Loïc Bureau, père de Loup Bureau détenu en Turquie : "Je n’ai pas reconnu la voix de mon fils"

Ses amis, sa famille le décrivent comme un jeune homme enjoué, blagueur, à l’humour caustique. Et pourtant, quand Loïc Bureau a eu son fils au téléphone vendredi 11 août dernier, il n’a pas reconnu sa voix.

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C’est sa petite sœur qui a décroché le téléphone, mais elle n’identifiait pas qui était au bout du fil. Son père a alors compris que ce devait être son fils mais quand il l’a entendu, il a été surpris. Sa voix était faible et ce n’était pas le Loup qu’il connaissait.

Ce jeune reporter de 27 ans, étudiant à l’Institut des Hautes Etudes des Communications Sociales (IHECS) de Bruxelles, diplômé de l'IUT de Lannion (22) et titulaire du BTS audiovisuel de  Montaigu (85), est emprisonné en Turquie depuis le 26 juillet dernier.
Il a été arrêté par les autorités militaires dans la région de Silopi, en province de Sirnak, frontalière de l’Irak et de la Syrie et il est incarcéré dans une prison de cette même ville de Sirnak.

Le journaliste Loup Bureau, collection personnelle Loïc Bureau © DR
Il est accusé de "participation à un groupe terroriste", pour avoir réalisé un reportage télévisé en 2013 dans le Kurdistan syrien sur une unité de protection du peuple kurde (YPG), combattant contre l’Etat Islamique. Ce mouvement est considéré comme une organisation "terroriste" par Ankara, faisant du jeune homme habitué à partir seul sur des terrains de guerre un complice présumé aux yeux des Turcs.

Aucun contact avec l'extérieur

Vendredi dernier, Loup a pu recevoir une première visite consulaire  et a pu appeler son  père et lui raconter ses conditions de détention.
Il est seul dans une cellule minuscule. Pas un livre, pas un papier, pas un crayon. Il n’a pas reçu les colis que sa famille lui a fait parvenir et il n’a aucun contact avec l’extérieur. Il n’ose pas parler aux autres prisonniers. Il parle pourtant arabe, langue qu’il a apprise à l’université du Caire, car il craint que cette compétence soit interprétée par les autorités turques comme une preuve supplémentaire de sa "pseudo culpabilité".

Car Loup Bureau a juste exercé son métier de journaliste.

Rien ne justifie son traitement actuel et rien ne justifie qu’il soit poursuivi pour participation à un groupe terroriste.

"Cette situation est complètement ubuesque !" explique son père Loïc, professeur d’histoire géographie, "j’ai le sentiment que les autorités turques nous baladent."

Il faut dire que les dirigeants turques abhorrent les journalistes étrangers trop curieux. Depuis l’instauration de l’Etat d’urgence après la tentative de putsch du 20 juillet 2016 contre le président Recep Tayyip Erdogan, discours et critiques à l’encontre du travail de l’exécutif tombent sous le coup de la lutte contre le terrorisme.

La constitution turque n’entre pas en détails sur ce sujet mais son article 15 stipule que dans plusieurs circonstances, dont l’état d’urgence, "l’exercice de droits fondamentaux et de libertés, peut être partiellement ou entièrement suspendu", "tant que les obligations en terme de loi internationale ne sont pas violées".

Loïc Bureau attend maintenant beaucoup de l’entretien qu’Emmanuel Macron doit avoir avec le président turc. Mais pour l’instant il ne sait ni où ni quand cette discussion sur le sort de son fils aura lieu. 

Ce mercredi, plusieurs grands médias nationaux doivent publier une tribune pour réclamer la libération du journaliste nantais de 27 ans. De nombreux intellectuels ont déjà cosigné un appel et les proches de Loup Bureau ont mis en place une pétition en ligne sur le site change.org. Plus de 5000 personnes ont également rejoint le groupe Facebook "Free Loup Turkey-Comité de soutien à Loup Bureau".

Loïc Bureau sera l’invité du journal de France 3 Pays de la Loire ce mercredi 16 août à 19h.
Environ 150 journalistes prisonniers en turquie
La plate-forme P 24 pour un journalisme indépendant en Turquie évoque le chiffre de 167.
L'Association turque des journalistes parle de 159.
Le site d'information Bianet recense quant à lui 136 cas.
Pierre Haski, le président de Reporters Sans Frontières qui a forgé l'expression de «plus grande prison pour journalistes» pour qualifier la Turquie, estime que ce nombre a décuplé depuis la tentative de coup d'État. Parmi eux, des journalistes étrangers.
Selon leur propre bilan, en 2016,  348 journalistes et blogueurs étaient emprisonnés dans le monde, dont un peu moins de la moitié en Turquie.
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