Des centaines de personnes se sont retrouvées ce samedi 28 septembre à Saint-Colomban, en Loire-Atlantique, pour s'opposer à l'extension d'une carrière de sable, propriété de GSM. Une manifestation sous haute surveillance des forces de l'ordre.
Voilà plusieurs années maintenant que l'association "La tête dans le sable" s'est créée pour s'opposer aux projets d'extension des carrières de sable sur la zone de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu.
Un des projets abandonné
Deux projets d'extension suscitaient une polémique depuis 2020, tous deux sur la commune de Saint-Colomban, à quelques kilomètres au sud de Nantes. L'un était présenté par le géant du béton Lafarge-Holcim. L'autre par GSM. Deux groupes qui possèdent des carrières à Saint-Colomban, depuis le début des années 2000, et que leurs exploitants souhaitaient agrandir.
Le premier a été officiellement abandonné par Lafarge-Holcim en janvier 2024.
"Compte tenu du contexte économique, difficile pour la construction, et de contraintes techniques, déclarait à l'époque Lafarge Granulats, Lafarge Granulats a décidé de reconsidérer le calendrier de son projet d’extension de la carrière de Saint-Colomban. L’activité se poursuit normalement sur la carrière existante, conformément à l’autorisation préfectorale en cours. En parallèle, l’entreprise continue à étudier des solutions de continuité à long terme pour le site de Saint-Colomban, afin d’assurer un approvisionnement durable du secteur de la construction et de l’accompagner dans sa transition écologique.
Lire aussi : Lafarge abandonne son projet d'extension de carrière à Saint-Colomban
Mais le second, soutenu par GSM sur une superficie de 35 hectares, est toujours d'actualité (en plus des 50 actuels). La communauté de communes de Grand-Lieu a d'ailleurs voté récemment un avis favorable.
Des carrières sur de potentielles terres nourricières
Ce 28 septembre, "La tête dans le sable" et "Les soulèvements de la Terre" appelaient à nouveau à manifester contre ce projet d'extension, ainsi qu'ils l'avaient fait à plusieurs reprises par le passé.
Détournement de terres agricoles nourricières au profit de groupes sabliers pour le maraichage industriel et le bâtiment et risque d'atteinte à la qualité des nappes phréatiques, sont les deux principaux arguments des opposants.
Mobilisation à Saint-Colomban - les prises de paroles commencent ! 🪣
— Les Soulèvements de la terre (@lessoulevements) September 28, 2024
Alors que les manifestant•es terminent leur picnic et que le convoi vélo en provenance de Nantes est tout juste arrivé, les prises de parole de paysan•nes et de militant•es débutent dans la bonne ambiance ! pic.twitter.com/gz6loLAZA5
"30 % du sable extrait de la carrière GSM est utilisé par l'agro-industrie pour la sur-mécanisation des cultures (notamment de mâche et de muguet)", peut-on lire sur le site de "La tête dans le sable" qui appelait à enrayer ce modèle économique accusé d'empoisonner l'eau, les sols et de détruire la biodiversité.
16 tracteurs mobilisés
La manifestation de ce samedi a commencé par un rassemblement de 16 tracteurs sur le champ du Redour, à Saint-Colomban, où les ont rejoints environ 70 cyclistes venus de la place Pirmil à Nantes. Étaient présents également des représentants syndicaux de la CGT et des membres d'associations environnementales.
En début d'après-midi, un cortège s'est formé pour une manifestation annoncée comme "symbolique et impactante".
Le cortège s'est rapidement arrêté pour charger sur les remorques des tracteurs du sable stocké pour les maraichers non loin de là et le ramener vers la carrière d'extraction de GSM.
"C'est super important d'agir localement, estime Pauline qui est venue en vélo manifester ce samedi à Saint-Colomban. C'est sur le terrain qu'on rencontre du monde qui nous disent les enjeux et comment on peut aider."
"Ça met en péril nos fermes et l'installation de jeunes"
Benjamin, agriculteur, a vu le maraichage industriel se développer autour de son exploitation du fait de l'extraction de sable. Il participe pour la quatrième fois aux manifestations contre l'extension des carrières qui, selon lui, contribuent aux difficultés que traversent les petits exploitants locaux.
"Quand on baisse le niveau de la nappe, explique-t-il, on baisse le niveau d'eau dans les sols, donc on a des rendements moindres. Ça met en péril nos fermes et l'installation de jeunes. Ça ne détruit pas seulement les bocages, mais aussi notre eau. Ça fait augmenter le prix du foncier (l'activité et l'extension des carrières). Ce n'est plus viable pour nous d'acheter à un prix trop cher. On veut que GSM abandonne son projet."
Si GSM arrête, ça va aussi freiner le maraichage parce qu'il y aura moins de sable disponible. On peut produire autrement. Il n'y a pas besoin de rajouter du sable dans nos sols. On arrive à faire des légumes quand même.
Benjamin Boileauagriculteur
Marie Nicolas, de l'association La tête dans le sable, est venue, elle aussi pour montrer le lien entre l'extraction de sable et le développement du maraichage industriel "qui pollue nos sols, dit-elle, accapare les terres, pollue l'eau, les habitants."
"Lafarge abandonne, on est là pour fêter ça, ajoute-t-elle. Mais on est toujours là pour montrer notre lutte contre les carrières GSM et contre l'extension du maraichage industriel."
Un non-sens écologique
Pour elle, cette activité est aussi un non-sens écologique qui utilise beaucoup de plastique pour les serres et gaspille beaucoup de légumes.
"Leur argument premier, dénonce Marie, c'est la souveraineté alimentaire alors qu'ils jettent des quantités astronomiques de légumes qu'ils font pousser."
A noter que les forces de l'ordre, police et gendarmerie, avaient été mobilisées en nombre sur le parcours.
Le projet d'extension de la carrière exploitée par GSM est suspendue à une décision du préfet de Loire-Atlantique qui doit intervenir d'ici la fin de l'année 2024.
Olivier Quentin avec Olivier Cailler.
► Voir le reportage de Olivier Cailler, Antoine Ropert et Christophe Person.