Après les téléphones portables ou les appareils ménagers, c'est au tour des bateaux d'être reconditionnés... Un chantier du Pouliguen vient de se lancer dans ce créneau. Plus écologique et plus économique, ce marché a trouvé son public.
Reconditionner des bateaux... Ce chantier nautique du Pouliguen, près de La Baule, s'est lancé dans cette aventure, il y a un an et demi. Et déjà, la formule séduit de plus en plus de plaisanciers.
Jean-François Perraud a acheté son bateau neuf dans les années 2000, mais il navigue de moins en moins avec. D'une valeur sentimentale, il a préféré le reconditionner pour le louer plutôt que de le vendre à un petit prix.
Il en aura pour 7 000 euros de travaux. "Je voulais rénover le bateau en gardant le maximum de pièces existantes. Et mettre le bateau en location me permet de la garder et de l'utiliser quand j'en aurai vraiment besoin. C'est une formule qui me convient très bien", explique-t-il.
Reconditionner ne signifie pas tout changer. Bien au contraire. L'objectif est de garder un maximum de pièces d'origine pour réduire les coûts et surtout limiter les déchets.
L'idée, c'est de se dire comment faire en sorte de remettre un bateau en état tout en limitant la création de déchets
Thierry BoussionDirigeant du chantier Yuniboat
Thierry Boussion prospecte dans les ports pour trouver de vieux bateaux qu'il pourrait retaper comme celui-ci, mis en vente 16 000 euros. Neuf, il vaut 56 000 euros... "Ça, c'est un Cap Camarat 615 qui a trente ans et quand on l'a récupéré, c'était vraiment un bateau abandonné depuis un certain nombre d'années. On a 85% des pièces qui sont d'origine ou reconditionnées", explique Thierry Boussion, dirigeant du chantier Yuniboat.
En moyenne, en France, la durée de vie d'un bateau est de 40 ans. Beaucoup finissent en épave ou à la casse. Au lieu de les jeter, ce chantier les récupère pour les recycler. Ici peu de choses se perdent. Le plexiglas sera traité pour être réutilisé. La porte en bois sera elle aussi restaurée.
Une nouvelle réflexion dans les apprentissages
"Je vais la poncer pour lui donner un côté plus présentable et ensuite, on va pouvoir la remonter et la refixer sur le bateau afin de préserver la pièce d'origine et ne pas avoir à racheter des pièces qui existent déjà", explique Aurélien Catalan, salarié du chantier Yuniboat.
Depuis quelques semaines, les élèves de l'Institut nautique de Bretagne travaillent sur un modèle unique donné par le chantier du Pouliguen. Redonner une seconde vie à un bateau demande une nouvelle réflexion dans les apprentissages.
"A travers nos formations, on essaie de mettre un peu de logique, d'économie circulaire, de recyclage et de sauvegarde de l'environnement
Eric CarretResponsable des formations techniques
Pour les élèves en reconversion, comme Guillaume de La Péchardière, cette aventure va au-delà d'un simple chantier de reconditionnement : "Il faut traiter le bateau dans sa globalité. C'est très varié car on peut aussi repenser les systèmes électriques par exemple. Ça permet d'avoir un chantier plus long, plus large et finalement plus intéressant".
Le chantier du Pouliguen reconditionne 10 bateaux par an actuellement. L'objectif est de passer à une phase industrielle, pour développer une vraie filière, avec à la clef, 4 créations de postes.
Un reportage d'Elodie Soulard, Vincent Calcagni et Sophie Boismain