INTERVIEW. Gwendoline et Edith Nylon à l'affiche de la 35e édition des Rockeurs ont du coeur

L'un a vu le jour en 1977, l'autre en 2017, 40 ans les séparent mais la musique les rapproche. Avec un esprit un peu punk, un regard aiguisé sur le monde et un répertoire en français, Edith Nylon et Gwendoline déboulent à Nantes pour jouer sur la scène des Rockeurs ont du cœur samedi 17 décembre à Stereolux. Apportez vos jouets, ils s'occupent du reste...

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À ma droite, les Parisiens d'Edith Nylon que tous les amoureux du rock, du punk et de la new wave réunis ne peuvent raisonnablement méconnaître. Ils ont marqué la fin des années 70 et le début des années 80 avec une poignée d'albums furieusement modernes, une musique gorgée de guitares et de synthés, des textes militants autour de thèmes toujours d'actualité comme la condition féminine, l'immigration ou la guerre. Après 37 ans d'absence, le groupe se reforme en 2020, sort un nouvel album et remonte sur scène...

À ma gauche, les Rennais de Gwendoline, deux copains qui font de la musique depuis des années. Ils sortent en 2017 un album baptisé Après c'est gobelet sans intention de faire des concerts ou même de la promo, neuf titres balancés sur Bandcamp presque pour rire, repérés par un label espagnol qui sort l'album en version physique à 200 exemplaires. Dans la foulée, Gwendoline est programmé aux TransMusicales en 2020 puis en 2021, de quoi les relancer. De fait, l'album Après c'est gobelet reparaît en physique sur le territoire français et c'est le réel début de l'aventure...

Edith Nylon et Gwendoline seront sur la scène des Rockeurs ont du cœur samedi 17 décembre en compagnie de plusieurs autres groupes de la région ou d'ailleurs, ils sont d'ores et déjà en interview ici...

Edith Nylon, c'est qui, c'est quoi ?

Albert (Edith Nylon). Edith Nylon est un groupe de rock, punk, new wave, c'est selon ! On nous présente souvent comme précurseurs de la new wave française. Le groupe s'est formé fin des années 70 avec Mylène au chant, Laurent et Zaco alternativement à la guitare et basse et Albert à la batterie. On était adolescents et au lycée à l’époque. Le premier album, Edith Nylon, est sorti chez Sony en 1979. Comme il a bien marché, ont suivi Quatre essais philosophiques, Femmes sous cellophane, Johnny, Johnny et Echo Bravo. Notre dernier album, La Fin de la Vie Sauvage, date de 2022, on s’est reformé en 2019.

Gwendoline, même question, c'est qui, c'est quoi ?

Pierre (Gwendoline). C'est un duo né en 2018 qui se compose de Pierre et Micka. Deux amis de longue date qui ont eu plusieurs projets musicaux avant.

C'est un clin d'œil à Édith Piaf et aux années 80 considérées comme synthétiques

Albert (Edith Nylon)

D'où viennent vos noms respectifs ?

Albert (Edith Nylon). Le nom a été trouvé par Alain Maneval qui a été notre manager au tout début du groupe. C'est un clin d'œil à Édith Piaf et aux années 80 considérées comme synthétiques.

Micka (Gwendoline). Ce nom est né d'un moment flou, il fallait enregistrer un nom pour déposer nos morceaux. Une anecdote de jeunesse nous a fait rire avec ce prénom, on s'est arrêté dessus.

Edith Nylon, connaissez-vous Gwendoline ?

Albert (Edith Nylon). Nous aimons beaucoup et avons hâte de les voir sur scène ! Comme nous, ils chantent en français et ont des choses à raconter. Ils ne sont pas dénués d'humour, ce qui nous plait aussi.

Gwendoline, connaissez-vous Edith Nylon ?

Pierre (Gwendoline). Non, nous ne connaissons pas mais avons hâte de les découvrir.

Edith Nylon, Electroménager est le titre d'une de vos chansons de 1980, il évoque la condition féminine, la femme au foyer, la femme-objet. Une chanson toujours d'actualité ?

Albert (Edith Nylon). Les choses ont évolué certes mais ce sont encore les femmes qui se tapent le gros du boulot à la maison, donc oui le sujet est toujours sur la table si on peut dire. Dans la chanson "ne dis pas oui, ne dis pas non" du dernier album, on évoque la question des injonctions contradictoires que subissent les femmes.

Gwendoline, dans un de vos titres, Chevalier Ricard, vous martelez "J'en ai rien à foutre". Ce gimmick pourrait résumer votre état d'esprit ?

Micka (Gwendoline). Ça pourrait résumer notre état d'esprit passé, on avait un peu le mode survie activé et passer du temps pour développer un groupe de musique ou autre était le dernier de nos soucis. Tout ce qui arrivait dans nos vies nous coulait sur la peau.

Que racontent plus largement vos textes ?

Albert (Edith Nylon). Nous étions à l'époque des premiers albums très influencés par des auteurs comme Georges Orwell, Aldous Huxley et les auteurs de science-fiction. Les textes parlent de transhumanisme (la chanson Edith Nylon notamment), de féminisme (Femmes sous Cellophane, Électroménager), de l'avortement (Avorton), d'hygiénisme (Le Meilleur des amours). Cette chanson évoque les masques pour se protéger des agressions extérieures et résonne étrangement aujourd'hui.
Le dernier album, La fin de la vie sauvage, s'intéresse à plusieurs sujets, le féminisme, comme on l'a évoqué, la planète avec les titres La fin de la Vie Sauvage et De bon matin. Et pour la première fois des titres plus personnels comme La Clémence de Titus ou La Présence. 

Pierre (Gwendoline). Ce sont des regards croisés sur le monde dans lequel on évolue, une sorte de comédie sombre basée sur le cynisme. On évoque nos frustrations, les apéros sans lendemain, les petites galères du quotidien...

Edith Nylon, vous avez arrêté la musique pendant 37 ans, pourquoi ce retour ? Vous n'aviez pas tout dit ?

Albert (Edith Nylon). Oui, nous avions l'impression que l'histoire n'était pas terminée. C'est Mylène qui a déclenché notre reformation après une expérience sur scène avec un groupe d'amis américains. Quand nous nous sommes réunis pour rejouer ensemble, nous avons tout de suite retrouvé l'alchimie et la magie de l'époque comme si on reprenait les choses là où on les avait laissées. On a même retrouvé Yann (à la basse) qui avait fait partie du groupe aussi, et notre nouveau clavier Matu, c’est aussi comme s’il avait toujours été là.
Puis, nous avons commencé à composer des nouveaux morceaux et c'est là que nous nous sommes rendu compte qu'on avait encore des choses à raconter. Et ce, dans le style Nylon !

On n'a pas vraiment pensé à tout arrêter, on a plutôt pensé à ne jamais démarrer

Micka (Gwendoline)

Gwendoline, avez-vous vous pensé arrêter tout après la sortie de votre premier album qui a mis trois ans pour décoller ?

Micka (Gwendoline). On n'a pas vraiment pensé à tout arrêter, on a plutôt pensé à ne jamais démarrer. C'est 4 ans plus tard qu'on a vraiment commencé à faire de la scène sous les encouragements d'un copain. À la base, c'était un projet sans lendemain.

Que représente la scène pour vous ? 

Albert (Edith Nylon).  La scène est la raison d'être du rock. À l'époque, nous avions beaucoup tourné et c'est resté dans l'ADN du groupe. Quand nous sommes revenus pour notre premier concert au Petit Bain à Paris en janvier 2020, nous avons retrouvé notre public.

Pierre (Gwendoline). La scène est un moment stressant mais chaleureux, une sorte d'épreuve à chaque fois. On ne sait jamais comment le public réagira, c'est toujours un peu mystérieux. Et en même temps, c'est excitant de se confronter chaque soir à l'inconnu.

Edith Nylon est présenté comme un précurseur de la musique new wave, Gwendoline comme un nouveau courant de la cold wave française avec des paroles nihilistes, cyniques. Pourriez-vous avoir des influences communes ?

Albert (Edith Nylon). On peut dire que la New Wave a ajouté des synthétiseurs au Punk comme instrument d'appoint et que la cold wave en a fait un instrument principal. En ce sens, nous partageons la même filiation. En ce qui nous concerne, les groupes comme The Clash, The Sex Pistols, The Cure, B52's, The Ramones ou les Buzzcocks ont étés très importants. Sans compter notre amour pour le reggae.

Micka (Gwendoline). Oui sûrement...Les synthés, le chorus...

Que représente pour vous le fait de jouer aux Rockeurs ont du cœur ?

Albert (Edith Nylon). C'est une belle initiative et une excellente cause. Nous sommes ravis d'y participer et de rencontrer le public et les autres musiciens.

Pierre (Gwendoline). On n'a jamais vraiment participé à un concert caritatif et c'était super de recevoir une proposition pour ça car ça fait partie des dynamiques qui nous plaisent. Ça fait aussi très plaisir de jouer à Nantes dans cette salle, avec tous ces groupes.

Et demain ? Vos projets ?

Micka (Edith Nylon). On compte sortir un deuxième album, mais on ne se prend pas trop la tête avec ça, ça perdrait pas mal de son sens. On prend tout le mois de janvier pour s'isoler et composer. L'idée est de s'inspirer du climat actuel, des projets d'urbanisme, de la course à la croissance, des gens qui nous entourent, de ce qui se dit dans les bars... Essayer de retranscrire avec cynisme et auto-dérision cette période angoissante. On va aussi continuer à faire des concerts sur 2023.

Albert (Edith Nylon). Faire un maximum de concerts, nous sommes des bêtes de scène, on adore le contact avec le public et on prend un immense plaisir a jouer live !

Merci Edith Nylon, merci Gwendoline. Propos recueillis le 8 décembre 2022

N'oubliez pas, pour assister au concert, pas de tickets, pas de résa, il vous suffit d'acheter un jouet d'une valeur minimale de 10 euros et de venir avec sans l'envelopper, sans ouvrir le paquet, le 17 décembre à la salle Stereolux à Nantes. Ce jouet sera votre sésame pour une soirée de folies musicales avec quelques artistes d'ici et d'ailleurs, et beaucoup de surprises.

Plus d'infos sur Edith Nylon ici, sur Gwendoline là, sur les Rockeurs ont du cœur ici

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