La crue n'est pas terminée pour les habitants de Saint-Nicolas-de-Redon, en bord de la Vilaine. Près de 2000 personnes ont dû fuir leur habitation. Nombreux sont ceux qui ont bénéficié des campements installés par la mairie pour se reloger.
La crue qui a lieu depuis mardi 28 janvier, dans la région de Redon, à la frontière entre l'Ille-et-Vilaine et la Loire Atlantique, pourrait atteindre des records. Ce jeudi 30 janvier, alors que le niveau de l'eau n'a pas encore atteint son maximum, plus de 1 800 personnes ont été évacuées de leur logement. Notre journaliste Corentin Renoult a passé la soirée de mercredi avec les sinistrés.
Une solidarité qui rassure
Anne n'est pas tranquille : elle a laissé ses deux chats dans sa maison, à Saint-Nicolas-de-Redon. Nous la rencontrons dans un gymnase aménagé par la Croix Rouge et la municipalité pour accueillir les nombreux évacués qui n'ont pas pu être logés chez de la famille ou des amis.
"À 14 heures les gendarmes m'ont dit qu'il fallait évacuer, puis l'électricité a été coupée, raconte-t-elle. Je voulais prendre mes deux chats avec moi, mais je n'avais qu'une cage. Je ne les ai jamais laissés seul aussi longtemps, donc ça me fait mal au cœur. Dès que l'électricité reviendra, je rentrerai chez moi."
Globalement, les sinistrés semblent trouver un peu de réconfort dans ce campement aménagé, et auprès de la quarantaine de bénévoles mobilisés pour leur venir en aide.
"Tout est bien organisé, la navette est venue me chercher chez moi... Je voudrais remercier toutes ces personnes qui ont su garder leur sang-froid alors que nous, on était paniqué. Se sentir rassuré, ça fait du bien", poursuit Anne.
"C'est quand même anxiogène ce qui nous arrive."
Autour de la table, les habitants peuvent se retrouver et échanger sur leur expérience. Une femme, les larmes aux yeux, se dit "contente d'avoir trouvé au moins un gîte autre que (s)a maison". Plus loin, un homme, qui prépare son lit de camp avec un duvet, dit tout de même "ne pas avoir envie de rester là trop longtemps". Tous ont hâte de rentrer chez eux, même si certains ont peur de constater les dégâts.
Dans un autre quartier de la commune, Sylvie, gérante d'un bar tabac, a décidé de garder son commerce ouvert dans la nuit, pour offrir un lieu de convergence aux sinistrés.
"Les gens autour peuvent se retrouver, trouver un moyen d'échange... C'est quand même anxiogène ce qui nous arrive." Malheureusement, elle sera obligée de fermer dans la nuit de jeudi. "C'est un ordre des gendarmes, pour garder tout le monde en sécurité."
La décrue sera lente
La solidarité s'est organisée à mesure que l'eau est montée. Le niveau est désormais à plus de 5 mètres, et le pic de la crue, attendu dans la nuit de jeudi à vendredi, pourrait même dépasser les records des inondations de 1995 et de 1936 (plus de 5,35 m).
Face à cette situation, Kevin Guillard, directeur des opérations de la Croix Rouge d'Ille et Vilaine, constate que la population se sert les coudes. "Les habitants proposent leur aide, proposent des chambres..." Quand certains habitants des petits immeubles du centre-ville, notamment des personnes âgées, décident malgré tout de rester chez eux, des voisins ou des agents de la mairie passent les voir.
Mais les secours pensent déjà à l'après : "Il va falloir réhabiliter les maisons, les nettoyer lorsque la décrue sera là, pour les rendre habitables de nouveau", explique Kevin Guillard. Thomas, un sinistré que nous avons rencontré lors d'un autre reportage, a 60 cm d'eau chez lui. De l'eau qui remonte par les égouts. Le travail de pompage et de nettoyage, après la décrue qui ne devrait pas intervenir avant la semaine prochaine, sera long.
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