Placé sous l'autorité de la préfecture de Loire-Atlantique, cet observatoire permettra de disposer d’un état des lieux exhaustif des problématiques de sécurité rencontrées par les agriculteurs qui dénoncent l'"agribashing" dont ils se disent victimes.
Élevages envahis, pesticides mis à l'index : contesté par une partie de la société pour ses pratiques, le monde paysan s'est rebiffé en 2019 contre l'"agribashing", au risque de voir la FNSEA accusée de se victimiser pour éviter le débat.
Contre ces menaces qui pèsent sur la monde agricole, les ministres de l'Agriculture et de l'Intérieur ont demandé la création d'observatoires départementaux.
En Loire-Atlantique, c'est désormais chose faite. Mise en place par la préfecture, "cette structure permettra, au moyen de réunions régulières, de disposer d’un état des lieux exhaustif des problématiques de sécurité rencontrées par les agriculteurs et d’élaborer des solutions communes, efficaces et concertées".
Vendredi, les procureurs de Nantes et de Saint-Nazaire, les représentants de la Chambre d’agriculture et des syndicats agricoles (FNSEA44, Jeunes agriculteurs, Coordination rurale, Confédération paysanne), la direction départementale des territoires et de la mer, la direction départementale de la protection des populations, les forces de l’ordre (gendarmerie et police) se sont retrouvés pour une première réunion.
Cette première réunion avait un triple objectif : dresser un état des lieux de la situation, coordonner des actions de prévention et d’information et proposer des solutions rapides et coordonnées afin de lutter contre les menaces et les agressions dont sont victimes les agriculteurs.
"L’agribashing se traduit en Loire-Atlantique par des faits restant ponctuels, qui suscitent néanmoins chez certains exploitants un sentiment de malaise voire d’inquiétude", explique Claude d'Harcourt, le préfet de Loire-Atlantique.
Ce ne sont pas moins de 15 000 faits qui ont été enregistrés au 1er novembre 2019 en zone gendarmerie en France.
En Loire-Atlantique, 425 faits d’atteintes aux biens concernant le monde agricole ont été relevés l'an passé. Une hausse de 4,94%.
Fin novembre, le ministre de l'agriculture Didier Guillaume dénonçait "71 actes délictueux dans des élevages depuis le début de l'année".
Au point que le gouvernement a décidé la mise en place d'une cellule spécifique, nommée Déméter, à la Direction générale de la gendarmerie, pour identifier et poursuivre les auteurs d'intrusions ou d'agressions chez des agriculteurs.
"Une gesticulation pour faire diversion"
L'agribashing dénoncé par la FDSEA "est une gesticulation pour faire diversion, pour esquiver les sujets de fond", assure Brigitte Gothière, cofondatrice de l'association de défense des animaux, L214.Pour Nicolas Girod, porte-parole national de la Confédération paysanne, lorsqu'elle brandit l'agribashing, la FNSEA a tendance à "refuser d'entendre que le modèle est allé trop loin, dans une certaine intensification, voire une industrialisation du vivant, animal et végétal, qui a coupé les liens avec le reste de la société".
Des accusations que réfute Christiane Lambert, la présidente de la FDSEA. "On est au travail, mais 100 arbres qui poussent font moins de bruit qu'un arbre qui tombe. Il y a des gens qui ne veulent pas entendre ce qu'on fait", clame-t-elle.
Des agriculteurs tentent de leur côté de faire oeuvre de pédagogie comme ce collectif qui a lancé début septembre un numéro d'appel gratuit "Ici la Terre", pour répondre aux questions des urbains au sujet des pratiques agricoles. Il a reçu, selon ses créateurs, "un peu plus de 300 appels" le premier mois.