Suite à la disparition tragique de son père en 2019, Florent Marteel se retrouve à la barre de l'entreprise familiale, héritier d'une lignée de marins pêcheurs s'étendant sur neuf générations. Plongé dans un dilemme déchirant, il doit choisir entre préserver cet héritage au risque de la faillite ou abandonner le navire auquel il se sent profondément lié.
Dunkerque, deux heures du matin. Florent brise le silence nocturne en démarrant les moteurs de son bateau. Le bateau de son père plus exactement.
"Le cinquième élément" quitte le port de Dunkerque pour une pêche que le capitaine et ses 3 marins espèrent miraculeuse. Mais chacun sait que l'abondance des années 80 ne reviendra pas. La surpêche, les filets électriques, la pollution, l'acidification et le changement climatique ont fait leur œuvre.
Pour être rentable, ce sont au bas mot 100 kilos de poisson qu'ils doivent remonter. Or, le point de rentabilité est de moins en moins souvent atteint par Florent et ses collègues indépendants de Dunkerque.
Entre cafés et cigarettes fumées nerveusement avant même la levée du jour, ils échangent les chiffres et leurs impressions sur la radio de bord. Ce premier ressenti décidera de la durée de leur journée en mer. Meilleure la pêche sera, plus tôt ils rentreront. Avant midi peut-être ? C'est pourtant plus vers 16 ou 17h qu'ils trieront, nettoieront et vendront leurs prises du jour.
En mer, 10 à 15 heures chaque jour, Florent doit encore s'occuper des filets pour la pêche du lendemain et des tâches administratives. Le secteur pêche est soumis à une gestion désormais entièrement numérique. Un défi technologique auquel il n'était pas préparé et que sa tante Marjorie, sœur de son père disparu, l'aide à dépasser.
En effet, ce film le rappelle, les femmes sont un axe central dans la vie des marins pêcheurs.
Extrait du documentaire : Le bateau de mon père de Cyril Bérard
Marjorie, fille et petite-fille de pêcheur, est directrice financière. Le suicide de son frère l'a rapprochée de son neveu. Elle connaît les difficultés de ce milieu, encore plus aujourd'hui qu'hier et souhaite aider Florent.
Quant à Sylvie, la maman de Florent, hier femme de marin, elle reste aujourd'hui mère de marin. Quand la pêche est insuffisante pour être vendue à la criée, la vente directe valorise un poisson devenant rare. C'est Sylvie qui ouvre l'échoppe, accueille les clients, lève les filets et se débrouille avec un terminal carte bleue capricieux.
Sylvie est une bazenne (une femme de marin) qui perpétue la tradition des aubettes, ces petites échoppes apparues en 1863 sur la place du Minck. C'est ensuite sous le toit de la criée qu'elles vendront les crevettes, soles, seiches, roussettes, turbos, sardines et autres. La criée sera détruite lors des violents combats subis par Dunkerque à l'occasion de la seconde guerre mondiale et retrouvera ses échoppes sur le Minck, telles qu'on les connaît aujourd'hui.
Vous pourrez retrouver l'histoire des aubettes sur le site de associationpleinemer.com, organisation de pêcheurs et de consommateurs de poisson œuvrant pour une transition juste et durable dans la pêche dunkerquoise.
Petit conseil de gourmand, pour tirer le meilleur de votre poisson, consultez leur page recette.
Le documentaire de Cyril Bérard coproduit par La Clairière Ouest et France Télévisions est un film d'ambiance. Une ambiance pesante, aussi lourde que la chape de questions pesant sur l'avenir de Florent et, au-delà, sur la pêche artisanale dans les Hauts-de-France. Un film intimiste en opposition avec l'immensité maritime, un film où l'horizon n'a pas la même profondeur de champ pour tout le monde.
Un article écrit par les équipes de hauts-de-france
Le bateau de mon père
À voir le jeudi 16 janvier 2023 à 23h50 sur France 3 Pays de la Loire
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