Leur facture augmente mais ils n'ont pas le chauffage. Les habitants de la tour Suisse, dans le quartier de Malakoff à Nantes, ont le sentiment d'être abandonnés par leur bailleur.
La tour Suisse est un des logements collectifs du quartier Malakoff à Nantes. Comme les autres, elle est chauffée grâce au réseau de chaleur de la ville. Enfin, elle devrait être chauffée.
Car depuis le 24 octobre, date à laquelle le chauffage au sol doit entrer en fonction, rien n'a évolué. Le sol reste froid et les logements sont de plus en plus glaciaux en novembre, avec les températures extérieures en diminution.
"On paye pour le chauffage et en plus il a augmenté !"
Avec son mari et ses trois enfants, dont un tout petit d'un mois, Morjane s'est installée dans une seule pièce de leur appartement pour tenter de conserver un peu de chaleur. Au mieux, il y fait 16°C parce que la pièce est bien exposée et possède un petit chauffage d'appoint.
"Ça fait 20 jours qu'on réclame, déplore Morjane, mais il n'y a aucune démarche pour faire monter le chauffage."
Parfois, avec la chaleur du four qui est dans la cuisine, la température monte un peu.
"Quand on appelle, ils disent « on va passer ». Mais il n'y a aucune démarche ensuite," se désole Morjane qui cumule sur elle des couches de vêtements et de chaussettes pour ne pas avoir froid.
Et comble de l'ironie : "On paye pour le chauffage et en plus il a augmenté !" ajoute-t-elle. Et, du fait du chauffage d'appoint, la facture d'électricité a aussi augmenté.
"Nous avons des températures qui oscillent entre 12 et 15°", témoigne Sylvie, une voisine. Sylvie nous emmène dans une pièce inoccupée, le bureau, et prend le thermomètre pour nous le montrer. Il affiche entre 11 et 12°C.
"Il faudrait dormir avec un bonnet"
"Mon fils nous a dépanné avec un chauffage électrique, raconte Sylvie. On utilise aussi le four et on vit avec mon mari dans le salon. Quand on se couche le soir, on s'emmitoufle dans les joggings et on a trois couettes dans le lit. Ce matin, on avait froid à la tête. Il faudrait dormir avec un bonnet."
La communication avec le bailleur est difficile. Les locataires ont affaire souvent à une plateforme téléphonique qui enregistre la demande mais ne passe pas à l'action.
"Elle était blême de froid !"
Une autre voisine est partie vivre chez des connaissances pour avoir plus chaud. "On a une vieille dame au 11e étage, raconte Sylvie. Quand sa fille est arrivée, elle était blême de froid !" Une autre habitante, assistante maternelle, craint de se voir retirer les enfants qu'elle garde.
Des locataires se souviennent d'une situation similaire en 2020. Elle n'avait pas été suivie de remise de charges. Un chauffagiste venu récemment pour d'autres travaux a parlé d'un problème de purge mais sans pouvoir intervenir, faute d'avoir été sollicité par CDC Habitat, le bailleur.
Les habitants de la tour Suisse de Malakoff ne cessent d'appeler. Sans résultat jusqu'à ce lundi.
"Ce sont des systèmes qui sont capricieux"
Sollicité par nos soins pour une explication, le bailleur social CDC Habitat nous a répondu que le prestataire chargé de la maintenance du système de chauffage de la tour Suisse était alerté.
"L'information nous a été donnée le 24 novembre explique Sophie Cézanne, directrice interrégionale adjointe. Depuis, nous agissons notamment auprès de notre prestataire pour qu'il intervienne pour remettre en route le chauffage et obtenir le niveau de température que nous devons à nos locataire et qui est de 19°."
Selon Sophie Cézanne, une intervention a eu lieu ce lundi matin et une température de 20° à 21° a été mesurée dans les logements par des gens de CDC Habitat. Ce qui est contradiction avec ce que nous avons constaté sur place.
"Ce sont des systèmes qui sont capricieux, ajoute Sophie Cézanne et il peut arriver qu'au moment de la mise en chauffe il y ait un déséquilibrage qui nécessite une intervention. Ça peut prendre un petit peu de temps et nécessiter d'y aller plusieurs fois."
Un geste commercial
Le bailleur se dit donc face à une panne "pas simple", entend que ce délai d'attente est trop long et promet un "geste commercial" sous la forme d'une remise sur les avis d'échéance des locataires en janvier 2023.