Christiane Lambert n’est plus présidente de la FNSEA, premier syndicat agricole français, depuis la fin du mois de mars. Après 6 ans de mandat, l’agricultrice installée dans le Maine-et-Loire, à Bouillé-Ménard, a choisi de raccrocher. Elle est l’invitée de Dimanche en politique, ce dimanche 16 avril à 11h25.
"Je veux une vie plus apaisée". Et on la comprend, Christiane Lambert. Car être présidente de la FNSEA, premier syndicat agricole français, c’est "une vie de dingo" confesse-t-elle. Cela a duré 6 ans. "J’ai choisi de passer la main. Je n’avais pas choisi le mandat au début" (Elle a succédé du jour au lendemain à son prédécesseur, Xavier Belin, décédé subitement en 2017).
J’avais surtout à cœur de garder les pieds sur terre, un équilibre entre ma famille, notre exploitation et mon engagement. Mais je veux une vie après la FNSEA.
Christiane Lambert
Cette vie, elle commence donc maintenant, même si Christiane Lambert garde pendant un an et demi la présidence du COPA, qui regroupe les syndicats au niveau européen. En étant fière du bilan de ses deux mandats. "Mes plus grandes réussites ? L’amélioration des revenus des agriculteurs, la création de l’assurance récolte et l’amélioration de l’image de l’agriculture".
Une image pourtant dégradée par l’agribashing, et les critiques des associations environnementales. Pas assez d’effort disent-elles pour avoir une agriculture plus verte. "Les agriculteurs sont au travail sur ce sujet. Moins 54% de produits phytosanitaires depuis l’an 2000. Moins 18% depuis 2018. Il faut aller plus loin… Si la science et la recherche le permettent ".
Et tout est dans ce "Si". Car sortir des pesticides sur seule injonction politique ou militante est pour elle impossible. "C’est une idée incroyable d’avoir laissé penser qu’on allait vers la sortie des pesticides. On va vers la réduction, mais pas vers la sortie totale. Est-ce que vous pensez que les Français pourront se passer de médicaments humains ? Non. C’est pareil pour les pesticides ".
Ces combats pour une agriculture "réaliste", elle continuera à les mener, mais plus en première ligne. En dehors du COPA, elle veut surtout être plus présente sur son exploitation porcine, dans le Maine-et-Loire. Avec son mari Thierry, elle va entamer la transmission à son fils, Thibault, et à leur salariée.
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Une chance que n’ont pas tous les agriculteurs : 100 000 exploitations ont disparu en France en 10 ans. Et 40% des exploitants actuels seront à la retraite dans une décennie.
Il y a donc urgence à soutenir l’agriculture. Le ministre de l’Économie l’a dit lors du dernier salon de l’agriculture : "il faut que la France reste une grande nation de production agricole et relocaliser, comme pour l’industrie".
"Enfin !" s’exclame Christiane Lambert. "Mais on commence quand ?"
Car pour assurer l’avenir, il faut des jeunes qui s’installent. Des jeunes agriculteurs qui veulent aujourd’hui une autre vie que leurs aînés
Ils aspirent à des week-ends, des vacances, des meilleurs revenus. Et c’est normal !
Christiane Lambert
Seront-ils assez nombreux ? Ce n’est pas gagné. Et pourtant, pour Christiane Lambert, "il y a des agriculteurs heureux. Il y en a même plein".
Son mari, Thierry, en fait partie. Lui est resté à la ferme pendant que madame partait la semaine entière. Après 30 ans de vie syndicale, jusqu’au plus haut sommet, Christiane Lambert sait ce qu’elle lui doit : "Sans lui, rien n’aurait été possible".
À 61 ans, elle va maintenant profiter de l’exploitation et "rendre à mes proches tout ce qu’ils m’ ont donné toutes ces années".
►Dimanche en politique avec Christiane Lambert, c'est ce dimanche 16 avril à 11h25 sur France 3 Pays de la Loire
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