De nouvelles technologies uniques en Europe pour revaloriser les déchets ultimes, impossible à recycler et pour l'instant enfouis sous terre. Le groupe Brangeon s'apprête à inaugurer un centre de traitement à la Poitevinière dans le Maine-et-Loire, il sera opérationnel à partir de juillet prochain.
C'est un triste spectacle, celui du bout de la chaîne de tri. Sur le site de stockage d'Indre-et-Loire, l’un des 200 du pays, reste les déchets ultimes, ceux qui, faute d’avoir pu être recyclés, sont enfouis pour une durée indéterminée.
Dans cette autre déchèterie, à Clisson près de Nantes, trente tonnes de déchets ultimes sont prises en charge chaque jour. Elles proviennent principalement de l’industrie.
"Ici, on est sur un exemple typique d’un morceau avec une bâche plastique extérieure et du carton à l'intérieur. Nous, on ne va pas pouvoir trier ça avec un engin parce qu’il faudrait retirer la fraction carton et remettre le plastique de côté", explique Nicolas Roulleau, responsable du centre de tri.
Une technologie unique en Europe
Le groupe Brangeon pourrait avoir trouvé une solution. Il s’apprête à inaugurer, à la Poitevinière dans le Maine-et-Loire, une usine dotée d’une technologie unique en Europe. Objectif : réduire de moitié le nombre de déchets enfouis chaque année
"Là, on est au cœur du process, c’est l’endroit où le flux va passer pour être trié pour qu’à la fin ce qu’il reste soit capté par des robots à intelligence artificielle", précise Victor Brangeon, Directeur général du groupe Brangeon.
Pour mettre au point cette technologie et ces fameux robots, les ingénieurs de l’entreprise ont voyagé dans le monde entier.
"Dans les grandes lignes, ce sont différents types de caméras qui vont détecter la couleur, la forme, la matière visible en superficie du produit", précise David Guibert Directeur industriel de Brangeon recyclage.
"On peut avoir du béton, du bois, des résines de plastique, une multitude de matières. Il est assez difficile de savoir si c’est du PE du PP, là ça devient très technique, et par conséquent la machine a cette sensibilité-là", ajoute-t-il.
Au total, le groupe a investi 21 millions d’euros dans ce projet. À terme, 90 % des déchets pourraient être recyclés, contre 80 aujourd’hui. Et l’entreprise espère même aller plus loin.
"Chaque matière doit trouver sa revalorisation"
"L’enfouissement ce n’est pas l’avenir, notre objectif en tout cas, c'est de faire en sorte que chaque matière puisse trouver sa valorisation, cet outil-là, il répond en partie à ce besoin-là, mais il y a encore des progrès à faire. Oui, il va falloir trouver de nouvelles technologies, et puis je pense aussi à l’écoconception, c'est-à-dire que si on produit des produits plus faciles à valoriser, forcément ça diminuera aussi la partie de déchets ultimes" concède Victor Brangeon.
D’ici là, les robots devront apprendre à distinguer correctement les déchets et faire leurs preuves… Les premiers tests commenceront dans quelques semaines et l’usine devrait être fonctionnelle dans les mois suivants.
Le reportage de Carla Butting, Vincent Raynal et marie-Catherine Georgelin
Cette usine est sortie de terre, mais elle n’est pas encore fonctionnelle. En l’état, selon l’Ademe, 20 % des déchets produits sont encore enfouis en France.
Une partie des déchets que nous produisons sont recyclés ou incinérés, mais dans 20 % des cas, les industriels enfouissent les déchets dont personne ne sait que faire dans d’immenses cavités pour une période d’au moins 30 ans.
19 sites d'enfouissements en Pays de la Loire
Des sites d’enfouissement, on en compte 19 en Pays de la Loire. C’est en Vendée qu’il existe le plus grand nombre de sites de stockage avec six installations, dont celle de Saint-Cyr-des-Gâts qui devrait bientôt être étendue.
Mais c’est en Mayenne que l’on stocke le plus puisque les deux sites du département peuvent accueillir à eux seuls 570 000 tonnes de déchets, c’est presque la moitié de la capacité régionale.
Mais cette pratique d’enfouissement des déchets est-elle sans risque ? Pas tout à fait, en tout cas, par le passé, plusieurs incidents écologiques et sanitaires ont eu lieu en France, en particulier, à cause du ruissellement des eaux de pluie. En fait, en traversant les déchets, ces eaux emmènent des substances chimiques toxiques, qui finissent par polluer le sol et les nappes phréatiques.
Alors pour limiter les risques, la législation a évolué. Depuis 1997, une épaisse membrane en plastique doit obligatoirement être installée au fond de ces sites de stockage. Et pour limiter les risques en cas de fuite, ces sites ne peuvent plus être construits à proximité des nappes phréatiques.
17 millions de tonnes enfouies en 2022
Les eaux polluées, elles, sont collectées puis filtrées avant d’être rejetées et les biogaz qui s’échappent des déchets en décomposition sont captés pour être transformés en source d’énergie ou bien brûlés.
Aujourd’hui, le stockage des déchets est donc plus sécurisé qu’auparavant, mais tout le monde, même le président du groupe Brangeon, reconnaît que l'on est loin d’être sur une solution durable.
Au total, en 2022 en France, 17 millions de tonnes de déchets ont été enterrées. On est très loin des objectifs fixés par le gouvernement, qui voulait passer sous la barre des 10 millions de tonnes avant 2025.
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