Dix mois après avoir été mis en examen pour l'agression présumée de la députée Sandrine Josso, le sénateur Joël Guerriau confirme dans un entretien accordé à nos confrères de Ouest France sa "mise en retrait" du Sénat. Il plaide la présomption d'innocence et estime qu'il serait "injuste" de démissionner.
Sa mise en retrait avait été annoncée dès mercredi 25 septembre, le sénateur Joël Guerriau a répondu aux questions de nos confrères de Ouest France dans un entretien publié ce vendredi matin (article payant). Il y explique pourquoi il a décidé de ne pas démissionner : "Pourquoi on ne respecterait pas la présomption d’innocence pour moi, alors qu’on la respecte pour des ministres qui sont mis en examen pour des viols ?", s'interroge-t-il. Sur le fond de l'affaire, le sénateur continue de nier les faits.
Âgé de 66 ans, le sénateur de Loire-Atlantique avait été mis en examen le 17 novembre dernier, soupçonné d'avoir drogué à son insu dans la nuit du mardi 14 au mercredi 15 Sandrine Josso, 48 ans, députée MoDem du même département. Une mise en examen pour "administration à l'insu de (Mme Josso) d'une substance de nature à altérer son discernement ou le contrôle de ses actes afin de commettre un viol ou une agression sexuelle", ainsi que "détention et usage de substances classées comme stupéfiants".
"On s'est mis d'accord pour une mise en retrait"
Dix mois après les faits, Joël Guerriau a été interrogé mardi 24 septembre par les magistrats parisiens. La veille, il avait rencontré le président du Sénat Gérard Larcher, qui lui avait demandé de se mettre en retrait, "le temps que la procédure se termine". Le sénateur répond alors qu'il ne veut pas "créer de situation venant perturber le bon fonctionnement de notre institution". Les deux hommes se mettent alors d'accord pour une mise en retrait. En clair, Joël Guerriau ne siégera plus au Sénat, il renonce à ses fonctions de vice-président de la commission des affaires étrangères. Quant à son poste de secrétaire du Bureau, on apprend dans Ouest France qu'il réfléchit encore à en démissionner. Une fonction qui est rémunérée 748,70 euros bruts/mois.
Une défense lunaire
Lors de son audition, les magistrats ont interrogé Joël Guerriau sur les recherches saisies sur son ordinateur quelques semaines avant la soirée pendant laquelle Sandrine Josso l'accuse de l'avoir agressée. Une vingtaine de recherches parmi lesquelles on retrouve : "point de vente GHB" ou "GHB effets lendemain". Dans Ouest France, il explique qu'il a effectué ces recherches pour se renseigner sur le GHB, plus connu sous le nom de drogue du viol. Il va même jusqu'à se justifier : "Si on ne fait pas ces recherches en tant que parlementaire, on ne fait pas correctement son travail".