Soupçons de soumission chimique : "on lui tournera le dos", les sénateurs contre le retour de Joël Guerriau dans l'hémicycle

"Sa place n'est plus au Sénat", Gérard Larcher, le président de la chambre haute, a affirmé ce mercredi qu'il demanderait au sénateur Joël Guerriau, soupçonné d'avoir drogué une collègue députée afin de l'agresser sexuellement, de démissionner de son mandat.

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Invité du 7/10 de France Inter ce mercredi matin, Gérard Larcher, le président du Sénat a indiqué qu'il allait rencontrer mercredi Joël Guerriau "pour lui rappeler la nécessité de se démettre de ses fonctions".  Qu'il démissionne, "c'est mon souhait", a-t-il ajouté, estimant "personnellement que sa place n'est plus au Sénat".

Âgé de 66 ans, le sénateur de Loire-Atlantique avait été mis en examen le 17 novembre dernier, soupçonné d'avoir drogué à son insu dans la nuit du mardi 14 au mercredi 15 Sandrine Josso, 48 ans, députée MoDem du même département.

Il avait été mis en examen pour "administration à l'insu de (Mme Josso) d'une substance de nature à altérer son discernement ou le contrôle de ses actes afin de commettre un viol ou une agression sexuelle", ainsi que "détention et usage de substances classées comme stupéfiants".

Gérard Larcher l'avait alors déjà invité "à démissionner de ses fonctions de secrétaire au Bureau du Sénat et de vice-président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, ainsi qu’à se mettre en retrait de toutes ses activités liées à son mandat de sénateur.

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Indésirable dans l'hémicycle

Absent depuis lors, Joël Guerriau avait alors sollicité le président du Sénat au sujet d'un possible retour dans l'hémicycle.

"Seul le Conseil constitutionnel, après une décision de justice, peut démettre un parlementaire de son mandat. J'ai écrit naturellement à la procureure de la République. Depuis onze mois, nous n'avons aucune nouvelle de l'enquête", a expliqué Gérard Larcher sur France Inter.

Ce mercredi 25 septembre, Ronan Dantec, sénateur de Loire-Atlantique, a estimé que la place de Joël Guerriau "n'est pas aujourd'hui au Sénat, qu'il faut qu'il l'entende".

"Le symbole est lourd. On est dans une société qui se bat aujourd'hui, qui se mobilise contre les violences faites aux femmes, qu'il faut qu'on aille plus loin sur ces questions-là, qu'on mette plus de moyens, plus de rigueur."

Il serait totalement incongru qu'aujourd'hui Joël Guerriau vienne parmi nous. On lui tournera le dos

Ronan Dantec

Sénateur de Loire-Atlantique

Mélanie Vogel, la sénatrice représentant les Français établis hors de France, trouverait ce retour "indécent".

"C'est hallucinant et évidemment totalement indécent et inenvisageable pour nous. Il est mis en examen. À aucun moment, il n'a été innocenté. Et je crois que ce serait d'une indécence absolue qui se montre dans l'hémicycle et qui siège avec nous".

Il n'est pas condamné, néanmoins, je rappelle qu'il y a un aspect de flagrant délit dans cette affaire

Mélanie Vogel

Sénatrice représentant les Français établis hors de France

"Nous sommes dans un moment particulier vis-à-vis de ces questions-là, où le procès de Mazan fait enfin naître dans la société un débat, une prise de conscience nouvelle sur la question du viol, mais en particulier sur la question de la solution chimique, qui a été peu abordée jusqu'à présent".

Annick Billion est sénatrice de Vendée, le retour de Joël Guerriau au Sénat, elle "ne le souhaite pas non plus". 

"Je pense qu'il a sa propre responsabilité, qu'il doit assumer ce qui s'est passé ou ce qui ne s'est pas passé. Et c'est de sa décision seulement que son départ du Sénat est possible. Donc, à lui de prendre pleinement conscience de la situation et de prendre des décisions opportunes".

Ces derniers jours, de nombreux autres parlementaires sont également montés au créneau pour s'opposer au retour éventuel de Joël Guerriau.

"Tolérer la présence du sénateur Guerriau dans l'enceinte du Sénat serait un terrible coup porté à Madame la Députée Josso ainsi qu'à toutes les victimes de soumission chimique et d'agression sexuelle", avait notamment écrit le groupe écologiste dans un courrier à Gérard Larcher, son président Guillaume Gontard appelant à saisir le "Comité de déontologie parlementaire" en vue de sanctionner le sénateur.

L'ex-ministre socialiste des Droits des femmes et sénatrice Laurence Rossignol avait aussi prévenu que de "nombreux" parlementaires refuseront "de siéger avec un élu soupçonné avoir drogué une collègue". 

Des recherches troublantes

Le sénateur Joël Guerriau, a été interrogé mardi, notamment sur des recherches suspectes retrouvées dans son téléphone, ont appris nos confrères de l'AFP mercredi de sources proches du dossier.

"Drogue et viol", "effets de l'ecstasy GHB" (gamma-hydroxybutyrate, surnommé drogue du violeur", ndlr), "GHB effets lendemain", "point de vente GHB"..D'après les analyses du téléphone de l'élu, que "Complément d'enquête" a pu consulter, des recherches troublantes ont été effectuées le mois précédant les faits qui lui sont reprochés.

"M. Guerriau réserve uniquement ses explications à la justice", ont réagi auprès de l'AFP ses avocats Henri Carpentier et Marie Roumiantseva, sans confirmer la teneur de son interrogatoire devant la juge d'instruction.

C'était la première fois qu'il était interrogé sur le fond depuis sa mise en examen le 17 novembre 2023. 

"Droguée à mon insu"

"Le 14 novembre dernier, je suis allée chez un ami, le cœur léger, pour fêter sa réélection. J'en suis ressortie terrorisée. J'ai découvert un agresseur. Je comprends alors que j'ai été droguée à mon insu. C'est ce qu'on appelle la soumission chimique", déclarait Sandine Josso, à l'Assemblée Nationale, le 16 janvier dernier.

À l'occasion de son retour dans l'Hémicycle, la députée Modem de Loire-Atlantique avait exhorté le gouvernement à prendre "à bras-le-corps" cette question de la soumission chimique pour faire "sortir de l'oubli" toutes les victimes de ce phénomène encore méconnu.

LIRE AUSSI. ENTRETIEN.  Contre "le fléau de la soumission chimique", la députée Sandrine Josso exhorte le gouvernement à agir

En mars dernier, la députée de la 7e circonscription de la Loire-Atlantique, s'est vue confier une mission gouvernementale sur la soumission chimique. 

"Aujourd'hui les victimes ne sont pas assez prises en compte. On a l'impression que les auteurs ont plus de droits que les victimes", avait-elle déclaré à l'époque.

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