François Pervis, vainqueur magistral du keirin, a réussi le premier de ses trois examens dans les Championnats du monde de cyclisme sur
piste, jeudi soir à Cali en Colombie
Avant de s'aligner dans le kilomètre et la vitesse individuelle, le Français de 29 ans a accompli un sans-faute tout au long de la journée. Au bout de la piste, il a gagné son deuxième titre mondial, le premier dans le keirin, une épreuve d'origine japonaise qui a une signification particulière pour lui.
Deux invitations des Japonais à participer à la tournée annuelle réservée aux coureurs étrangers ont transformé le coureur abonné aux places d'honneur en vainqueur. "Le Japon m'a vraiment changé la vie", a répété le Lavalois après avoir entendu la première Marseillaise de ces Mondiaux sud-américains. "Je leur en serais éternellement reconnaissant. Sans le Japon, il n'y aurait pas de Pervis champion du monde ou recordman du monde, ça m'a vraiment métamorphosé".
Un an après son titre de Minsk sur le kilomètre, Pervis a pris à l'évidence une dimension supplémentaire qui en fait l'homme fort du sprint français. En attendant peut-être de rayonner sur le monde de la piste.
Détenteur de deux records du monde depuis décembre dernier (200 m lancé, kilomètre départ arrêté), il a marqué sa supériorité dans les trois keirins disputés à Cali. Il est sorti sans encombre de deux tours de qualification très relevés puis a dominé la finale.
Un hiver magique
"Quand j'ai tiré le numéro un (derrière la moto du régulateur), je me suis dit que j'allais gagner, a raconté le Mayennais. "J'ai su garder mon sang-froid quand j'ai pris la tête, je n'étais pas à fond. Si j'avais fait mon effort trop tôt, je me serais effondré. J'ai mis les gaz aux 200 mètres".Le Colombien Fabian Puerta est resté dans la roue, déjà content de donner à son
pays une première médaille dans ces Mondiaux sud-américains. Le Néerlandais Mattijs Buchli a pris la troisième place, comme l'an passé. Ni le Britannique Jason Kenny (5e), qui était le tenant du titre, ni l'Allemand Maximilian Levy, à terre à deux tours de l'arrivée, n'ont pu inquiéter le nouveau champion du monde.
Après la cérémonie protocolaire, Pervis a reçu les félicitations du Britannique Chris Hoy, le champion olympique de Pékin et de Londres désormais retraité. Ainsi que de Frédéric Magné, trois fois champion du monde du keirin entre 1995 et 2000, lui aussi inspiré par ce sprint de six coureurs, spectaculaire et à haut risque.
Depuis le succès de Laurent Gané en 2003, l'école française attendait la réussite de l'un des siens. Le Lavallois s'en était approché en 2009 (2e). "Les années suivantes, c'était de pire en pire", a-t-il rappelé en souriant à Cali. Jusqu'à cet hiver magique qui en fait le favori du kilomètre (vendredi) et un très solide prétendant à la vitesse individuelle (samedi et dimanche).
"J'essaye de ne pas trop extérioriser, de ne pas perdre du jus", a confié le Français, confiant dans la perspective du kilomètre: "Ici, je devrais passer sous la minute. Peut-être dans les 58 secondes." A ce niveau chronométrique, un deuxième titre s'offre à lui.
avec AFP