Depuis plus de 40 ans, le groupe nantais Bouskidou joue dans la cour de récréation du rock pour mômes et assimilés. Il revient avec Bouskiland, un spectacle 100 % cousu main et sans effets spéciaux au Théâtre 100 Noms à Nantes les 26 et 27 décembre… avant une tournée mondiale, voire au-delà !
Caca boudin. Parfaitement, Caca boudin. Et vous savez quoi ? Ça fait un bien fou de l'écrire, vous ne pouvez pas imaginer. D'autant qu'on ne peut pas m'accuser de grossièreté à la légère, c'est simplement le titre d'une des chansons de Bouskidou. Alors oui, Caca boudin. Voilà. Notez que j'aurais pu aussi vous parler de Mange, une autre chanson de leur répertoire, mais je vais en garder un peu pour la fin.
Car ce qui nous intéresse aujourd'hui, c'est le nouveau spectacle que Bouskidou, groupe de pop-rock pour les mômes depuis un peu plus de 40 ans, donnera les 26 et 27 décembre de cette année au Théâtre 100 Noms à Nantes. Bouskiland est son nom, un nom qui fleure bon le parc d’attraction "bricolé à base de pas grand-chose" mais avec "beaucoup de bonne humeur".
Pour nous en parler, la fine fleur du groupe, c'est-à-dire ses quatre musiciens, Mouloud, René, Jean-Mi et Philcro. Interview…
Nous nous étions entretenus en 2016, au moment de votre spectacle Mieux ça serait pire, le temps file à toute vitesse. Ça vous fait peur ?
Mouloud, alias Jean-Michel Maillard (chant, guitare, basse…). Même pas peur ! Nous avons décidé une fois pour toutes de ne pas courir après ce temps qui passe, qu’il fasse ce qu’il veut, nous, on prendra toujours les chemins de traverse…
Il y a deux ans, nous avons fêté ensemble les quatre fois dix ans d’existence de Bouskidou… On a le temps.
Très peu de sirènes se sont intéressées à nous, ou alors, on jouait déjà très fort nos chansons et on n’a rien entendu !
PhilcroBouskidou
Vous me disiez à l'époque que vous n'avez jamais concouru dans la même catégorie que les Chantal Goya et autres Dorothée et que vous n'avez jamais été intéressés par les paillettes. Il vous a fallu de la détermination pour ne pas céder au chant des sirènes et rester fidèle à vos principes ?
Philcro, alias Philippe Crochet (chant, basse, guitare…). Fort heureusement, très peu de sirènes se sont intéressées à nous, ou alors, on jouait déjà très fort nos chansons et on n’a rien entendu ! Enfin si ! Nous avons juste, une unique fois, cédé aux cancans de l’Oncle Picsou de la World Compagny Disney ! Aventure qui n’a duré que deux ans et nous avons très vite compris que nous avions mieux à faire !
Plus sérieusement, effectivement, nous avons toujours fait le choix de vivre et travailler au pays, avec des gens qu’on aimait. Nous fûmes les premiers à proposer des concerts mis en scène par des pros et avec des techniciens son et lumière, et d’offrir aux enfants un respect quant à la qualité des spectacles. Pour le reste, la chanson jeune public n’a jamais intéressé les médias et de moins en moins les programmateurs.
Vous avez fêté vos 40 ans de scène en 2021. Toute une vie… De quoi envisager une retraite bien méritée ?
René, alias René Béranger (chant, batterie…). Oui, si on considère le métier de chanteur comme occupant 35 h par semaine et seulement nécessaire à nourrir sa famille… Mais musicien, créateur de tout poil occupe notre vie au-delà d’un gagne-pain. Donc tant que la scène reste notre cour de récréation et que les enfants d’hier ou d’aujourd’hui viennent nous voir… Ok, on s’arrêtera quand nous n’aimerons plus rire de nos bêtises.
Aujourd'hui, avec 42 ans de scène et 15 albums au compteur, quel regard portez-vous sur votre parcours ?
Jean-Mi, alias Jean-Michel Vinchon (chant, basse…). On a eu de la veine, on l’a provoquée souvent, on s’est plantés des fois, amusés beaucoup. Et puis on croit aussi que l’on a vraiment apporté quelque chose de différent. En 81, les guitares électriques n’étaient pas courantes dans ce répertoire, il a fallu faire nos preuves et bousculer un peu ce petit monde. Pour les textes, on s’est vite placés en tant que chroniqueurs du quotidien des familles. Pas moralisateurs, juste observateurs, un peu moqueurs.
Avec des souvenirs incroyables, j'imagine. Quel serait le plus beau, le plus marquant, d'entre eux ?
Mouloud. Nous avons chacun les nôtres, mais on partage tous, tous ces moments de tournées dingues, des concerts dans des lieux improbables… Un mélange de musiques, d’amitiés, de fous rires et de belles rencontres…
Et bien sûr, quand même, le jour où nous avons inauguré un pôle petite enfance avec comme nom "Bouskidou". Là, on s’est regardés et tous les souvenirs cités plus haut ont refait surface.
Du haut de la scène, vous contemplez plusieurs générations. Avez-vous vu votre public évoluer ? Et Comment ?
René. L’enfance reste un pays à part, un univers à protéger. Les enfants d’aujourd’hui restent des enfants avec leurs grandes joies et peines, leurs désirs, leur imaginaire et le naturel salvateur. Des adultes en devenir, mais surtout pas des adultes miniatures comme certains voudraient nous le vendre en raccourcissant au passage la durée de ce temps de l’enfance. Hey les gosses, prenez votre temps !
Mais oui, notre public a évolué parce que maintenant, on a des gamins de 20 ou 40 ans qui viennent nous voir sans même avoir l’excuse d’amener un p’tit frère ou une p’tite nièce…
Philcro. Bien sûr qu’il a fallu du temps pour nous forger notre style, reconnaissable, nous dit-on, nous avons la chance que nos défauts (et qualités !) personnels fassent que se produise une alchimie qui nous épate toujours. Depuis quelque temps, peut-être sommes-nous plus revenus aux fondamentaux : guitares, basse, batterie, voix et roule ma poule !! Et puis le fait d’aller, chacun de nous, voir ailleurs de temps à autre, se frotter à d’autres styles, nous enrichit forcément.
Quelles ont pu être vos grandes influences pendant tout ce temps ?
Jean-Mi. Comme pour les souvenirs, chacun a ses influences. Mais justement, le fait d’avoir chacun de nous un tropisme vers un style de musique comme la country, le jazz ou la pop anglaise nous a enrichi mutuellement. Mais c’est vrai que chaque album porte « l’empreinte « de ce que nous écoutions à l’époque où nous l’enregistrions.
Vous revenez avec un nouveau spectacle, Bouskiland, un spectacle 100 % cousu main sans effets spéciaux, dites-vous. À quoi faut-il s'attendre ?
Mouloud. Rendre ses lettres de noblesse à l’imaginaire ! Quatre lascars qui vous invitent dans leur parc d’attraction bricolé à base de pas grand-chose, mais de beaucoup de bonne humeur. Et au détour d’un grand huit ou du palais des frayeurs, il y a nos chansons en contrepoint.
Petit pied de nez amusé au toujours plus !
Deux dates au théâtre 100 Noms les 26 et 27 décembre. Et après ?
René. Tournée mondiale prévue, ouverture de nombreuses franchises de notre parc Bouskiland, réparation de notre camion qui perd de l’huile, première page des Inrockuptibles et d’Ouest France, édition du vignoble, lancement de nos plateformes Bouskeezer et Bouskiflix, sortie du film "Bouskidou, la légende " etc etc etc... Mais on a le temps !
Merci les Bouskidou