Menacé de relégation sportivement, Le Mans FC, 16e de L2 et qui passe jeudi devant la DNCG, est aussi en grande difficulté financière, accusant un déficit de 7 millions d'euros, pour avoir vu trop grand dans les années 2000, lorsqu'il semblait solidement installé dans l'élite.
Fin de la saison 2007-2008: Le Mans, depuis trois ans en Ligue 1 où il avait accédé pour la première fois, se classe 9e, la meilleure place de son histoire. Le club se pensait alors sur une phase ascendante. Ce fut au contraire le début d'une lente dégringolade.
Le départ de l'entraîneur Rudi Garcia pour Lille n'a pas été anticipé, pas plus que ceux de Matsui, Sessegnon, Romaric, Basa et De Melo, ou, l'année suivante, de Gervinho. Résultat: sauvé de justesse en 2009, Le Mans est relégué la saison suivante.
"Le problème, c'est que le club a alors gardé un budget de Ligue 1, le plus important de L2, de l'ordre de 25 millions d'euros, en pensant remonter immédiatement", explique Jean-Pascal Gayant, agrégé de sciences économiques et vice-président de l'université du Maine de 2002 à 2006.
Le Mans durablement en L2
Mais les Sarthois ratent la remontée à la différence de buts lors de la dernière journée de la saison 2010-2011. "Là, c'est l'engrenage. Le club avait pris l'habitude d'un train de vie plus calqué sur la L1 que sur la L2, notamment au niveau des salaires de certains joueurs, qu'il a fallu assumer", souligne M. Gayant.
"Les charges n'étaient absolument pas susceptibles d'être couvertes par les recettes de billetterie ni les droits TV, moindres en L2. Mais si le club remontait, il pouvait retrouver rapidement l'équilibre financier. Ce qui n'était plus possible à partir de la deuxième année en L2", ajoute-t-il.
Gouffre financier
Le club, qui a commis des erreurs sportives aux conséquences financières (erreurs de recrutement comme Geder ou Modibo Diarra, départs de Matsui ou De Melo sans indemnités), doit aussi absorber le coût de la construction, pour 4 millions d'euros, en 2008, de son siège et de son centre d'entraînement, la Pincenardière.
Il doit également supporter en partie les charges de la MMArena, stade de 25.000 places inauguré en janvier 2011 et dont la construction a été décidée au milieu des années 2000, lors des années fastes. Et qui n'a accueilli que des rencontres de L2.
Surdimensionnée pour une agglomération d'environ 180.000 habitants et un club qui a au mieux plafonné à 12.000 spectateurs de moyenne, l'enceinte est un gouffre financier en L2.
Les contribuables à la rescousse
Si la facture, qui a triplé pour atteindre 104 millions d'euros, n'a pas été supportée par le club, mais pour moitié par les collectivités locales via un partenariat avec le groupe Vinci, Le Mans doit également mettre la main à la poche.
Le constructeur, qui a obtenu une compensation pour le manque à gagner en cas de descente de L1, perçoit ainsi 15% des recettes de billetterie des matches du Mans... sur lesquels le club perd déjà de l'argent puisqu'il lui faudrait une affluence moyenne de 12.000 spectateurs pour commencer à en gagner. Elle stagne à 6.000 spectateurs depuis le début de saison.
Vinci perçoit aussi un loyer annuel dont la part du club s'élevait à 1,2 M EUR la saison dernière, avant d'être abaissé.
"Le Mans FC et la ville ont voulu faire les choses en grand. Ils se sont vus trop beaux", résume M. Gayant.