Les vidéos dénonçant les maltraitances animales ont provoqué un électrochoc dans l'opinion et mis les agriculteurs sous pression. Beaucoup dénoncent aujourd'hui les suspicions systématiques qui pèsent sur leur travail mais s'attellent à améliorer le bien-être de leurs animaux.
David Forget est éleveur de vaches laitières. Il travaille à améliorer le bien-être de ses pensionnaires.
Dans la stabulation, les logettes ne sont jamais vides et pour cause : elles sont pourvues de coussins qui permettent à ses 130 bêtes de se reposer entre deux traites.
"La poche d'eau qu'il y a dedans régule un peu la température du couchage. C'est un couchage un peu plus frais", explique l'éleveur.
"Depuis qu'on a installé ça, les pathologies au niveau des pattes ont vraiment diminué", sur un sol en béton, "un caillou, un gravier va blesser le sabot de la vache. Ici, soit le caillou va dans la rainure, soit il s'enfonce dans le caoutchouc", poursuit l'agriculteur, "c'est vraiment un confort supplémentaire pour les animaux, c'est indéniable".
Dans l'exploitation de David Forget, les vaches ne vont pas au pré, l'alimentation et les traites sont automatisées alors, pour cet éleveur, veiller au bien-être du troupeau fait partie intégrante du mode de production qu'il a choisi.
"La vertu première de nos vaches c'est de produire du lait, donc plus elles sont dans un confort optimal, plus elles produiront de lait. Un lait de qualité, un lait en quantité", explique David Forget.
Chez René Peaudeau, l'atmosphère est tout autre, l'échelle de production aussi. Il élève 680 poules pondeuses, plutôt familières.On essaie d'amener le maximum de confort à nos animaux - David Forget, agriculteur
"Elles ne sont pas terrorisées à l'idée de me voir", se félicite-t-il.
Chaque matin, c'est le même rituel, ici le ramassage des oeufs se fait à la main, dans des batiments d'élevage toujours ouverts sur l'extérieur. 6600 m2 à gratter et à picorer en liberté.
"J'ai choisi de faire des parcours plus grands que ceux exigés par la norme d'agriculture biologique et de ménager des écosystèmes les plus variés possibles", explique René Peaudeau, "il y a encore beaucoup de progrès à faire car ils manquent beaucoup d'arbres".
Dans une vie antérieure, René Peaudeau a cotoyé de près l'agro-industrie. Il y a dix ans, il s'est installé en bio et ne vend qu'en Amap, en circuit-court. Son bien-être, comme celui de ses poules, est au coeur du contrat qu'il passe avec les familles.J'aimerais avoir plus d'arbres pour qu'elles se sentent bien - René Peaudeau
"Quand on élève des animaux, on a ce souci du bien-être, après, il faut pouvoir en vivre", explique-t-il, "pour moi, c'est plus agréable d'être à pied avec ma brouette à surveiller mes bêtes et livrer mes oeufs à des gens que je connais, plutôt que de travailler avec des grosses machines, des gros tracteurs, avec des grosses palettes qui partent dans des gros camions dont on ne connait pas les consommateurs".
René a dimensionné son élevage à ses besoins, mais le soin qu'il apporte à ses volailles va au delà de leur vie sur la ferme. Une fois réformées, ses poules finiront leurs jours chez des particuliers.
Les vidéos chocs des associations, un mal nécessaire ?
L214 ou DxE, ces associations produisent régulièrement des vidéos chocs dénonçant les conditions d'élevage exécrables dans certaines exploitations agricoles."On connait bien les finalités de ces associations qui est de ne plus consommer de viande" a expliqué Patrick Louis, directeur pôle élevage de la chambre d'Agriculture des Pays de la Loire, invité mardi 10 septembre de notre édition régionale, ces associations mettent "l'accent sur des situations extrêmes, ce qui n'est pas le cas de la majorité des exploitations".Ces vidéos, un mal nécessaire pour faire évoluer la profession agricole. "Cette évolution a déjà été prise en compte dans la loi sur l'alimentation de 2018 puisqu'elle intègre dans les plans de filière animale la nécessité pour la profession agricole d'organiser, avec les associations de protection animale, des nouvelles normes qui prennent en compte, non seulement le bien-être physique des animaux mais aussi faire en sorte que les animaux soient le plus proche possible de leur comportement naturel" .
"Si vous comparez les bâtiments d'il y a 30 ans avec ceux d'aujourd'hui, ça n'a plus rien à voir", poursuit Patrick Louis, "les équipements et la construction des bâtiments intègrent les chaleurs liées aux aléas climatiques". Des améliorations qui doivent être adaptées aux "modèles de production" actuels.