Si Stereolux a retrouvé du son, ce n'est pas encore pour un concert mais pour une résidence. Quatre jours durant, le groupe nantais DBStraße a peaufiné le spectacle qui accompagne son nouvel EP Amours fauves sorti début mars. Rencontre...
Nous les avions interviewés en 2017 à l'occasion de la sortie de leur premier EP, Initial, nous les retrouvons aujourd'hui pour le deuxième, Amours fauves, sorti quelques jours avant le confinement.
Nous les retrouvons aussi sur une scène, oui, la micro de Stereolux à Nantes où ils ont élu domicile durant quatre jours. Une résidence, une des toutes premières résidences proposées par Stereolux depuis plusieurs mois, peut-être un début de commencement de retour vers la normale pour cet espace de création et de diffusion dédié aux musiques actuelles et une belle opportunité pour le groupe. DBStraße a pu travailler sur le prochain spectacle qui accompagnera la tournée d'Amours fauves dès la rentrée, un spectacle qui fait appel à la musique mais aussi au texte et à la vidéo.
Pensé et créé à Berlin, DBStraße est un projet d'élecro-pop intimiste emmené à l'origine par Doris Abéla et Benjamin Durand, rejoints depuis par la violoncelliste Suzanne Fischer, le guitariste Julien Vinçonneau et la vidéaste Annabelle Durand. En attendant de les retrouver en concert, Benjamin évoque avec nous cette résidence, le nouveau spectacle, l'EP, Berlin, Nantes... et l'avenir du groupe.
Vous étiez ces jours-ci en résidence à Stereolux. Le premier groupe à faire revivre la salle après 80 jours de silence. Quel effet ça vous a fait de vous retrouver là dans ce temple des musiques actuelles sur Nantes ? Et comment ça s'est passé ?
Benjamin. On a eu beaucoup de chance, oui. À la base, nous devions être dans "l'ancien" temple, La Fabrique Chantenay (ancien Olympic) fin mars pour notre création. Ne pouvant rouvrir leurs équipements, la Ville de Nantes, qui nous soutient, nous a alors proposé une collaboration avec Stereolux et d'investir les lieux début juin. Je pense que toute l'équipe était très heureuse de pouvoir se retrouver ici après ces longues semaines d'incertitudes...
Côté scène ou côté fosse, les concerts vous manquent un peu beaucoup à la folie ? Quel est le dernier que vous ayez vu ?
Benjamin. Ce qui a été difficile côté scène, c'est les annulations et l'incertitude de la reprise. La période de confinement a été très étrange pour moi. Nous voilà début juin et j'ai l'impression que nous sommes en mars... comme s'il y avait eu une pause. Le dernier concert...Lonepsi et Fils Cara à La Barakason.
Vous étiez en résidence pour préparer votre prochain spectacle, car plus que des concerts, vous proposez des spectacles. Qu'est-ce qu'on pourra voir et entendre dans celui-ci ?
Benjamin. Cette résidence est l'occasion d'écrire le spectacle et de travailler la mise en scène. Le spectacle suit une trame narrative: une rencontre amoureuse à Berlin. La musique, le texte, la vidéo sont autant de médias qui font avancer l'histoire. On navigue entre concert, ciné-concert... Il y a même un générique de fin !
Ce nouveau spectacle accompagne votre nouvel EP sorti début mars. Amours fauves est son nom. C'est quoi les amours fauves ? Des amours impossibles ?
Benjamin. On aimait bien l'aspect sauvage pour évoquer les vicissitudes amoureuses... le danger, la passion, la chaleur !
Tout au long de ces 5 titres et 2 interludes, on y parle d'amour bien sûr, notamment d'amour pour une ville, Berlin où vous étiez installés un temps. On a l'impression que vous avez du mal à l'oublier…
Benjamin. Et oui, on garde un très bon souvenir de Berlin, on y retourne souvent. Après, étant donné que les deux EPs rassemblent la trame narrative, l'histoire dans son entier, il est normal qu'on évoque toujours cette ville. Ensuite, certains textes de ce nouvel EP ont été écrits à cette époque. Mais à présent, l'histoire est close, on pourra aller voir ailleurs pour la prochaine création...
Il y a aujourd'hui une autre ville dans votre coeur, à laquelle vous consacrez une chanson, même si on y parle encore beaucoup de Berlin, c'est Nantes...
Benjamin. Oui, le spectacle commence par un road trip pour arriver à Berlin et se termine par Nantes, comme un épilogue... J'aime l'idée qu'il y ait des éléments autobiographiques dans les chansons. Le retour à Nantes en est un.
Vous chantez dans cette chanson : "nous voilà bretons". C'est un joke, une provocation ?
Benjamin. Héhé, les deux peut-être ! En fait, pour les Allemands, situer Nantes est plus difficile que situer la Bretagne... Lorsqu'on vivait à Berlin, on était donc, de fait, des Bretons. J'aimais bien cette idée. Après, si la chanson peut faire le buzz, je veux bien qu'elle contribue au débat sur Nantes, capitale de la Bretagne !
Vous aimez danser, vous aimez les films de Godard, vous aimez Nantes et Berlin, les amours impossibles on l'a dit... et musicalement vous aimez qui et quoi ?
Benjamin. Beaucoup de choses assez différentes. Le dernier disque acheté Ausgang avec Casey et puis une réédition de Pierre et le Loup lu par Gérard Philippe !
En 2017 lorsque je vous avais interviewé pour la première fois, DBStraße était un duo. Aujourd'hui, vous êtes quatre dans le groupe. Au niveau de la musique et des textes, ça change quoi ? ça change tout ?
Benjamin. Ces dernières années, nous avons tourné à 4, avec Suzanne Fischer au violoncelle et Julien Vinçonneau à la guitare électrique. On cherchait à contrebalancer la froideur des machines par la chaleur des cordes. On a donc réarrangé tous nos morceaux. Aujourd'hui, on a un vrai son de groupe et c'est ce qui s'entend sur le nouvel EP.
Un EP, une résidence... et maintenant ? C'est quoi le futur proche de DBStraße ?
Benjamin. La crise actuelle nous oblige à repousser le lancement de notre nouvelle création. À l'automne, si tout se passe bien, sortira un clip puis une date à Nantes avant de repartir dès 2021 sur les routes, on l'espère.
Merci Benjamin. Merci DBStraße. Capsules vidéo : Naomi Arbert
Propos recueillis par Eric Guillaud le 8 juin 2020. Plus d'infos sur DBStraße ici