Rémi Maillard, 58 ans, a quitté son atelier d'Aize dans l'Indre pour présenter au grand public des vases monumentaux, des boucliers, des panneaux décoratifs. Quatre-vingt-douze pièces dont trente-cinq inédites. Les oeuvres sont visibles au palais du roi de Rome à Rambouillet jusqu'au 30 août.
Disciple de Bernard Dunand, fils du célèbre Jean Dunand, maitre-laqueur français de l'époque Art Déco, Rémi Maillard est un spécialiste de la laque de Chine et du Japon, les deux berceaux de cet art ancestral né il y a 8000 ans en Asie.
Sa technique de prédilection est l'incrustation de coquilles d'oeuf et de nacre. Une technique qui demande minutie, patience et précision. Jusqu'à quatre-vingts couches de laque successives sont parfois nécessaires pour une pièce. "On avance de 10 cm à l'heure", explique Rémi Maillard.
Ancien moine franciscain, Rémi Maillard a été styliste haute-couture pour les grands noms de la mode dans une autre vie. Un métier qui l'inspire encore aujourd'hui dans ses créations où se mêlent feuilles d'or et d'argent, pigments minéraux en poudre et matières premières naturelles.
"Tous les décors sont réalisés sur support bois, ce support bois va être entoilé, encollé et enduit. Ensuite ce support qui a été enduit après avoir été poncé, va être imperméabilisé et pigmenté. C'est ce qui va donné la teinte de fond, donc des pigments minéraux, mélangés à la laque", nous précise Rémi Maillard.
Si le maître-laqueur s'implique autant dans son métier créatif, c'est qu'il sent qu'il "est en train de mourir". "De moins en moins d'élèves veulent s'investir dans le métier", regrette-t-il. Pourtant la laque reste une matière noble et de prestige comme en témoignent le prix de ses créations. D'un millier à plusieurs dizaines de milliers d'euros.
<< Un reportage de Kelly Pjuar, Louise Simondet, Mekhak Movsissian et Jean-Pierre Aubry