C’est la seule ville gérée par le Rassemblement nationale en Île-de-France. À Mantes-la-Ville, dans les Yvelines, les prochaines municipales seront très disputées. En 2014, la division avait profité au RN qui avait remporté la mairie dans une quadrangulaire avec 61 voix d’avance.
Cela avait été une promesse de campagne : pas de nouvelle mosquée à Mantes. Pourtant, 6 ans après son élection surprise, Cyril Nauth, le seul maire Rassemblement national de l’Île-de-France, n’a pas réussi à s’opposer à l’implantation de cette salle de prière. Il a perdu tous ses procès devant le tribunal administratif.
"J'ai fait tout ce qui était en mon pouvoir. J'ai été sérieux, responsable, républicain, la justice a tranché. C'est une défaite peut-être juridique, mais pas politique pour moi", affirme Cyril Nauth, maire (RN) de Mantes-la-Ville.
Mantes-la-Ville, une commune populaire de 20.000 habitants qui enjambe l’autoroute A13. Candidat à sa réélection, Cyril Nauth, qui a supprimé de nombreuses subventions aux associations, met en avant son sérieux budgétaire. Et rappelle qu’il n’a pas augmenté les impôts de la commune, quitte à surfer sur le mouvement des gilets jaunes.
"Le mouvement initial était avant tout antifiscal. C'était un mouvement pour le pouvoir d'achat et l'un de mes engagements majeurs que je souhaite réitérer pour le prochain mandat, c'est de maîtriser la fiscalité et de ne pas augmenter les impôts ni les tarifs municipaux", poursuit l'élu.
61 voix d'avance
Il faut dire qu’en 2014, Cyril Nauth devient maire sur un malentendu. Il s’impose dans une quadrangulaire avec 61 voix d’avance. Un traumatisme pour l’opposition – qui n’a pas réussi à s’entendre. Pendant un temps, ils se sont tous réunis contre le maire RN, comme ici en 2018. Un front républicain qui n’a pas duré. Aujourd’hui, chacun a constitué sa liste. À droite, Eric Visintainer fait le constat de cette division."En 2014, c'était un problème d'égo entre des personnes, entre Annette Peulvast et Monique Brochot. Aujourd'hui, ce n'est pas un problème d'égo entre personne. Chacun au premier tour veut aller défendre ses couleurs, et on verra bien pour le deuxième tour. En ce qui me concerne, il n'est pas question de faire alliance avec les extrêmes", indique Eric Visintainer, candidat DVD sur la liste Mantes en mouvement.
À gauche, Monique Brochot, l’ancienne maire socialiste, prétend avoir tiré les leçons de cette défaite. Elle n’est plus tête de liste et espère trouver un accord avec Europe Écologie-les Verts pour retrouver une gauche majoritaire.
"Les municipales, cela se joue à deux tours. Au deuxième tour, chaque liste républicaine saura trouver une façon de ne pas reproduire ce qu'il s'est passé en 2014", pense Monique Brochot, ancienne Maire (PS) de Mantes-la-Ville.
"Nous avons eu à faire à des égos"
Mais à Mantes-la-ville, rien n’est simple. De son coté, Annette Peulvast a lancé sa campagne avec Sam Damergy. L’ancien président du club de foot de Mantes est désormais tête d’une liste dite de rassemblement mais n’a pas réussi à s’entendre avec les autres opposants à Cyril Nauth."J'étais partie sur une liste de rassemblement très large, le plus large possible. Mais nous avons eu à faire à des égos. Tout le monde disait 'oui on est d'accord pour le rassemblement mais pas derrière elle ou lui'. Donc nous partons séparés au 1er tour et j'espère uni au second", indique Annette Peulvast-Bergeal, ancienne Député PS et sur la liste Mantes en Mouvement.
Reste La République en marche. Le parti présidentiel a choisi Christophe Desgardins, un avocat marqué à gauche pour conquérir la ville : "Moi j'ai choisi de signer la charte LREM parce que je suis d'accord avec l'ensemble des mesures qu'elle peut contenir. Parmi celles-ci, il y a l'article 2 qui dit que tout candidat s'engage à prendre ses responsabilités en face du Rassemblement national. Donc je prendrai mes responsabilités."
À les entendre, tous sont donc unis contre le maire sortant. Pourtant à Mantes-la-Ville, il devrait y avoir pas moins de six listes qui s’affronteront aux prochaines municipales, car il y a encore le candidat LFI, Romain Carbonne. Une aubaine pour le Rassemblement national qui mise sur la division des autres partis pour garder la mairie.