Ferit Akinci est arrivé à Saint-Nazaire le 24 juillet 2009, comme cuisinier à bord de l'Aspet, le cargo prenait l'eau, cargo poubelle dont il a accepté le gardiennage jusqu'au départ... qui ne viendra probablement jamais, Ferit quitte le navire devenu Zortürk et poursuit l'armateur aux prud'hommes
Le cargo Aspet, battant pavillon Turc est arrivé à Saint-Nazaire parce qu'il menaçait de faire naufrage. Une voie d'eau importante devait être colmatée durant son escale. Équipage impayé, réparation inefficaces, le propriétaire décidait alors de ramener le navire en Turquie... Mais les Affaires Maritimes ont interdit la sortie du port à la vieille coque pourrie.
7 armateurs successifs
Et depuis Ferit monte la garde. Seule âme qui vive sur ce cargo ruiné. Ses collègues sont rentrés au pays depuis belle lurette. La justice française s'est emparée du navire. De saisie conservatoire en procédure de dessaisissement, la situation reste bloquée. Le bateau a été vendu et revendu. On parle de 7 armateurs différents depuis 2009. Le dernier propriétaireen date a tenté en 2011 de revendre son épave. Après avoir fait faire des "réparations" par des ouvriers roumains. L'Aspet est alors devenu Zortürk. Zortürk ça fait fort... comme un Turc ! Mais les tôles de remplacement n'étaient même pas faites pour la mer... Nouveau nom, nouveaux certificats, Togolais... et donc de complaisance. Les Affaires Maritimes en ont vu d'autres, et le Zortürk reste au fond du bassin à flot.
Le Zortürk à Saint-Nazaire le 26 12 2013
•
© Christophe François
Navire abandonné
Le port et la Sogebras, consignataire du navire, ont engagé une action diplomatique avec la Turquie pour récupérer leur argent, il resterait 100 000 euros de dette, ou vendre enfin la ferraille. Car le bateau ne reprendra pas la mer. Même en remorque. Il y a deux mois les chantiers navals ont eu besoin du quai où le Zortürk était amarré. La coque a été déplacée et amarrée sans passerelle. Un détail qui a toute son importance. Car sans passerelle, le gardien ne peut plus accéder au navire. Qui peut-être considéré désormais comme abandonné.Refaire sa vie
24 ans passés en mer, dont 8 et demi sur l'Aspet devenu Zortürk, dont 4 ans et demi sans salaire, vivant de l'aide des marins nazairiens, à 40 ans, Ferit Akinci a perdu patience. Il est en passe de refaire sa vie à Saint-Nazaire, et il assigne désormais l'armateur du Zortürk au tribunal des Prud'hommes. Il lui réclame 150 000 euros comme salaire pour ces 4 années de gardiennage, plus 50 000 euros de dommages et intérêts. Sans illusion sur le paiement du premier centime. Le tribunal doit rendre son jugement le 8 janvier prochain.Ferit Akinci le cuisto du cargo poubelle demande réparation aux Prud'hommes