Maryvonne, une mère de famille de 57 ans, souffre d'amnésie après une dépression sévère. Elle est placée en maison de repos. Ses trois filles tentent d'organiser les soins malgré les difficultés de communication et les problèmes financiers qui pèsent sur la famille. Le documentaire de Lucie Rivoalen, fille de Maryvonne, met en lumière l'accompagnement d'un parent en perte d'autonomie.
Lucie, Lise et Justine sont les trois filles de Maryvonne. À 57 ans, leur mère souffre de syndromes amnésiques. Suite à une grosse dépression, puis une hospitalisation, elle doit être placée en Ehpad. Une prise en charge difficile à accepter. Ses filles font corps face à cette nouvelle situation et tentent de s'organiser.
Dans son nouvel appartement, la coquette Maryvonne est installée dans un décor aménagé à ses goûts : couleurs vives, dessins accrochés au mur, photos, peintures, journaux. Pourtant, elle ne se sent pas chez elle : "ça me fait drôle d’entendre : c’est chez vous" dit-elle. Elle s’inquiète. "Combien de temps cela va durer ?"
Maryvonne ne comprend pas. Elle se répète et pose les mêmes questions : "Qui m’a mise là ? Ne me faites pas ça". Et à chaque fois, les mêmes réponses de ses filles.
Pourtant, la communication entre elles et leur mère reste franche et lucide. Il n’y a pas de demi-ton, d’apitoiement ou de faux-semblant, seule subsiste la tendresse.
Mère et filles sont au début d'un long parcours
L’espoir de retourner vivre chez elle est abandonné. À l’issue d’une réunion à laquelle les filles sont conviées, avec les médecins et professionnels de santé qui entourent Maryvonne, les mots sur l’avenir de leur mère sont posés : Il n’y aura pas d’amélioration, Maryvonne doit être assistée. C’est irréversible.
Lucie, Justine et Lise mettent leurs vies personnelles en suspens
Le long périple administratif commence. La prise en charge sous tutelle et son lot de sentiments de culpabilité, de doutes. Elles recherchent activement des solutions, tout en se voulant rassurante auprès de leur mère. Les liens familiaux qu'elles entretiennent avec leur maman sont à l'épreuve des dossiers administratifs à gérer, du langage propre à la médecine, du fonctionnement du corps médical, des problèmes financiers.
L’installation de leur mère en Ehpad peut-elle soulager leur charge et rendre Maryvonne sereine ?
Le temps s’écoule. Cela fait deux ans maintenant que la maladie est déclarée, mais le tiraillement perdure entre le devoir de prise en charge et la nécessité de construire leur vie.
Éloignées les unes des autres entre la Bretagne et l’Aveyron, les sœurs et leur mère communiquent régulièrement sur Skype. Maryvonne fait ainsi connaissance avec son petit garçon dont Lise à donner naissance. Il apporte un nouveau sourire au tableau familial : "il a l'air très éveillé" dit-elle.
Justine, l'une des trois sœurs, élève des brebis dans les alpages, là où rien ne semble pouvoir entraver la vie et la nature en parfaite harmonie.
Pourtant, le poids de l’inéluctable interdépendance pèse sur la cellule familiale
Et l'isolement de leur mère rend toujours les filles vulnérables. C'est toute une fratrie chamboulée.
Le film de Lucie Rivoalen, est un huis-clos qui porte le regard sur les mutations familiales en pleine tourmente, dues à la perte d'autonomie d'un parent et au nécessaire accompagnement que cela implique.
Un article écrit en collaboration avec Michelle Ruan.
"Le bleu te va bien", un documentaire de Lucie Rivoalen, à voir jeudi 27 avril à 22h40 sur France 3 Pays de la Loire.
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