À 20 ans seulement et à un poste d'arrière droite qui n'est pas le sien, Léna Grandveau a été l'une des guides de l'équipe de France féminine de hand vers son troisième titre mondial, dimanche contre la Norvège à Herning au Danemark.
Quand les Norvégiennes sont revenues souffler dans la nuque des Bleues à onze minutes de la fin (26-25), que la balle collante s'est faite un peu plus lourde, c'est cette jeune joueuse, avec une seule compétition internationale pour bagage,qui a donné le coup de collier nécessaire.
"C'est irréel, c'est irréel. Il y a des trucs comme ça qui se passent. Il y a 20 ans (lors du premier titre mondial) on avait remonté sept buts en sept minutes, là, elle fait basculer le match dans les 10 dernières minutes" a déclaré, admiratif, le sélectionneur Olivier Krumbholz à la presse.
C'est juste incroyable.
Léna GrandveauChampionne du monde de handball
La Nantaise a ainsi inscrit les quatre derniers buts des Bleues, dans son style caractéristique, explosif pour s'engouffrer dans les intervalles tête baissée et à toute vitesse. "Je mets la tête où pas grand-monde ne mettrait le pied. C'est vraiment mon dada, depuis plusieurs années, de mettre la tête dans les intervalles, jouer des un contre un", expliquait-elle à l'AFP.
"Mettre la tête dedans"
Elle est revenue après la finale sur cette insouciance qui la caractérise. "Il ne fallait juste pas avoir peur et mettre la tête dedans. J'ai toujours su le faire, c'était le bon moment. Il n'y avait pas à se poser de questions" a-t-elle raconté, "dans les nuages" mais sans oublier de remercier ses équipières.
"Tout ce qu'on met en place en défense, sur les montées de balle, c'est l'équipe, tout le travail d'avant, c'est l'équipe. Et aujourd'hui, j'avais les solutions devant moi" a souligné, Léna Grandveau, qui pense ne jamais "oublier cette compétition et ce match."
J'ai eu la chance de jouer. Ils m'ont donné de la confiance
Léna GrandveauChampionne du monde de handball
Entrée au pied levé à la place de Laura Flippes, qui a reçu un coup au nez en première période, Grandveau a brillé à un poste inhabituel d'arrière droite, elle qui a été formée comme demi centre et est droitière.
"Quand j'ai su que Laura ne pouvait pas reprendre, on aurait vu ma tête... J'étais blanche comme un cachet. Mais voilà... Je suis trop heureuse" a-t-elle raconté. Elle compense un manque d'angle au tir et son gabarit modeste pour une arrière (1,71 m) par ses qualités d'explosivité, déjà aperçues en début de compétition, surtout quand Flippes a été absente, blessée (deux matches).
"Elle a toutes les qualités de la droitière à droite, avec cette prise d'intervalle extérieure, où elle se baisse beaucoup sur les appuis et est très difficile à gérer", analysait pendant la compétition Krumbholz.
"Un rêve qui se réalise"
Grandveau n'a "pas bluffé" sa coéquipière à Nantes et en bleu Tamara Horacek "car je sais de quoi elle est capable, il fallait juste qu'elle le montre". "Elle a eu son moment. Elle a eu sa chance et l'a saisie. Elle bosse pour ça. Je suis fière d'elle, je sais qu'elle va continuer à bosser" a ajouté la demi centre.
Krumbholz apprécie aussi la façon dont Grandveau s'est fondue dans le groupe depuis un peu plus d'un an, "discrètement", après avoir été appelée pour la première fois juste avant l'Euro-2022. Lors de cette compétition, elle n'a cependant joué qu'un match, le dernier du tour principal contre l'Espagne (36-23), sans enjeu.
Un an plus tard, la voilà en pleine lumière, l'avenir devant elle, les JO de Paris en ligne de mire. "Je veux juste kiffer et ne pas penser à l'après. On va bien se reposer. Après, on y pensera" a-t-elle répondu, interrogée sur l'échéance olympique.
L'équipe de France féminine de handball et son entraîneur Olivier Krumbholz sont inivtés ce lundi soir à l'Elysée, au lendemain de leur sacre.