ENTRETIEN. Contre "le fléau de la soumission chimique", la députée Sandrine Josso exhorte le gouvernement à agir

En novembre dernier, la députée Sandrine Josso a porté plainte contre le sénateur Joël Guerriau qu'elle accuse de l'avoir droguée en vue de l'agresser sexuellement. Deux mois après les faits, elle répond aux questions de la rédaction de France 3 Pays de la Loire.

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"Le 14 novembre dernier, je suis allée chez un ami, le cœur léger, pour fêter sa réélection. J'en suis ressortie terrorisée. J'ai découvert un agresseur. Je comprends alors que j'ai été droguée à mon insu. C'est ce qu'on appelle la soumission chimique", a déclaré Sandine Josso, à l'Assemblée Nationale, ce mardi 16 janvier.

À l'occasion de son retour dans l'Hémicycle, la députée Modem de Loire-Atlantique a exhorté le gouvernement à prendre "à bras-le-corps" cette question de la soumission chimique pour faire "sortir de l'oubli" toutes les victimes de ce phénomène encore méconnu.

Sandrine Josso a répondu aux questions de France 3 Pays de la Loire, un entretien réalisé par Virginie Charbonneau ce jeudi 18 janvier.

Comment allez-vous aujourd'hui ?

Je vais plutôt bien, ma séquence à l'assemblée s'est plutôt bien passée. Je ne m'attendais pas à autant de mobilisation de la part de mes collègues. Cela me touche et je les remercie. Cela veut dire que le travail va être poursuivi sur ce sujet, que le gouvernement est mobilisé comme le Parlement.

Le stress post-traumatique est très handicapant. Il y a des choses que l'on faisait avant qui sont plus difficiles à faire aujourd'hui. Par exemple, quand je suis en public, je me méfie un peu plus des gens qu'avant et j'ai des symptômes très gênants, en lien avec ce que j'ai vécu cette soirée-là, des nausées, des palpitations.

Je dois me raisonner, je vois bien que je n'arrive pas à surmonter complètement ces symptômes aujourd'hui. C'est pour cela que je travaille avec une psychologue, je vais y arriver, mais ça mettra certainement un peu de temps.

Concernant la soumission chimique, vous avez eu cette phrase étonnante, "tout se trouve dans votre armoire à pharmacie". Que voulez-vous dire ? 

La soumission chimique, c'est malheureusement le détournement du médicament. Quand je parle de votre armoire à pharmacie, c'est que tout simplement, vous avez chez vous, des antihistaminiques, des antalgiques, des somnifères, toutes sortes de médicaments.

Si on les mélange, par exemple à de l'alcool ou si on les utilise à haute dose, cela a des effets terribles. Ça peut être par exemple un parent qui veut soumettre son enfant, qui met cela dans de la nourriture à des fins d'inceste. Cela peut être aussi dans un couple. Une des personnes veut soumettre son conjoint ou sa conjointe et donc dissimule dans le plat des médicaments à haute dose, ce qui va malheureusement engendrer une amnésie de la personne soumise.

C'est terrible, parce que vous avez une soumission physique, une soumission psychologique, et une soumission chimique, tout est lié.

Comment se prémunir de tels actes, quels signaux peuvent alerter ?

Il faut connaître son corps, les réactions de son corps, c'est important. C'est vrai que ça va très vite. Souvent, comme c'est dissimulé dans de l'alcool, on peut avoir une sorte de flou. On se dit que c'est peut-être l'alcool qui fait que l'on ressent des symptômes désagréables.

Mais surtout, soyez accompagnés, regardez ce qu'on met dans votre verre ; même si vous êtes plutôt dans un climat de confiance, soyez toujours en vigilance, ça, c'est important.

Et dans un deuxième temps, écoutez aussi les victimes. Il y a des victimes qui s'ignorent parce qu'elles ont très souvent des amnésies. C'est pour cela que je dis que c'est vraiment le crime parfait, parce qu'on n'a quasiment pas de souvenir, on est difficilement en capacité d'exprimer les choses.

Si vous n'avez pas à côté de vous quelqu'un qui connaît le phénomène et qui vous croit, ça remet de la culpabilité à la victime. Il y a énormément de choses à faire sur la prévention, la sensibilisation et puis aussi l'accessibilité pour que la personne puisse le prouver.

Aurore Berger, la ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, vous a assuré de son soutien à l'Assemblée. Qu'attendez-vous du gouvernement, la création d'une mission parlementaire sur ce sujet de la soumission chimique, des décisions concrètes ?

La ministre vient juste d'être nommée. Je trouve qu'elle a répondu de manière remarquable parce qu'elle a très bien expliqué quelle est la situation des femmes dans notre pays. Effectivement, le gouvernement, depuis plusieurs années, a commencé à mettre des choses en place. Il y a encore beaucoup de choses à régler, parce que souvent les victimes ont la perception qu'elles ont presque moins de droits que les coupables, en tout cas que les auteurs.

Évidemment, on va faire les choses ensemble. Je suis à la manœuvre. Je pense qu'Aurore Berger est mobilisée comme moi, mais nouvellement mobilisée. C'est aussi à moi, aujourd'hui, de lui donner des informations sur ce que j'ai fait depuis deux mois pendant ma convalescence, tous les travaux, tout le réseau que j'ai tissé, les axes de travail et de progrès à mener rapidement parce qu'il y a quand même des urgences.

D'ailleurs, la semaine prochaine, lors de la journée du sexisme, le 25 janvier, il y aura des annonces. Je pense que le sexisme est la sentinelle des violences faites aux femmes.

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