Découverte. La chanteuse-compositrice Arianna Monteverdi entre folk intimiste et rock indé

Elle a un nom et un prénom à jouer de la musique baroque quelque part dans un palais vénitien mais elle fait de la guitare sous le ciel nantais, Arianna Monteverdi vient de sortir un nouvel album intitulé Multiple, comme le champ des possibles. Interview...

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Elle est d'origine parisienne, a grandi à La Rochelle, vécu en Écosse et en Rhône-Alpes, avant de poser ses valises et ses flight cases à Nantes, Arianna Monteverdi a toujours aimé bouger, elle a toujours aimé la musique aussi, le piano très tôt, dès 6 ans, la guitare plus tard. Arianna vient de sortir son troisième disque, un EP cinq titres qui délaisse le folk pour le rock.

Nous l'avons rencontrée dans un lieu ouvert à tous les vents de la culture, le LU à Nantes. Il est onze heures, l'endroit vient d'ouvrir. Quelques étudiants en visite sur le site, quelques consommateurs au bar, c'est le grand calme, un café et c'est parti...

Bonjour Arianna. Peux-tu tout d'abord nous dire ce qu'est Arianna Monteverdi ? Un projet solo ? Un groupe ?

Arianna Monteverdi. C'était un projet solo à la base. Par défaut en fait. J'étais à l'aise dans ce format-là, je voyais les bénéfices, pas les limites. Je jouais toute seule mais l'enregistrement de l'album Getting Close (son premier album sorti en 2017, ndlr) s'est fait avec d'autres musiciens, notamment Vincent Dupas que j'avais rencontré en arrivant à Nantes et avec qui j'ai fait quelques concerts.

C'est justement ces concerts qui ont été un déclencheur pour moi, je suis passée à la guitare électrique et j'ai écrit différemment. Du coup, j'avais besoin d'une rythmique derrière pour emmener les morceaux là où ils devaient aller, là où je pensais qu'ils devaient aller. L'idée était d'aborder la chose en groupe, avec un leader, une leadeuse en l'occurrence. À chacun de trouver ses parties même si l'atmosphère, la couleur, la direction du morceau étaient déjà là.

Monteverdi pour une musicienne, on ne pouvait rêver mieux...

Arianna Monteverdi. C'est purement un nom de scène. Quand j'ai commencé à écrire des morceaux, j'écoutais beaucoup de folk anglais et américain et il y a dans cette musique-là un format de chanson qui s'appelle les Lament Songs, les chansons de lamentation, Et un jour en fouillant dans la discothèque d'un copain, je tombe sur le Lamento d'Arianna qui est un opéra de Monteverdi. Comme j'étais habité par ce registre folk, que j'écrivais des chansons assez tristes et que ma famille a aussi des origines italiennes, j'ai fait un peu une combinaison de tout ça et ça a donné Arianna Monteverdi. C'était une manière de me réapproprier mon histoire, mais aussi de me moquer de moi-même et de mes chansons tristes. C'est de l'autodérision même si ça ne transparait pas trop.

Ton parcours en quelques mots ?

Arianna Monteverdi.  Mon premier instrument, c'est le piano à six ans, beaucoup de musique romantique, classique jusqu'à mes 16 ans. Après, je suis passée à la guitare pour reprendre ce qui m'intéressait.

Un EP en 2015, un album en 2017, un autre EP aujourd'hui, 3 disques en 6 ans si je compte bien. Du folk d'abord et puis quelque chose de plus rock cette fois. Faut-il y voir une évolution naturelle ?

Arianna Monteverdi. C'est vraiment le fruit de mes influences des années 90 qui ont toujours été là en fait. J'ai grandi avec Pixies, Nirvana, du rock énervé. C'était simplement une question de temps, de maturité...

L'EP s'appelle Multiple. Pourquoi ?

Arianna Monteverdi. C'est la multiplicité des choses, des possibles, le fait d'être en même temps dans la rêverie infinie et le concret, le fait de travailler avec les gars, le fait de devoir faire des choix pour l'album, notamment au niveau des sons avec des possibilités complètement infinies. C'était une volonté d'exprimer tout ça et enfin, avec cette période de confinement, ça m'a permis de ne pas perdre de vue la multiplicité des choses.

Cinq titres qui ont une couleur, une identité forte. Quelles ont pu être tes influences musicales pour ce disque ?

Arianna Monteverdi. Angel Olsen, qui a une écriture très particulière, une voix incroyable. Elle aussi, je crois, a commencé à la guitare folk avant de passer à la guitare électrique. Big Thief, avec le morceau qui les a fait connaître, Masterpiece, assez indé. Mothers enfin, de superbes riffs de guitare, très incisifs, très tranchants. C'est souvent plus des coups de coeur humains, des chemins, des parcours, qui m'inspirent.

Du très mélancolique. Tu t'y retrouves ?

 Arianna Monteverdi. Oui, et en même temps, j'avais envie d'écrire des morceaux assez libérateurs sur lesquels je pouvais danser. Un morceau comme More Time, le dernier de l'album, est une invitation à lâcher l'affaire, secouer la tête, comme ça...

Que racontent tes chansons ? Des histoires d'amour ? Mais encore?

 Arianna Monteverdi. Ce n'est pratiquement que ça. Ça part d'une histoire d'amour ou d'un sentiment amoureux et finalement ça peut être un peu métaphysique et cérébral. Falling for Falling est un questionnement sur l'amour en général, On the Run parle d'un amour inachevé. Il y a aussi une idée d'un endroit meilleur. Je parle aussi du temps qui passe. 

Quel est l'album qui tourne en boucle actuellement sur ta platine ?

Arianna Monteverdi. J'écoute beaucoup Jess Williamson, une Texane d'Austin qui vit maintenant à Los Angeles. C'est très éthéré, psyché dans certains choix, très planant façon années 70, elle allie liberté et sincérité. Il y a aussi le dernier Suuns, très électro. Et toujours des "oldies but goodies", un Linda Ronstadt par-ci; un Neil Young par-là...

Tes derniers concerts ?

Arianna Monteverdi. Blond Neil Young à Stereolux à Nantes, This is The Kit à la Barakason à Rezé, et les potes de Bantam Lyons au Ferrailleur à Nantes avec La Houle, un plateau incroyable...

Ton album est disponible en streaming et en vinyle mais pas en digital. Pourquoi ?

Arianna Monteverdi. C'est assez égocentrique, lié à nos pratiques musicales. Et puis, le CD se perd un peu. J'ai vraiment grandi avec beaucoup de vinyles à la maison, moi-même j'ai acheté plein de vinyles d'occasion pour rien, le double blanc des Beatles pour 4 euros par exemple. Pour moi le vinyle, tu le mets, tu t'installes et tu écoutes...

Tu as signé cette fois avec le label Les disques normal. Tu peux nous le présenter ? 

Arianna Monteverdi. C'est un label rennais qui a 15 ans d'existence et qui accompagne des groupes assez variés comme Les Marquises, Yes Basketball... Un petit label indépendant mais super dispo, et hyper actif. J'adore travailler avec une certaine proximité. C'est le cas.

Un mot sur la pochette ?

Arianna Monteverdi. C'est Aloïs Lecerf qui fait partie du collectif rennais Voyons voir qui a réalisé la pochette à partir d'une photo expérimentale. Il nous a fait plusieurs propositions, je n'aurais jamais tranché pour du rouge comme ça mais les gars aimaient bien et en même temps ça collait avec les chansons d'amour. J'aime bien ces motifs que chacun peut s'appropier comme il veut.

Tu seras en concert à Stereolux à Nantes le 27 octobre. Un concert un peu spécial. Tu peux nous expliquer ?

Arianna Monteverdi. C'est le quart d'heure nantais, un projet un peu particulier, quatre groupes féminins ou en tout cas menés par des femmes, chacun, chacune, devant inviter deux musiciens hommes sur scène. Pour ma part, il s'agit du violoncelliste Benjamin Jarry et de Benoît Guchet (Fairy Tales In Yoghourt).

D'autres concerts en vue ?

Arianna Monteverdi. On a pas mal de choses dans les tuyaux, mais on cherche avant tout un tourneur. Et puis on est déjà en train de travailler sur le prochain album qui pourrait sortir idéalement dans deux ans. 

Propos recueillis le 30 septembre par Eric Guillaud

Merci Arianna, plus d'infos sur le projet ici

 

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