Découvrez les histoires poignantes de quatre couples ordinaires confrontés à la complexité de la Procréation Médicalement Assistée (PMA). Entre espoirs, désespoirs, et l'incertitude de devenir parents, suivez leur parcours à travers leurs témoignages sincères et émouvants. En France, quelque 350 000 bébés sont conçus chaque année par (FIV) fécondation in vitro.
La procréation médicalement assistée (PMA) suscite depuis toujours des débats éthiques, législatifs et militants nourris. Mais qu’en disent les couples qui y ont eu recours ? Il était une fois un enfant… qui ne venait pas.
FIV, PMA : deux acronymes froids qui provoquent pourtant des débats enflammés, mais qui surtout ne disent rien de la complexité du désir de devenir parents. Rien de ce que ce désir d’enfant contrarié suscite de sentiment d’injustice. Rien de la solitude dans l’épreuve.
Aujourd’hui au seuil de la quarantaine et parents de jumeaux, Lise Baron et Aurélien Bonnet, réalisateurs de "Éprouvantes Éprouvettes" ont fait ce long chemin il y a quelques années. "On est passés du miracle de la vie aux prodiges de la science, aux prises de sang, spermogrammes, éprouvettes. Plusieurs années de galères en tous genres, de pleurs, de flip, de colère, d’espoir et de désespoir" expliquent-ils.
Laissant de côté experts, penseurs ou politiques qui si souvent confisquent la parole aux premiers concernés, leur documentaire fait le choix de l'expression vécue et concrète de l’expérience de la PMA, en racontant leur propre parcours et en recueillant le témoignage d’autres couples. Loin des concepts et des idées toutes faites, la procréation médicalement assistée s'éclaire sous un nouveau jour : c'est une affaire de corps, d’exercice du libre-arbitre… et d’amour.
Quatre couples vont ainsi se raconter, et nous raconter leur parcours de PMA. Ils se sont rencontrés au travail, à l’école, ou en partageant les mêmes loisirs. Ils sont comme vous et moi, et pourraient être nos amis, nos voisins, faire partie de la famille.
Mettre en images le récit de l’intime
Pour recueillir leurs témoignages, Lise Baron et Aurélien Bonnet ont choisi un dispositif. Les couples sont filmés assis côte à côte dans un petit canapé, placé dans des décors différents pour chacun, mais qui ont un point commun : les couleurs acidulées de la chambre d’enfant, ou de l’école maternelle, le mobilier qui va avec, bref, l’univers des tout-petits.
Cet arrière-plan, cette chambre qu'on aurait préparée pour l'enfant à venir, replace les couples au contact du désir d’enfant où leurs souvenirs prennent leur source. Ce désir qui baignera tout au long du film les paroles de Karine et Quentin, Chantal et Samuel, Louise et Raphaël, Silvia et Guillaume.
Pour leur propre récit, le couple de réalisateurs a choisi une autre voie : rompus à l’écriture et à la réalisation de films d’archives, c’est par le biais d’un montage virtuose qu’ils vont raconter leur histoire à deux voix.
Support de leurs souvenirs et réflexions sur leur long parcours de PMA ? Une brocante de cinéma, savamment agencée : séquences de films oubliés ou de documentaires vintages, mêlés à des extraits de feuilletons de série Z ou de dessins animés, composent non seulement un brillant exercice de style, mais apportent une mise à distance qui autorise ensemble l’humour et la gravité.
Pari risqué s’agissant d’un thème qui crispe le corps social, mais pari formel réussi.
Tissées avec le récit parfois burlesque de Lise Baron et Aurélien Bonnet, les anecdotes se succèdent. Au fil des minutes, "Éprouvantes Éprouvettes" nous révèle sous l’acronyme PMA un processus bien plus complexe qu’on ne l’imagine, bien plus violent aussi.
Lorsque l’enfant ne paraît pas
Avant d’être précipités dans un scénario avec blouses blanches, cliniques et laboratoires, tout commence le plus naturellement du monde pour chacun des couples : ils étaient amoureux, ils voulaient un enfant et s’y appliquent, "à l’ancienne" comme le dit par exemple Guillaume.
Le temps passe et la grossesse ne vient pas. Le doute s’installe, arrive le temps d'un premier rendez-vous chez le médecin, d'un premier diagnostic, des premiers examens et au bout, la première mauvaise nouvelle d'une longue série : des chances de procréer faibles, voire nulles liées à une infertilité aux causes diverses, chez l’une, chez l’un ou les deux, et qui appellent des solutions techniques, elles aussi, variées… et sans garantie de succès.
Après plusieurs tentatives infructueuses, Chantal et Samuel se sont résolus à recourir au don de sperme. "J’ai eu du mal à accepter cette idée, se souvient Samuel, je viens d’une famille où les hommes se ressemblent beaucoup physiquement, j’ai peur de couper ce lien familial et j’ai peur de la réaction de mes futurs enfants, s'ils me ressembleront ou pas".
"Et même si tu seras capable de les aimer" lui fait remarquer Chantal. "Oui, c'est vrai" admet son mari.
"C’est quoi être parents ? Transmettre un patrimoine génétique, ou élever un enfant quel qu’il soit ?", s’interrogent les auteurs. Recourir à un don de sperme ou d’ovocytes passe par un renoncement, et une lutte contre une jalousie sourde.
Pour Silvia et Guillaume, la question de l’âge ajoute une difficulté et une pression supplémentaires. "Dans notre cas, la solution passait par un don d’ovocytes. Mais le délai d’attente était important en France, 2 à 3 ans selon les régions. Quand on a 40 ans passés, c’est trop long, d’autant que la prise en charge par la Sécurité Sociale s’arrête à la fin de la 41ᵉ année". Le couple se tournera vers une clinique espagnole.
Tous témoignent d’une entrée dans un protocole qui, loin de toute banalité ou facilité, transforme en profondeur leur quotidien et leurs existences.
Rapports sexuels programmés, corps ramenés à une fonction de mécanique à procréer, puis rendez-vous médicaux quotidiens tôt le matin et tard le soir, examens intrusifs, injections, prélèvements.
Et c’est le corps des femmes qui est mis à l’épreuve : au sein des couples, un fossé béant dans le vécu et le ressenti se creuse, que chacun tente de combler comme il le peut.
"On avait la possibilité de faire faire les piqûres par une infirmière, se souvient Louise, mais on a choisi que ce soit Raphaël qui le fasse de façon à l’impliquer dans ce protocole, parce que j’avais l’impression de faire ça toute seule. Il fallait que je partage le poids mental, parce que c’est moi qui subissais les traitements, c’est moi qui allais à tous les rendez-vous."
Emploi du temps millimétré, alimentation, sexualité, la PMA prend rapidement le contrôle de leurs vies, comme l’explique Lise Baron.
Sans compter les dégâts dans la vie sociale. Karine et Quentin racontent cette soirée chez des amis, qui leur apprennent qu’ils vont avoir un enfant, puis arrive un autre couple invité, une bouteille de champagne à la main pour fêter également une future naissance. Sourires contraints et félicitations crispées.
Le spectacle du bonheur des autres devient insupportable tant il renvoie au doute. Pourquoi eux et pas nous ? Sommes-nous incapables ? L’infertilité fragilise l’estime de soi et perturbe la boussole du couple.
Les bons conseils, y compris dans la famille, qui assure que "ça finira bien par venir" ne sont en rien réconfortants.
L’émotion reste forte malgré les années et les voix se brisent encore. Il faut par exemple écouter et voir Samuel et Chantal, cramponnés l’un à l’autre, raconter comment les échecs à répétition minaient leur capacité à se soutenir mutuellement. "Quand on est au fond du trou tous les deux, c’est difficile de s’épauler. On est tous les deux pas bien, on vit davantage l’un à côté de l’autre que l’un avec l’autre".
Après des années de parcours de PMA et en conclusion des 52 minutes de "Éprouvantes Éprouvettes", il y aura des happy ends. Mais pas pour tous.
Tout comme le désir, la médecine n’est pas toute-puissante. Quand le parcours s’achève par la certitude que l’enfant tant désiré ne naîtra pas, quel peut être le projet du couple ? Sauf à se tourner vers l'adoption, il faut alors se projeter dans une autre histoire, qui ne se racontera ni à trois, ni à quatre, mais à deux.
Un seul être vous manque…
"Éprouvantes Éprouvettes", un documentaire réalisé par Lise Baron et Aurélien Bonnet, et produit par Maël Mainguy - What's Up Productions.
À voir jeudi 21 septembre à 23h40 et le 12 octobre à 9h10 sur France 3 Pays de la Loire.
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