Seules 28 % des entreprises créées en Pays de Loire l'ont été par des femmes en 2018, d'après les chiffres de l'Insee. À Nantes, des femmes dirigeantes de société ont témoigné de leur parcours professionnel auprès de lycéens. L'occasion de dépasser des stéréotypes et peut-être de susciter des vocations.
Rien de tel qu’un échange entre des femmes chefs d’entreprises et des lycéens pour rompre avec les stéréotypes qui perdurent dans le monde de l’entrepreneuriat.
"J’ai sauté dans le vide, rien n’est impossible", raconte Anne-Françoise Pauty, 58 ans, à la tête de l’agence événementielle La Louve depuis 10 ans. Autour d’elle, une dizaine de lycéens de 1ʳᵉ STMG du lycée nantais Les Bourdonnières l’interrogent sur son parcours professionnel.
En tant que femme, j’ai parfois dû surmonter des réticences. Pour être crédible, j’ai dû redoubler d’efforts pour prouver que j’avais les capacités. Mais cette liberté n’a pas de prix.
Anne-Françoise PautyDirigeante La Louve
"Quelles sont les compétences à avoir pour devenir chef d’entreprise ?", lui demande un lycéen. Anne-Françoise Pauty délivre ses conseils, "être curieux, bien s’entourer, anticiper, continuer à se former".
En petits groupes, près d’une centaine d’élèves de 1ʳᵉ ont ainsi échangé avec des femmes chefs d’entreprises ce 19 mars 2024, à la Chambre de commerce et d'industrie de Nantes. Ces rencontres sont organisées partout en France du 11 au 29 mars, par l’association 100 000 Entrepreneurs, le réseau Femmes Chefs d’Entreprises (FCE) et les chambres de commerce.
Les stéréotypes liés à l’orientation ou l’environnement familial toujours d'actualité
Au 1ᵉʳ semestre 2018, seuls 28 % des entreprises créées en Pays de la Loire l’ont été par des femmes, d'après une étude de l’Insee publiée en mars 2024, pourtant elles occupent la moitié des emplois. En France, Les femmes représentent 30 % des entreprises et 40 % des entreprises individuelles.
"C’est plus difficile pour une femme de devenir cheffe d’entreprise", réagit une lycéenne. Selon elle, "les hommes sont plus du genre à prendre les décisions, comme dans les foyers".
Ces rencontres ont justement comme objectifs de faire évoluer les mentalités et tordre le cou à certains préjugés encore bien ancrés dans la société.
"C’est essentiel de témoigner auprès des jeunes sur le fait que les femmes peuvent entreprendre, explique Caroline Ivanoff Reilhac, dirigeante d’une entreprise de conseil international aux entreprises et membre de deux réseaux d'entrepreneuriat féminin.
C'est hyper important d'avoir ce rôle de modèle auprès des jeunes, des jeunes femmes pour leur donner envie et des jeunes hommes pour qu'ils soient un soutien et qu'ils comprennent aussi que ce n'est pas qu'une affaire d'homme.
Caroline Ivanoff ReilhacDirigeante ICCI
Les lycéennes et les lycéens sont d'ailleurs curieux de l'équilibre vie professionnelle et vie privée. "Il y a des moments où, en tant que femme, je trouve ça plus compliqué, notamment lors du congé maternité, convient Eloïse Renaudot, assistante sociale et dirigeante de la société Ressources Sociales. En tant que chef d'entreprise, on peut être remplacé sur certaines missions, mais pas sur tout."
"Je pense qu'on ne nous a pas inculqué qu'on pouvait être indépendante. On a toujours cette petite voix de l'équilibre, de la bonne épouse, la bonne mère et de bien faire son travail, ajoute Caroline Ivanoff. Ce n'est pas toujours facile d'assumer ces trois rôles-là en même temps."
Le social et la santé, des secteurs plus investis par les femmes
Les données de l'étude de l’INSEE, publiées en mars 2024, relèvent que les femmes créatrices d’entreprises sont plus diplômées que les hommes (70 % contre 53 %) et aussi plus jeunes, 18 % d’entre elles ont moins de 30 ans contre 14 % des créateurs, en Pays de la Loire.
"La répartition des femmes et des hommes par secteur d’activité laisse encore apparaître une spécialisation genrée prononcée dont les prémices s’observent très tôt dans le parcours scolaire, analyse l’Insee. Le premier déterminant de la féminisation des secteurs d’activité est l’orientation initiale et le choix du métier à l’école".
45 % des entreprises créées par les femmes se concentrent sur les secteurs de la santé, le social et les activités spécialisées, scientifiques et techniques. Inversement, dans les secteurs traditionnellement masculins, la construction, le transport, la représentation des femmes chefs d’entreprises est très faible.
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