. "On est passé de 1 à 2 entraînements par jour donc il a fallu un temps d’adaptation, c’est mon boulot de la motiver lorsque la fatigue et la douleur prennent le dessus, mais ses expériences passées à l’armée font qu’elle a acquis une rigueur et une volonté constante de se dépasser alors ça rend mon boulot plus facile" sourit Cyril Beaugé. "Cette médaille olympique, elle la doit aussi à cette faculté qu’elle possède à aller au-delà de la souffrance et à se dépasser" conclut-il.