Ces milliers de tonnes de déblais du chantier du RER E qui embarrassent les habitants d'un village des Yvelines

La société LafargeHolcim, chargée de gérer les 240 000 tonnes de déblais, a découvert la présence de pyrite au-delà des normes autorisées, un minéral qui peut être très polluant au contact de l'air.

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Les quelques centaines d'habitants de Saint-Martin-la-Garenne, une petite commune située dans le Vexin, redoutent de voir une montagne de déblais du chantier de l'extension du RER E, polluer durablement leur village.

La préfecture des Yvelines a d'ailleurs pris un arrêt en avril avant d'imposer, le 3 août 2021, le retrait sous six mois de ces déblais.

"Dès que l'on a été avisé, on a demandé à rencontrer les services. Les études sont plutôt rassurantes mais on reste vigilant", raconte Stéphan Champagne, maire de Saint-Martin-la-Garenne. Selon lui, l'entreprise et les services de l'Etat ont été réactifs. Malgré tout, il s'est dit "surpris". "Cela n'était jamais arrivé, cela nous alerte donc d'autant plus. La pyrite, ce ne sont pas des matériaux inertes mais une matière naturelle, ce n'est pas une pollution humaine. Mais c'est toujours inquiétant", détaille-t-il.

Empêcher une pollution

Du côté du groupe LafargeHolcim, l'entreprise se défend de toute pollution et explique avoir hérité de ce problème.

"Nous avons remporté auprès du groupement qui gère le projet EOLE un marché concernant ces déblais inertes. Ils nous sont ainsi remis comme tels par le groupement et acheminés sur ce site par barges fluviales depuis l'an dernier. Parmi ces déblais provenant du creusement du tunnel ferroviaire, des traces importantes de pyrite ont été détectées", indique un responsable de LafargeHolcim.

Selon lui, dès les analyses effectuées, les résultats ont été remontés à SNCF Réseau, propriétaire de ces déblais de chantier et aux autorités compétentes, la Drieat. Par ailleurs, l'entreprise affirme avoir pris des mesures : les stocks ont été recouverts d’une couche d’argile pour contenir le risque d’oxydation de la pyrite et des analyses complémentaires ont été commandées. Les résultats "confirment clairement l’absence de risques à court terme pour l’environnement et plus particulièrement pour les captages des nappes phréatiques environnantes", poursuit ce dirigeant.

Une pollution due à un aléa géologique ?

Mais d'où peut provenir une telle pollution ? "Ces traces correspondent certainement à un 'horizon' géologique particulier traversé par le tunnelier à un instant T. La pyrite est un matériau naturellement présent dans le sous-sol mais il ne peut être considéré comme inerte car il s’oxyde au contact de l’air. C’est aujourd’hui l’unique matériau non conforme présent à Sandrancourt", détaille le cimentier.

Pour traiter la pyrite, le groupe a commencé à transférer ces déchets vers le site de Saint-Vigor-d’Ymonville en Seine-Maritime pour y faire la pratique de l'inertage et promet une évacuation d'ici "avant la fin de l'année".

La très chère extension du RER E

Ces déblais proviennent du projet d'extension du RER E. Ce chantier, baptisé Eole, doit permettre de relier la commune de Mantes-la-Jolie avant 2025. Mais la facture s'est soudainement envolée de plus d'un milliard d'euros comme le relève Le Parisien et la mise en service des trains pourrait être reportée de plusieurs mois.

"En tant que maître d’ouvrage, la première priorité de SNCF Réseau a été de s’assurer qu’il n’y avait aucun impact immédiat de ses déblais sur l’environnement. La deuxième priorité a visé la recherche de solutions, alors que LafargeHolcim a fait évoluer son analyse. C’est pourquoi ces terres sont en cours d’évacuation vers un autre site afin qu’elles soient traitées", confirme SNCF Réseau.

Alors que LafargeHolcim compte bien répercuter les surcoûts liés à cette pollution en arguant avoir remporté "un marché concernant ces déblais inertes" et considère que la pyrite "ne peut être considérée comme inerte car elle s’oxyde au contact de l’air", SNCF Réseau dit désormais s'interroger "sur la chaîne de responsabilité alors que ces mêmes terres sont actuellement déposées sur plusieurs autres sites exploités par des concurrents de LafargeHolcim, sites sur lesquels cette situation n’a pas été constatée".

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