Vous le connaissez peut-être sous le pseudonyme de Zoltar, Olivier Badin est un amoureux du metal depuis qu'il a découvert le groupe américain de hard rock Van Halen en 1986, autant dire très jeune. Devenu grand et journaliste spécialisé dans le domaine, il partage dès qu'il le peut sa passion, aujourd'hui en nous offrant son regard sur l'affiche du Hellfest 2023...
Journaliste spécialisé musique depuis 25 ans, Olivier "Zoltar" Badin travaille pour la presse écrite française et anglophone, pour France Télévisions et vient de collaborer très récemment avec nos confrères de France Inter autour d'une série de podcasts sur le metal diffusés dans l'émission Affaires Sensibles de Fabrice Drouelle à retrouver ici.
Il sera cette année, comme tous les ans, présent au Hellfest et nous partage d'ores et déjà cinq de ses coups de cœur, avec un certain éclectisme depuis le death metal des Bretons Venefixion jusqu'au hard rock à paillette et avec maquillage des Américains Kiss, en passant par le rock progressif des Britanniques Porcupine Tree, le thrash metal des Américains Municipal Waste ou le post-punk des Finlandais Grave Pleasures. Branchez les guitares...
KISS (Main Stage 01 - 15 juin - 22h55)
Oui, les papys du hard-rock bougent encore. Mais plus pour longtemps… Certes, Kiss nous fait le coup de la tournée d’adieu depuis un bon bout de temps déjà et ils sont déjà passés deux fois au Hellfest. Mais cette fois-ci, c’est (à priori) la bonne : le groupe va officiellement passer la main le 31 décembre prochain. Leur concert en tête d’affiche le premier soir de cette édition 2023 sera donc leur toute dernière prestation en France. Rien que pour ça… Et puis avec Kiss, vous en avez pour votre argent : oui, il y aura des écrans géants, oui, il y aura des paillettes, oui, Gene Simmons va sûrement cracher du (faux) sang avant d’étendre ses ailes et de s’envoler lors de son solo de basse et oui, vous allez (ne faites pas semblant) sûrement remuer du popotin sur ‘I Was Made For Loving You’ qu’ils vont forcément jouer. Bref, un spectacle digne de Las Vegas, un peu kitsch peut-être, un peu rétro aussi mais terriblement fun et rock n’roll.
VENEFIXION (Altar - 16 juin - 11h05)
Un peu de chauvinisme : on retrouve comme d’habitude pas mal de groupes français à l’affiche, entre les revenants (Silmarils et sa fusion 90’s), les vétérans du punk rock (Ludwig Von 88) ou les disciples d’un metal extrême païen flamboyant (Belenos). Mais s’il ne faillait n’en garder qu’un, en toute subjectivité, on choisit Venefixion. Déjà parce qu’ils sont Rennais et ensuite parce qu’en plus d’être le refuge d’une bande de petits jeunes ayant déjà une solide expérience dans le cracra underground (Cadaveric Fumes, Hexecutor, Sépulcre, etc.), ils ont sorti en 2021 l’un des meilleurs albums dans le genre, un A Sigh From Below capable de nous transporter à nouveau en 1992 à l’époque où le genre (le death-metal) était encore jeune et frais, mais sans pour autant que cela ne soit du racolage de bas étage. Riffs sentant l’abattoir, maquillages sépulcraux sur scène, attitude frondeuse… Ces mecs-là ont tout compris.
PORCUPINE TREE (Main Stage 01 - 17 juin - 18h40)
Les fans de metal ont découvert Steven Wilson lorsque ce dernier a accepté de produire Blackwater Park d’Opeth. Il avait alors enfin donné aux Suédois l’assise dont ils avaient besoin pour donner naissance à un chef d’œuvre d’équilibre entre metal extrême, folk et rock progressif. Une réussite qui a déteint en retour sur Wilson, qui s’est mis à durcir le ton avec son groupe Porcupine Tree. À la base créé en 1987, il œuvrait dans un style originellement beaucoup plus psychédélique et proche de Pink Floyd. Mais cette mutation lui a ouvert les portes d’un tout nouveau public. Après dix ans d’absence, le groupe a sorti récemment Closure/Continuation, disque exigeant et en même temps étonnement fluide, où la complexité des arrangements ne prend jamais le pas sur les compositions, toutes imprégnées de ce flegme typiquement britannique. Très populaire en France, accompagné à la batterie du batteur superstar Gavin Harrison (King Crimson, The Pineapple Thief), du prog de haute volée.
MUNICIPAL WASTE (Warzone - 17 juin - 01h00)
Dans les années 80, pour faire du bon thrash il fallait : un skate, une casquette à la visière bien relevée, un bandana, des shorts hawaïens, des baskets, un solide sens de l’humour et du riff qui tue. Ces méricains ont tout ça en stock, mais pas que. Ce n’est pas pour rien qu’ils sont en grande partie responsables du revival que cette scène a connu au début des années 2000 et avec un line-up comptant désormais deux guitares, leur puissance de feu a été décuplée. Pas de prise de tête ici, les titres font souvent deux minutes au maximum et ça parle aussi bien d’un magicien sadique que d’une bande de fêtards transformés en zombies à cause d’une bière frelatée. Bref, c’est un peu débile mais survitaminé. Et surtout, cela nous promet à coup sûr l’un des plus gros mosh pit du weekend. Conseil d’ami : préparez votre armure en téflon car vous en aurez besoin…
GRAVE PLEASURES (Temple - 18 juin - 17h45)
En 2013, sans crier gare sort Climax, l’unique album de Beastmilk. Emmené par un chanteur anglais mystique ayant fait ses armes jusqu’à maintenant dans le black-metal et accompagné de musiciens finlandais, c’est la rencontre inattendue entre le metal et le post-punk. Un peu comme si The Cult faisait des reprises de Joy Division. Oui, c’est possible et le résultat est assez étonnant. Ça se danse et c’est en même temps froid et, oui, foutrement sexy. Suite au départ de l’un de leurs membres fondateurs, le groupe doit se rebaptiser Grave Pleasures tout en continuant dans la même veine, comme l’a récemment confirmé leur nouvel album Plagueboys. Cinq ans qu’on attendait de les revoir à Clisson, après une première prestation très remarquée en 2018.