Amiante : les syndicats répertorient "60 morts supplémentaires" parmi les ex-salariés du Tripode

Le combat pour la reconnaissance du Tripode comme un bâtiment "amianté" continue pour les anciens salariés, réunis jeudi 30 novembre pour déplorer "60 morts" parmi les ex-salariés "perdus de vue" depuis 2005.

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En 2016, une étude montrait que les anciens salariés du Tripode, bâtiment de bureaux nantais bourré d'amiante et rasé en 2005, décédaient en moyenne 6 ans plus tôt que d'autres salariés dans un secteur comparable. Depuis, les syndicats veulent faire reconnaître le bâtiment comme "amianté" pour mettre en place un départ en pré-retraite pour les 400 salariés encore en activité. Sans succès.

D'autant que près de soixante agents de l'État y ayant travaillé, considérés jusqu'à aujourd'hui comme "perdus de vue, sont "bien morts", a-t-on appris jeudi auprès d'une intersyndicale d'ex-fonctionnaires.

"Depuis un an, on n'arrive pas à savoir si 146 agents "perdus de vue" sont bien morts ou vivants, même si une étude de mortalité les présume vivants. Or, on vient d'apprendre que 59 d'entre eux sont morts et une vingtaine sont toujours "disparus" ", a expliqué à l'AFP Francis Judas, membre de l'intersyndicale CGT-CFDT-FO-Solidaires-Unsa des "amiantés du Tripode".

"Ces 60 morts supplémentaires nous ont été dissimulées", a-t-il accusé. "Pour nous, ce n'est pas facile à encaisser. C'est plus que le nombre total de morts comptabilisées dans l'étude de mortalité, qui était de 55 décès entre 2007 et 2012, et qui a motivé le refus du classement du Tripode en site amianté."

Des réponses fin janvier

En mars, l'ex-Premier ministre Bernard Cazeneuve avait refusé "en l'état" de classer en site amianté l'ancienne tour de dix-huit étages, qui a vu défiler pendant vingt ans 1 800 fonctionnaires, issus de l'Insee, du Trésor public, du ministère des Affaires étrangères et d'un restaurant inter-administratif.

Évacué de ses occupants en 1993, le bâtiment avait été rasé le 27 février 2005 après avoir été délesté de 350 tonnes d'amiante. L'ancien locataire de Matignon avait expliqué que la législation actuelle ne permettait pas un tel classement, mais qu'elle pourrait être modifiée "s'il s'avérait que l'exposition constatée était d'un niveau exceptionnel pour un bâtiment administratif".

M. Cazeneuve avait donc mandaté l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) pour qu'elle compare la situation des personnels du Tripode "avec d'autres situations d'exposition à l'amiante, en particulier dans le secteur privé". L'Igas doit remettre ses conclusions "fin janvier", mais les dernières données de mortalité modifient "profondément le sens" de sa mission, écrit l'intersyndicale du Tripode dans un communiqué.

"On renouvelle donc notre demande d'un classement immédiat du site", a indiqué M. Judas. Ce classement permettrait aux 20% d'agents encore actifs -soit moins de 400 personnes- de bénéficier d'un départ en pré-retraite amiante. Interdit depuis 1997, l'amiante serait responsable chaque année de plus de 3.000 décès. Selon les autorités sanitaires, ce matériau isolant pourrait provoquer jusqu'à 100.000 décès d'ici à 2025, les maladies pouvant survenir jusqu'à 40 ans après l'exposition.

Reportage de Céline Dupeyrat et Daniel Le Floch, avec comme interlocuteurs : 

  • Pierric Onillon, Intersyndicale Tripode CFDT
  • Yvon Kerhervé, Retraité de l'INSEE

 

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