Ce jeudi 23 mars, jour de mobilisation sociale, se tenait la session du conseil régional des Pays de la Loire. La grogne s'est discrètement installée dans l'hémicycle régional.
La colère sociale de ce jour de manifestation a gagné ce jeudi matin l’hémicycle du Conseil régional des Pays de la Loire.
"L’électricité a été interrompue par une coupure volontaire de courant, lâche dans un tweet rageur Christelle Morançais. Un acte lâche et honteux. Une nouvelle démonstration du mépris qui s’exprime contre la démocratie… Il ne faut rien céder, ne rien lâcher face à ces intimidations lamentables ! La démocratie est plus forte !"
La coupure a eu lieu au moment où François de Rugy, ex-député macroniste et représentant du parti présidentiel dans l’hémicycle, prenait la parole. La session n’a pas été interrompue, un groupe électrogène a immédiatement pris le relais.
Christelle Morançais a déposé dans l'après-midi une plainte contre X auprès du procureur de la République.
"Il est hors de question de laisser se banaliser ces actes délictueux, qui se multiplient actuellement dans notre pays, et qui ne visent rien d’autre qu’à installer un climat d’insurrection. Il ne faut rien céder face à ces tentatives d’intimidation lamentables", déclare la présidente de région.
"La politique s'effondre sous nos yeux"
Cette coupure à distance a en tout cas fait écho aux propos de Christelle Morançais en ouverture de séance. Comme à chaque fois, ce discours introductif est plus qu’une annonce de l’ordre du jour. C’est une tribune très politique pour la Présidente de région. Et dans le contexte actuel, le ton a très vite été donné.
"Ce qui m’effraie, ce qui m’attriste profondément, c’est que c’est la politique qui s’effondre sous nos yeux : c’est un pouvoir exécutif extrêmement fragilisé, ce sont des partis de gouvernement à l’agonie, c’est le sens de la nuance, de la complexité qui est balayé […] Les radicaux, les extrémistes de gauche, qui livrent actuellement nos centres-villes à la désolation et à la destruction, pensent qu’ils sont les seuls à détenir la légitimité populaire."
Et Christelle Morançais, qui a quitté Les Républicains l’an dernier, et qui s’est dit favorable à un accord de gouvernement avec Emmanuel Macron, est une fois de plus allée dans le sens du Chef de l’Etat.
Cette réforme des retraites, chacun est libre d’être pour ou d’être contre, mais disons-le clairement : elle a été adoptée, et elle l’a été suivant des procédures démocratiques, régulières, légales – et donc lé-gi-ti-mes
Christelle MorançaisPrésidente de la région pays de la Loire
Pas question donc pour elle d’accéder à la demande de l’opposition régionale de gauche de suspendre la session le temps de la manifestation nantaise, pour permettre aux élus de rejoindre le défilé. Ce sont donc les slogans de manifestation qui sont venus jusqu’à l’hémicycle.
Comme des airs d’Assemblée Nationale
Sur leurs pupitres, plusieurs élus de Gauche, dont les insoumis, affichent le panneau "64 ans, c’est Non".
Mais Christelle Morançais l’a déjà dit et souvent répété : "la Région n’est pas le Palais Bourbon". Ici, pas de chahut, ni de cri de l’opposition. Et même en plein bouillonnement social, ce mantra semble fonctionner.
Car même quand il y a des critiques sur les choix politiques, c’est sans esclandre, et sans réel débat.
Pas de vague dans l’hémicycle donc…Jusqu’à une phrase qu’aurait lâchée Laurent Dejoie (6ème vice-président du conseil régional) ce jeudi après-midi : "on n’est pas des animaux de cirque", lors d’une prise de parole des élus de gauche.
Insoumis, socialistes et écologistes ont quitté l'hémicycle
Des excuses publiques sont demandées par les insoumis, socialistes et écologistes. Face à la fin de non-recevoir de Christelle Morançais, ils quittent l’hémicycle.
Mais dans le calme et pour à peine 10 minutes. Avant que Laurent Dejoie finisse par s’excuser. Fin de l’épisode, les débats se poursuivent comme si de rien n’était, confirmant ce que l’on avait énoncé plus haut : la Région n’est décidément pas le Palais Bourbon !
Et pourtant, les clivages nationaux se retrouvent ici à l’identique. Les critiques se sont par exemple multipliées sur un des évènements phares initiés par la région cet hiver : le Big Bang de l’emploi.
Ce grand salon itinérant dans les 5 grandes villes des Pays de la Loire, avec sa grande roue, terminera son tour régional à Nantes les 31 mars et 1er avril.
"Un outil innovant, avec des expériences ludiques, concrètes pour les jeunes, affirme l’élue de la majorité Anne-Sophie Fagot. Et avec une démarche partenariale qui a fédéré les acteurs locaux, peu importe leurs sensibilités politiques".
"Sympa cet évènement, a ironisé Sabine Lalande, A mi-chemin entre le salon de l’étudiant, le Futuroscope et la fête foraine".
"5 600 personnes privées d'une formation en 2023"
Pour le socialiste Guillaume Garot, "le Big Bang de l’emploi coûte 2,2 millions d’euros. Mais le budget de la formation professionnelle diminue de près de 15 millions d'€. Ce qui privera 5 600 personnes d'une formation en 2023".
Ce Big Bang de l’emploi est surtout pour lui symptomatique des choix de Christelle Morançais.
Le seul projet politique de la Présidente pour la Région, c’est elle-même
Guillaume GarotConseiller régional des Pays de la Loire
Propos réfutés par la concernée… Mais qui assume d’incarner, en personne, les choix et priorités politiques de la Région qu’elle dirige.
Et cela vaut aussi pour la course cycliste, le "Région Pays de la Loire Tour" annoncé seulement à l’automne et qu’elle porte comme "un temps de rassemblement et d’unité que seul le sport, et à plus forte raison le vélo, est capable d’offrir". La 1ère édition aura lieu du 4 au 7 avril.