Un couple homosexuel a été condamné ce lundi 28 octobre 2024 par le tribunal correctionnel de Nantes après son agression raciste d'une voisine enceinte de huit mois, deux jours plus tôt, à Châteaubriant, en Loire-Atlantique.
Les deux hommes avaient accusé cette "sale bougnoule", devant son fils de 4 ans, de "faire des enfants pour la CAF" et de "profiter des allocs". "L'année prochaine, ce sera fini", avait même lancé l'un d'eux en allusion aux promesses de restrictions budgétaires du gouvernement Barnier.
Le plus jeune, âgé de 36 ans, un demandeur d'emploi qui vit de ses allocations chômage, avait également donné des "coups dans le ventre et dans le menton" de la mère de famille.
La victime, dont le terme de la grossesse est attendu pour le 12 décembre 2024, a d'ailleurs dû être ré-hospitalisalisée dans la nuit de dimanche à lundi en raison de "pertes de sang".
Le différend avait en fait éclaté pour une raison parfaitement "futile", de l'avis de tous : la femme avait reproché à ces deux membres des Chats de Karisann, une association qui vient en aide aux chats errants du quartier, d'être venus une nouvelle fois déposer de la nourriture "sous ses fenêtres" de la rue César-Franck, dans le quartier défavorisé de la Ville-aux-Roses.
Après avoir été traitée de "sale race", elle aurait invité ces "sales pédés" à aller "crever avec leurs chats".
"Il aurait dû dire "connasse" ou "pétasse"
En garde à vue, les deux hommes avaient réfuté toute violence, accusant la victime de faire "du cinéma" et avaient annoncé leur intention de porter plainte à leur tour pour ses "propos homophobes".
"C'est vrai que Jérémy n'aurait pas dû dire "Sale race"... Il aurait dû dire "Connasse" ou "Pétasse"", a ainsi cru bon de dire le plus vieux des deux, un homme âgé de 50 ans, dans le box des prévenus.
"Il a dit ça parce qu'il était énervé, et parce qu'il y a plein de choses qui défilent sur Facebook et sur Tiktok sur le gouvernement qui veut supprimer les allocs." Cet agent de nettoyage avait aussi émis l'hypothèse que leur victime se soit vu prescrire ses deux semaines d'ITT en faisant "des travaux dans son appartement" ou en "se grattant le menton".
Ce bénéficiaire de l'Allocation Adulte Handicapé (AAH) avait déjà reconnu, en garde à vue, qu'il était "bête" d'en venir à une telle extrémité "pour une histoire de chats".
"C'est bien de s'occuper des animaux, hein, mais c'est bien aussi de respecter ses voisins et les femmes, par exemple", lui a lancé à l'audience la présidente du tribunal correctionnel de Nantes.
Selon l'avocate de la voisine du couple, les médecins ont évoqué l'idée de déclencher son accouchement alors qu'il est "trop tôt pour que ce bébé vienne au monde". "Pour l'instant, il va bien, on peut s'en réjouir, mais ma cliente a perdu du sang cette nuit", a bien rappelé Me Maëva Biger.
Un "comportement d'une bassesse assez écœurante"
Pour ce "comportement d'une bassesse assez écœurante", où des coups ont été donnés "au risque" que cette femme de ménage "en perde son bébé", la procureure de la République avait demandé quatre ans de prison dont un avec sursis simple, une interdiction de contacts avec la victime pendant trois ans et un mandat de dépôt.
Si l'avocat du plus âgé des deux prévenus avait convenu que les insultes de son client étaient "abjectes" et ses explications "maladroites", il estimait ces réquisitions "complètement ahurissantes".
Me Corentin Roger a aussi souligné que les "insultes homophobes" de la victime étaient "tout aussi inadmissibles". Sa consœur qui défendait le plus jeune des deux hommes avait elle plaidé une relaxe pour les violences : seules ses "insultes racistes" devaient être sanctionnées.
"Je veux déménager du quartier et reprendre mon activité demain matin : mon patron doit m'attendre et, si ça se trouve, j'ai déjà perdu mon CDI... C'est bien moche", avait commenté pour sa part l'agent de nettoyage de 50 ans.
Lui et son jeune compagnon ont finalement été reconnus coupables des violences et des insultes racistes ; ils ont écopé de dix-huit mois de prison avec sursis simple, avec une interdiction de contacts avec la victime pendant un an. Les deux membres des Chats de Karisann seront également inéligibles pendant un an.
Sur le plan civil, ils devront indemniser la mère de famille au terme d'une audience prévue en mars 2026. Dans l'attente, ils devront verser une première provision de 1 000 € à la victime.
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