Plongée dans une crise budgétaire depuis novembre, l'Université Versailles-Saint-Quentin est devenue le symbole des universités en difficulté. Dans l'incapacité de présenter un budget à l'équilibre elle doit se soumettre à celui décidé par le rectorat.
Un mois après un conseil d'administration qui avait adopté un budget provisoire en déséquilibre de 5,2 millions d'euros, une nouvelle réunion s'est tenue le 14 février à Versailles. Mais l'argent manque toujours à l'Université Versailles-Saint-Quentin. Elle doit donc à présent se soumettre au budget décidé par le rectorat au 1er mars.
Une décision loin de satisfaire les syndicats et la direction de l'université. La présidence réclame, elle, 5,2 millions d'euros pour boucler son budget.
Mais c'est un bras de fer avec le ministère de l'Enseignement qui s'est engagé. Au cours de cette nouvelle réunion du conseil d'administration, une centaine de personnes enseignants, chercheurs, personnel administratif est venue manifester.
Des syndicats en colère
Jérôme Deauvieau, porte-parole de l'intersyndicale CGT-FSU a appelé le ministère de tutelle à "prendre ses responsabilités". "Il n'y a pas d'autre issue que d'augmenter la dotation budgétaire de 10 millions d'euros" Les syndicats dénoncent un blocage du ministère qui "refuse toujours d'accorder une dotation supplémentaire". "Il nous demande de réduire encore nos dépenses mais sans toucher à notre activité, c'est kafkaïen", a dénoncé M. Deauvieau. Selon lui, le ministère est "coincé" et "joue la montre": "s'il donne de l'argent, il doit en donner aux autres universités en difficulté. Cet argent, il finira par le donner à l'UVSQ, mais il ne veut pas le faire de manière visible".
Une quinzaine d'université en France sont en effet confrontées à de graves difficultés financières.
Des étudiants inquiets
Les étudiants sont eux-aussi très inquiets. Dans un communiqué publié à l'issue de ce conseil d'administration Sébastien Ramage, président de l'UNEF VSQ déclare "le ministère exige désormais un plan de restrictions supplémentaire de 7 millions d’euros. Ces nouvelles restrictions auront un impact gravissime sur nos conditions d’études et sur l’offre de formations de l’université. En effet, de telles économies rendraient difficile voire impossible le maintien de certains masters, et pourraient mener à la mise en place de capacités d’accueil restreintes en licence. La qualité des formations sera elle aussi impactée, (...) nous devons nous attendre à de nouvelles réductions de volume horaire des formations, des mutualisations de cours, des cours surchargés et à des suppressions d’options".
Un ministère rassurant mais intransigeant
Interrogé par l'AFP, le ministère a réaffirmé qu'il assurerait "la continuité du service public" à l'UVSQ. "Le travail continue avec l'université et le rectorat pour évaluer le niveau réel du fond de roulement de l'UVSQ et le soutien de trésorerie que le ministère devra apporter". Pour le ministère, l'université s'est mise elle-même dans cette situation par "des erreurs de gestion" dans le passé. En novembre, le ministère a recouvré près de 2,5 millions d'euros de factures non payées et négocié un étalement de certaines dépenses à hauteur de 1,5 millions, en même temps qu'il a versé 800.000 euros à l'université.