Il y avait du monde ce mercredi midi dans la salle des pas perdus du tribunal judiciaire de Nantes pour rendre hommage à Robert Badinter. La rigueur et l'engagement de l'homme ont été évoqués et salués par le monde de la Justice.
C'est à midi que se sont réunis tous les personnels du Palais de Justice de Nantes, dans la salle des pas perdus, qui, pour une fois, portait bien le noir du deuil. Pendant une trentaine de minutes, tous ont rendu hommage à celui qui aura signé parmi les plus belles et les plus grandes lignes de l'Histoire pénale et législative française.
"Quelle empreinte !"
Le Président du tribunal, Franck Bielitzki, a prononcé un discours à la fois simple et émouvant, commençant par rappeler la carrière de Robert Badinter :
"Robert Badinter n'a fréquenté les Assises qu'une vingtaine de fois, a-t-il précisé. Ce qui est assez peu, mais ses plaidoiries ont laissé une empreinte. Et quelle empreinte !... Robert Badinter a également œuvré à moderniser la loi française à travers la dépénalisation, par exemple de l'homosexualité... Et la désignation de femmes aux plus hautes fonctions."
Puis ce fut au tour du bâtonnier de l'ordre des avocats qui a parlé de courage, d'élégance et de rigueur, évoquant l'affaire Patrick Henry (1977) et la plaidoirie d'une rare puissance défendue par Maître Badinter, une nouvelle fois mobilisé contre la peine de mort.
Puis, tous ont respecté une minute de silence conclue par des applaudissements, avant que chacun ne retourne à ces fonctions, ses missions.
Quelques déclarations
L'avocat nantais Michel Quimbert se souvient de Robert Badinter, il avait travaillé avec lui sur un dossier, dans une affaire de tentative de meurtre à Nantes, Brethomé contre Graton, c'était dans les années 70. Maître Quimbert avait été commis d'office pour défendre l'un des mises en cause et avait demandé à être relevé de cette mission, estimant que ce client, dit-il, "mentait comme il respirait". Ce qui avait plu à Robert Badinter qui l'avait donc choisi pour défendre avec lui la victime, Serge Brethomé.
"C'était aussi un ami, déclare Michel Quimbert. Quand on travaille sur une même affaire pendant quelque temps, on devient forcément amis. L'homme était immensément cultivé. C'était un juriste extrêmement compétent. Il avait une sensibilité un peu à fleur de peau sur certains sujets."
"Un véritable exemple"
"C'est un homme qui s'est battu durant toute sa vie d'avocat, et après, d'homme politique, évidemment, pour faire avancer les droits de tous, retiendra Louise Touron, toute jeune avocate à Nantes qui rend hommage à son courage. "C'est un véritable exemple, poursuit-elle. Il a fait avancer la profession et la société toute entière."
"C'était un très grand juriste, un juste, pour Emmanuel Follope, le bâtonnier de l'ordre des avocats de Nantes, et un homme de rigueur. Quelqu'un d'une très grande exigence à l'égard de lui-même, dans le cadre de l'exercice de sa profession d'avocat qu'il a portée au plus haut nouveau. Très grande exigence également dans la conception de son action politique. C'est véritablement quelqu'un qui ne se satisfaisait sans doute pas de demi-mesures, de demi-succès et pas de demi-libertés."
►Voir le reportage réalisé par Vincent Raynal, Antoine Ropert et Florence Thibert.
durée de la vidéo : 00h01mn43s
Hommage à Robert Badinter au tribunal judiciaire de Nantes.
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©France Télévisions, Antoine Ropert et Florence Thibert.
"C'est aussi un bel écrivain"
"Il a été un beau, un bon ministre de la Justice. C'est évidemment celui qui a permis l'abolition de la peine de mort en France, appuie Sophie Michaud, une avocate également croisée lors de cet hommage. C'est aussi un bel écrivain."
L'avocate se souvient avoir lu "Idiss" un livre que Robert Badinter a consacré à sa grand-mère, immigrée juive qui a fui la Russie.
"Un livre merveilleusement écrit, dit-elle, et dans lequel il parle de cette grand-mère qui a sans doute fondé, pour partie, son besoin de justice, de liberté."
L'hommage s'est achevé peu après 12h30.
Ecrit par Olivier Quentin avec Vincent Raynal.
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