À l'automne dernier, la défenseure des droits était saisie par l'Association des Paralysés de France et l'Afm-Téléthon pour dénoncer la pénurie d'auxiliaires de vie avec des conséquences dramatiques pour les personnes handicapées, évoquant même la mise en danger de la vie d'autrui. À Rezé, près de Nantes, Nicolas Lartigue en fait l'amère expérience.
À 27 ans, Nicolas Lartigue n'a pas eu d'autres choix que de revenir vivre chez ses parents. Le jeune homme handicapé moteur avait pourtant gagné son indépendance de haute lutte.
Depuis deux ans, le jeune rezéen vivait seul dans un appartement entièrement adapté avec l'aide d'auxiliaires de vie, mais depuis deux mois, c'est le triste retour à la case départ.
Et pour Nicolas, l'obligation de renoncer à son mode de vie.
Je ne me voyais pas vivre en collectivité et encore moins avec mes parents. Pour moi l'autonomie, c'est vraiment la liberté
Nicolas LartigueJeune adulte, handicapé moteur
Dans son appartement, Nicolas bénéficiait de l'intervention indispensable d'une auxiliaire de vie trois fois par jour, 7 jours sur 7.
Au fil des mois, les absences se multiplient, le personnel est difficile à trouver. Nicolas n'a pas d'autre solution que de retourner vivre au domicile de ses parents. Une situation difficile à vivre pour le jeune homme comme pour sa maman Sylvie qui témoigne.
Le retour à la maison, ça change tout pour tout le monde, c'est-à-dire qu'il faut que le matin, quand il se lève, il faut qu'on l'accompagne aux toilettes, qu'on le fasse manger, qu'on l'habille. Le soir, il faut donner la douche, faire à manger. Ça veut dire que ce n'est pas un temps pour nous
Sylvie Lartiguemaman de Nicolas
Et puis, on est des parents qui nous occupons de notre fils de 27 ans, du coup, c'est dur moralement pour tout le monde"
L'aide personnalisée, un secteur en tension
L'entreprise nantaise qui fournit les prestations d'aide à domicile de Nicolas est confrontée à la forte pénurie de salariés.
Anastasia Gaillard, responsable de l'agence ADHAP Nantes Est constate la désaffection des volontaires.
"Il y a trois ans de cela, on avait des candidats et là, ça fait une bonne année qu'on est en grosse difficulté de recrutement. C'est certainement lié à un manque d'attractivité du métier, voire un manque de considération. On reçoit à peu près une vingtaine d'appels à l'aide d'aidants qui ont besoin d'être soulagés et on ne peut pas leur tendre la main… C'est la réalité d'aujourd'hui".
Nicolas, lui, revient régulièrement dans son appartement en espérant y vivre de nouveau.Il a contacté d'autres entreprises et associations d'aide à domicile. Sans succès pour l'instant.