Un pylône électrique échoué dans les douves du château, une cabine téléphonique transformée en aquarium: l'art contemporain s'immisce à nouveau tout l'été dans les rues de la cité des ducs de Bretagne pour la cinquième édition du "Voyage à Nantes".
Une cinquantaine d'oeuvres, éphémères ou pérennes, ponctuent ce parcours urbain et culturel, disséminées dans les musées et les espaces publics de la ville, le long d'une ligne verte tracée au sol, qui guide sur 12 km le visiteur d'une étape à une autre, jusqu'au 28 août.Comme un absurde accident, un pylône électrique rouge et blanc, objet habituellement implanté en périphérie d'une ville, a échoué dans les douves du château des ducs de Bretagne ("Undercurrent" du collectif HeHe). Avec "Évasion urbaine", l'artiste Benedetto Bufalino fait revivre un objet en voie de disparition, une cabine téléphonique transformée en aquarium, dans un lieu tenu secret jusqu'à l'ouverture de la nouvelle édition du "Voyage à Nantes", vendredi soir.
Dans la piscine Léo-Lagrange, l'installation "Mes tripes sont des poissons d'argent" de Julien Salaud représente un banc de plus de 300 poissons argentés, sortis du ventre d'un personnage d'un blanc immaculé, un moulage de l'artiste qui trône au niveau du perchoir, se déployant au-dessus du grand bassin et des nageurs.
Occupée par les travaux du tramway, la place du Bouffay, dans le quartier médiéval du centre de Nantes, est surplombée par un mobile imposant signé Julien Berthier, et inspiré d'Alexander Calder, prolongation du chantier. Chacune des pièces de l'oeuvre, intitulée "Temps étrangers" et tenue par une grue, a été découpée dans des containers, "comme si les ouvriers entre midi et deux avaient décidé de produire de l'art", explique l'artiste.
Ville de la créativité
Sur l'île de Nantes, rue de la Tour d'Auvergne, le collectif d'architectes Vecteur accompagne le chantier de construction de quatre îlots avec l'installation "Oscillation", une palissade en bois qui invite à la déambulation dans l'espace public.L'art s'introduit jusque dans les aménagements urbains de la ville, avec "Traverses" du metteur en scène Aurélien Bory, qui, pour répondre à une problématique de voirie sur un boulevard de l'île de Nantes, a dessiné sur la chaussée des bandes blanches tordues et ondulées pour pousser les voitures à ralentir.
Le "Voyage à Nantes" est né en 2012 d'une volonté de faire connaître le dispositif culturel de la ville "au-delà du public nantais", en faisant "aux touristes une offre artistique et culturelle assez extravagante", "la plus originale possible", qui permette "en même temps de découvrir la ville", explique son directeur général, Jean Blaise, déjà créateur du parcours "Estuaire" entre Nantes et Saint-Nazaire ou des "Nuits blanches" à Paris.
"Toutes ces interventions, tous ces signes finissent par transformer l'ambiance de la ville (...). Notre objectif, notre espoir, c'est qu'à terme, dans les dix années à venir, Nantes devienne la ville de la créativité", assure-t-il.
Le "Voyage à Nantes" revendique quelque deux millions de passages sur les étapes de son parcours estival. Poids lourd culturel de Nantes, la société publique locale dotée d'un budget annuel total de 27 millions d'euros gère d'autres sites, dont le Château des ducs de Bretagne, le Mémorial de l'abolition de l'esclavage et "Les Machines de l'île" et son célèbre éléphant géant.